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10ème Session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève : Vo Van Ai dénonce les manquements du Vietnam à ses obligations internationales, la « catastrophe écologique » annoncée de la bauxite des Hauts-Plateaux du Centre et le plan secret anti-droits de l’Homme du Parti Communiste vietnamien

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GENEVE, 23 mars 2009 (COMITE VIETNAM) – Vo Van Ai, Président de Quê Me : Action pour la Démocratie au Vietnam et du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, a dénoncé devant le Conseil des Droits de l’Homme « les violations graves des droits de l’Homme et les manquements permanents du Vietnam à ses obligations » internationales. Rappelant que le Vietnam à accédé au Pacte international relatif aux droits civils et politiques en 1982, il a déclaré que « la politique de l’Etat vietnamien est décidée non par les institutions étatiques (gouvernement ou parlement) mais au sein du Parti Communiste du Vietnam » et que « ce Parti ne s’estime nullement tenu par les engagements internationaux du Vietnam ».

Vo Van Ai dénonce les manquements du Vietnam à ses obligations internationales, la « catastrophe écologique » annoncée de la bauxite des Hauts-Plateaux du Centre et le plan secret anti-droits de l’Homme du Parti Communiste vietnamien (10ème session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, 23 mars 2009)
Vo Van Ai dénonce les manquements du Vietnam à ses obligations internationales, la « catastrophe écologique » annoncée de la bauxite des Hauts-Plateaux du Centre et le plan secret anti-droits de l’Homme du Parti Communiste vietnamien (10ème session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, 23 mars 2009)

Dans sont intervention, Vo Van Ai a pointé les méthodes de répression de la population : en amont, les autorités vietnamiennes quadrillent la population grâce « au policier de secteur qui espionne chacun, au permis de résidence (« ho khau ») sans lequel on est hors-la-loi et au curriculum vitae qui fiche le passé et les opinions de chacun », et elles exercent des pressions intolérables sur les dissidents et leur proches (pas de travail, pas d’école pour leurs enfants, harcèlements, etc.) pour les décourager.

En aval, le régime vietnamien étouffe brutalement toute dissidence. M. Ai évoque ainsi le cas du Patriarche de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam Thich Quang Do en détention depuis plus de 26 ans, actuellement enfermé dans sa pagode à Saigon (Ho Chi Minh Ville), des avocats Nguyen Van Dai et Le Thi Cong Nhan condamnés à 4 et 3 ans de prison pour avoir organisé des cours sur les droits de l’Homme, ou du bloggeur Dieu Cay condamné à 30 mois d’emprisonnement pour ses articles sur les réformes démocratiques ; ou encore l’emprisonnement ou le retrait des cartes de presse des journalistes qui révèlent les affaires « gênantes ».

Face aux mouvements populaires, comme ceux des paysans manifestants contre les abus de pouvoir (« Victimes d’Injustice »), les grèves des ouvriers contre les mauvaises conditions de travail et les salaires trop bas (alors que le prix du riz a grimpé de 72% en un an) ou les protestations pacifiques d’étudiants et de citoyens contre les revendications territoriales chinoises sur les îles Spratley et Paracels, le gouvernement vietnamien envoie la police mater les manifestations pacifiques.

Vo Van Ai a évoqué à cet égard les cas des manifestants Pham Van Troi, Nguyen Xuan Nghia, Pham Thanh Nghien, Vu Hung, Nguyen Van Tuc, Ngo Quynh arrêtés en septembre 2008 et toujours en détention sans procès aujourd’hui.

Le Parti Communiste mate également les protestations et la dissidence grâce à l’adoption de « lois scélérates » qui réduisent, voire annihilent, les droits garantis par le PIDCP et la Constitution vietnamienne elle-même : Lois sur la « sécurité nationale », décret 38/2005 interdisant les manifestations, textes anti-grève (indemnisation des entreprises à hauteur de 3 mois de salaire par les grévistes…), ordonnance 44 de 2002 autorisant le placement en détention sans jugement ou l’envoi en hôpital psychiatrique des dissidents, lois sur la presse et l’internet (dont la récente circulaire 07/2008/TT-BTTTT restreignant l’usage des blogs)…

Vo Van Ai a également dénoncé le projet sino-vietnamien de 500 millions de dollars pour l’exploitation de la bauxite sur les Hauts-Plateaux du Centre du pays, qui risque de mener à une « catastrophe écologique » en détruisant « de vastes étendues de forêt et de terrains agricoles, produire des montagnes de boues toxiques » et nuire aux conditions de vie des minorités ethniques. Le gouvernement a déjà commencé les travaux, avec l’installation de milliers d’ouvriers chinois, en dépit des avertissements des experts, des protestations des riverains et de l’appel pour une étude d’impact préalable lancé par l’ancien général Vo Nguyen Giap.

Face à ces violations des droits de l’Homme, Vo Van Ai a appelé le Conseil des Droits de l’Homme à obtenir du gouvernement vietnamien « une invitation permanente pour des visites des Rapporteurs spéciaux sur les défenseurs des droits de l’Homme, sur la liberté d’expression et sur la liberté religieuse ».

– Lors d’un briefing en marge du Conseil des Droits de l’Homme, Vo Van Ai a révélé un document « top secret » détaillant la politique de peur et de répression pour garantir le maintien au pouvoir du Parti Communiste. Ce document a été écrit pour une réunion interne du Parti Communiste qui s’est tenue le 10 juillet 2008. « Ce texte démontre le caractère planifié et systématique de la répression. Toutes les exactions contre les libertés fondamentales de ces dernières années corroborent la politique cynique et inhumaine qui y est décrite » a déclaré Vo Van Ai.

Le Parti Communiste y préconise le maintien d’un « climat de peur permanente, même si c’est une peur vague et impalpable dans le subconscient du peuple » sans toutefois pousser les citoyens au désespoir car « une personne désespérée est un danger pour le régime ». Toutefois pour offrir au monde l’image d’un Vietnam exemplaire, le Parti recommande la création de « pseudo-mouvements d’opposition démocratiques », en évitant à tout prix « qu’ils ne se transforment jamais en véritables mouvements démocratiques ». A cette fin, le Parti doit « les isoler et restreindre leurs actions, s’assurer qu’ils aient de nombreux « leaders » mais aucun partisan ; qu’ils parlent beaucoup mais ne puissent agir… ». Le Parti Communiste doit en outre « jouer un rôle moteur dans le développement de la société civile » et donc « s’assurer que les membres du Parti noyautent toutes les organisations de la société civile ».

Quant aux jeunes qui voudraient tout de même s’opposer au régime, il est recommandé de « leur infliger des peines d’emprisonnement de 3 à 7 ans ». « C’est la meilleure façon d’étouffer le mouvement dans l’œuf. Lorsqu’ils sortiront de prison, ils seront arrivés à un âge où ils seront fatigués et désillusionnés » ou auront des charges familiales telles qu’ils ne pourront plus penser à la dissidence. Le document conclut que « si le Parti continue à suivre cette ligne de conduite, je crois que nous pourrons facilement rester au pouvoir pour 20 ans de plus ».

– En prévision de l’Examen Périodique Universel du Vietnam, au mois de mai 2009, le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme et la FIDH ont publié à l’intention du Conseil des Droits de l’Homme un rapport sur « La Situation des Droits de l’Homme en République Socialiste du Vietnam », disponible sur le site du Conseil des Droits de l’Homme ou sur notre site internet :


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