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Pour le leader bouddhiste Thich Quang Do, seule la démocratie peut protéger la souveraineté vietnamienne des empiètements chinois

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PARIS, 31 octobre 2011 (BIIB) – Le Bureau International d’Information Bouddhiste, à Paris, a reçu une Lettre Ouverte du Très Vénérable Thich Quang Do, dissident et leader de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, arbitrairement interdite en 1981), au Secrétaire général du Parti Communiste Vietnamien Nguyen Phu Trong. Cette lettre dénonce le manque de transparence dans le règlement des litiges territoriaux sino-vietnamiens lors de la visite de Nguyen Phu Trong en Chine du 11 au 15 octobre 2011. Pour le dignitaire de l’EBUV de 83 ans, la seule véritable solution repose sur un processus démocratique dans lequel toute la population prendra part. La lettre a été envoyée en recommandée le 21 octobre 2011 depuis le Monastère Zen Thanh Minh à Saigon, où il est actuellement de facto assigné à résidence.

Thich Quang Do s’adressant aux paysans manifestant à Saigon contre les abus de pouvoir et l’appropriation de leurs terres par l’Etat (17 juillet 2007)  
Thich Quang Do s’adressant aux paysans manifestant à Saigon contre les abus de pouvoir et l’appropriation de leurs terres par l’Etat (17 juillet 2007)
 

Thich Quang Do a expliqué qu’il s’était adressé au Secrétaire général du PCV plutôt qu’au Président ou au Premier ministre pour gagner du temps : « Le Vietnam n’est pas un pays démocratique. Le Parti Communiste tient les rênes du pouvoir et préempte régulièrement l’autorité du gouvernement ». Il appelle Nguyen Phu Trong à clarifier sa déclaration conjointe avec le Secrétaire général du Parti Communiste Chinois et Président Hu Jintao, sur les « Principes de base guidant le règlement des questions maritimes » lors de sa visite en Chine. Thich Quang Do considère cet accord comme une régression par rapport à la « Déclaration sur la Conduite des Parties prenantes de la Mer de l’Est » (DOC) signée entre la Chine et l’ASEAN en 2002 et visant à établir un « Code de Conduite » (COC) pour les Etats concernés.

« Toute la population vietnamienne attend d’entendre les propositions que vous avez faites à Beijing pour empêcher les empiètements de la Chine sur nos mers et nos îles, comme le tracé de la ligne en 9 traits, ou « ligne en U », l’invasion des îles Paracel et Spratley, l’attaque des navires vietnamiens Binh Minh et Viking qui effectuaient des sondages sismiques dans nos eaux territoriales, l’arrestation et le meurtre de pêcheurs vietnamiens en Mer de l’Est. Tout cela constitue des sujets brûlants qui ont poussé des milliers de jeunes gens, d’étudiants, d’intellectuels et de personnalités à manifester à Hanoi et à Saigon durant les trois derniers mois ». A la suite d’une brutale répression policière en août 2011, « ces manifestations débordantes, avec leurs bannières et leurs slogans, sont devenues des protestations silencieuses » écrit Thich Quang Do. Mais elles continuent, dit-il, « comme des manifestations muettes ».

« Mais vous ne proposez rien », écrit-il encore. La déclaration commune en 6 points se contente de souligner des principes généraux, continue-t-il, sans aborder la question pressante des litiges territoriaux et des continuelles incursions chinoises non seulement dans les territoires revendiqués par le Vietnam, mais aussi dans ceux des Philippines, de la Malaisie et des autres pays de la région. Thich Quang Do cite la réunion des pays de l’ASEAN à Bali, les 19-23 juillet 2001, pour établir les stratégies régionales et le consensus sur la question de la Mer de l’Est.

« Dans le passé, nos ancêtres ont été forcés de payer un tribut à leurs suzerains chinois. Mais c’était une politique diplomatique habile pour préserver la souveraineté de la Nation. De nos jours, depuis que le Parti Communiste Vietnamien est né sur les terres de Mao, nos dirigeants n’ont cessé de se prosterner devant Beijing et de suivre les ordres du PCC » sans égard pour les intérêts souverains du Vietnam.

Le PCV peut bien contrôler le pays et le gouvernement, déclare-t-il, mais il ne peut décider seul de notre souveraineté nationale. « La souveraineté nationale concerne l’ensemble de la population, indépendamment des croyances religieuses ou politiques. Depuis l’époque des Sœurs Trung, lorsque de nombreuses femmes générales et chef militaires bouddhistes combattaient déjà l’agression chinoise, et encore sous les dynasties des Dinh, Lê [antérieurs], Ly, Tran et Lê [postérieurs], nos ancêtres ont toujours lutté pour la sauvegarde de notre nation, parfois par la diplomatie, parfois par la force armée. Mais ils n’ont jamais eu recours à des « notes diplomatiques » ou à des accords honteux menant à brader les terres, les mers et les îles vietnamiennes à la Chine, comme nous le voyons sous la dynastie de Ho Chi Minh ».

Thich Quang Do cite deux exemples de la soumission du PCV à la Chine : La Conférence de 1954 à Liuzhou, où la délégation menée par Ho Chi Minh a accepté les conditions de la Chine, dictée par Zhou Enlai, sur la partition du Vietnam prévue par l’Accord de Genève ; et la Conférence de Chengdu, en septembre 1990, où une délégation vietnamienne de haut-niveau, menée par Pham Van Dong et Vo Nguyen Giap, a dû subir un traitement humiliant et exécuter les ordres de Li Peng, ayant échoué à défendre les intérêts du Vietnam.

Le leader de l’EBUV en appelle à Nguyen Phu Trong pour qu’il informe les Vietnamiens de la politique du PCV et donne des détails quant à l’accord avec la Chine sur les îles Spratley et Paracel, les frontières terrestres et maritimes, le sort des pêcheurs vietnamiens et la démarcation de la « Ligne en U » qu’il décrit comme « un balai que la Chine utilise pour amener la totalité de la Mer de l’Est, plus de 2 millions de kilomètres carrés, à l’intérieur de ses frontières ».

« Les Vietnamiens ont besoin de savoir pour qu’ils puissent déterminer leur propre avenir et trouver un moyen de protéger leur patrie. Face aux ambitions et aux politiques expansionnistes de la Chine, que compte faire le Parti Communiste Vietnamien ? »

En particulier, Thich Quang Do demande pourquoi le PCV n’a jamais tenté de porter le litige maritime devant les Nations Unies dans le cadre de la Convention sur le Droit de la Mer (UNCLOS) ; pourquoi le PCV ne pousse pas à une solution multilatérale de la question de la Mer de l’Est au lieu d’accepter un règlement bilatéral exigé par Beijing ; ou pourquoi le Vietnam ne s’allie pas avec les autres pays de l’ASEAN pour faire contrepoids à la Chine ?

Mais, à long terme, Thich Quang Do écrit au Secrétaire général du PCV qu’il n’y a qu’une solution pour juguler l’expansionnisme chinois : la démocratie au Vietnam.

« Le PCV et le gouvernement ne pourront éternellement respirer au travers des narines de la Chine. La seule voie est d’initier une transition pacifique vers la démocratie. Ainsi notre pays pourra respirer par les narines des presque 90 millions de Vietnamiens ».

« Mais d’abord et avant tout », presse-t-il Nguyen Phu Trong, « vous devez rendre public le contenu de votre accord avec Beijing afin que les Vietnamiens, y compris la communauté bouddhiste, puissent décider eux-mêmes des mesures à prendre ».

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