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L’éminent dissident Thich Quang Do demande au Vietnam de mettre immédiatement fin à sa détention arbitraire et à celle du Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang

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Le Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) a obtenu la copie d’une lettre envoyée par le plus important des dissidents du Vietnam, le Vénérable Thich Quang Do (76 ans), aux dirigeants communistes du Vietnam, leur demandant de lever l’ordre de « détention administrative » arbitraire à son encontre et à l’encontre du Patriarche de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, interdite arbitrairement depuis 1981), le très Vénérable Thich Huyen Quang, qui remonte au 9 octobre 2003, et de restaurer leurs pleines libertés politiques et droits de citoyens.

La lettre adressée au Secrétaire général du Parti Communiste du Vietnam (PCV) Nong Duc Manh, au Président Tran Duc Luong, au Premier Ministre Phan Van Khai et au Président de l’Assemblée National Nguyen Van An, a été envoyée le lundi 25 octobre 2004, par lettre recommandée par un membre de l’EBUV, dans la mesure où il est interdit à Thich Quang Do de quitter sa résidence, le Monastère Zen Thanh Minh à Ho Chi Minh Ville. Il y a été détenu incommunicado depuis qu’il a été condamné « oralement » par le Comité populaire de Ho Chi Minh Ville, le 9 octobre 2004. Thich Quang Do avait été arrêté après sa participation à la toute première assemblée libre de l’EBUV depuis 1975 dans le Monastère Nguyen Thieu, dans la province de Binh Dinh, le 1er octobre 2004. Cette assemblée s’était tenue afin d’élire la nouvelle équipe dirigeante et semblait possible après la promesse de dialogue et de plus grande tolérance religieuse faite par le Premier Ministre Phan Van Khai lors de sa rencontre historique avec le Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang au mois d’avril 2003.

Dans sa première déclaration publique après 12 mois d’incarcération incommunicado, en résidence surveillée, Thich Quang Do décrit les conditions arbitraires de sa détention et celle du Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang : « Depuis la répression gouvernementale contre l’EBUV [qui a débuté] le 8 octobre 2003, à Luong Son, près de la ville de Nhatrang, le Patriarche de l’EBUV et moi-même avons passé 378 jours en détention administrative… J’ai été détenu en total isolement dans le Monastère Zen Thanh Minh sur un « ordre oral » de la Sécurité de Ho Chi Minh Ville et le Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang a été pareillement détenu dans le Monastère Nguyen Thieu, dans la province de Binh Dinh, sur une condamnation « orale » à la détention administrative par la Sécurité locale. Je n’ai jamais entendu parler, dans le monde civilisé, d’un pays où les citoyens sont emprisonnés sur un simple « ordre oral » comme ils le font au Vietnam ! Il va sans dire que ni Thich Huyen Quang ni moi-même n’avons été informés des raisons de notre détention. On ne m’a jamais dit quels crimes j’avais commis et nous n’avons jamais été formellement condamnés ou reconnus coupable d’un quelconque crime. Durant les quatre dernières années, mon téléphone a été coupé, la police secrète a étroitement surveillée ma pagode et toutes les visites ont été strictement interdites ».

Le Vénérable Thich Quang Do déclare qu’il est détenu en violation flagrante de la loi vietnamienne : « J’ai été arrêté et détenu sans aucune justification ni même procédure légale, en violation du Code de Procédures pénales dont l’article 10 dispose que « nul ne sera tenu pour coupable tant qu’un jugement d’un tribunal n’ait acquis force de loi ». En outre, j’ai été détenu au delà de la limite légale prévue à l’article 71 du Code de Procédures pénales qui prévoit qu’une détention préventive pour enquête ne peut excéder 6 mois pour les crimes les moins graves, et 12 mois pour les crimes graves, après quoi le prévenu doit soit être jugé soit être immédiatement libéré ».

Bien qu’il n’ait jamais été officiellement informé des crimes qui lui sont reprochés, Thich Quang Do a dit avoir entendu que le « porte-parole du Ministère des Affaires étrangères Le Dung a déclaré à la presse internationale, le 10 octobre 2003, que le Patriarche de l’EBUV et moi-même avions été placés sous enquête pour « possession de secrets d’Etat ». Dans sa lettre aux autorités, le numéro 2 de l’EBUV a vigoureusement rejeté ces allégations. « Si l’Etat nous a effectivement incarcérés pour possession de secrets d’Etat, pourquoi n’a-t-il pas précisé de quels « documents secrets » il s’agissait pour informer la presse nationale et internationale ? Ces événements ne se sont pas passés hier, ils ont eu lieu il y a plus d’un an… Pourtant les autorités ont gardé le silence tout ce temps et nous ont maintenus sous enquête depuis plus d’un an »

Thich Quang Do souligne que « il n’y a pas dans le Code pénal d’article qui punisse le simple fait de « posséder des secrets d’Etat ». Par conséquent, quelle est la justification légale pour nous incarcérer pendant plus d’un an, Thich Huyen Quang et moi ? »… « Je ne peux que présumer que ces accusations sont le prélude à des allégations bien plus sérieuses : comme « l’espionnage » peut-être, pour lequel l’article 80 du Code pénal vietnamien prévoir 20 ans d’emprisonnement, la prison à vie ou même la peine de mort ? Ou comme « dévoiler délibérément des secrets d’Etat » prévu à l’article 263 du Code pénal qui est punis jusqu’à 15 ans d’emprisonnement ? » De telles accusations injustes et arbitraires, dit Thich Quang Do, ne sont pas seulement son lot routinier et celui des autres dignitaires de l’EBUV, mais « elles sont significatives du climat actuel de violation généralisée des lois dans le Vietnam d’aujourd’hui qui est délibérément perpétué pour terroriser les honnêtes citoyens ».

« Le point que nous soulevons ici est extrêmement sérieux », écrit-il aux dirigeants communistes, « vous qui êtes responsables de la gestion des affaires de l’Etat, vous n’avez aucune excuse de vous détourner d’une situation si grave ».

« Je ne demande pas la clémence », souligne-t-il, « ni n’appelle à une amnistie spéciale ou au pardon. Je demande simplement à ce que la justice soit respectée dans notre pays, que l’Etat de droit soit garanti et que tous les citoyens jouissent de la protection de la loi quelques soient leurs opinions politiques ou religieuses. Je demande que l’Etat respecte le droit de tous les Vietnamiens de jouir des libertés garanties dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel a adhéré le Vietnam le 24 septembre 1982. Je demande que les autorités nous disent ouvertement et clairement : Quels secrets d’Etat Thich Huyen Quang et moi-même sommes-nous accusés de posséder ? Qui a écrit ces documents ? Qui les a publiés et dans quels buts ? Thich Huyen Quang m’a dit que tout ce que la police a trouvé chez lui lors des fouilles à Luong Son était une poignée de dongs. Allez-vous nous dire que les dongs imprimés par l’Etat sont classifiés comme « secrets d’Etat » ?

« Si l’Etat considère que nous sommes coupables d’un crime, nous demandons le droit d’être jugés par un tribunal et de pouvoir être entendus de façon équitable et impartiale et d’avoir accès à un avocat de notre choix, ainsi que le garantit la Constitution et le Code de Procédures pénales de la République Socialiste du Vietnam ».

En conclusion, Thich Quang Do rappelle aux dirigeants vietnamiens : « L’an dernier, la presse officielle annonçait que le régime s’était engagé dans la « Stratégie de Développement du Système Légal » (SDSL) — un important programme de 7 ans pour réformer le système légal du Vietnam, courant de septembre 2003 à 2010, et qui a reçu un énorme soutien de la communauté internationale. Si j’ai bien compris, le Parti Communiste et l’Etat ont reçu 5 millions de dollars US de la Banque Mondiale, du PNUD, de la Banque Asiatique de Développement, de la Suède, du Danemark, du Japon, du Canada, de la France et de l’Australie pour financer une première période de 4 ans du SDSL ».

« Dans la mesure où l’Etat ressent un urgent besoin de réforme législative et dispose d’un soutien financier substantiel pour cela, je suis convaincu qu’il pourra résoudre rapidement un petit problème juridique comme la fausse accusation de « possession de secrets d’Etat » et la détention arbitraire de plus d’un an à l’encontre du Patriarche Thich Huyen Quang et de moi-même. La capacité de l’Etat à trouver une solution à notre situation sera un signe de son nouvel engagement à garantir la justice et l’Etat de droit en République Socialiste du Vietnam ».

M. Vo Van Ai, porte-parole international de l’EBUV interdite et Directeur du BIIB à Paris, a salué la lettre de protestation de Thich Quang Do, mais a exprimé son inquiétude quant à la sécurité du plus important dissident religieux du Vietnam. « Thich Quang Do est toujours sous la surveillance très étroite de la police dans son Monastère Zen Thanh Minh et envoyer une telle lettre aux autorités l’expose à de grands risques », a-t-il fait savoir. « Récemment la communauté internationale a exprimé sa profonde préoccupation concernant la répression des droits politiques et religieux : Le Département d’Etat américain a placé le Vietnam sur la liste des « pays particulièrement préoccupants » du fait des violations extrêmes de la liberté religieuse et un appel de 109 députés européens pour la libération des dignitaires de l’EBUV a été lancé à l’occasion du récent Sommet de l’ASEM 5 à Hanoi. Le Vietnam devrait être conscient de la préoccupation internationale et prendre des mesures concrètes pour améliorer la situation des droits de l’Homme, en commençant par libérer immédiatement et inconditionnellement le Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang et son second, Thich Quang Do ».

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