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Le Journal des droits de l’Homme du Vietnam ne doit pas être un outil de propagande du Parti Communiste, mais un véritable forum de débat pour la promotion des droits de l’Homme

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PARIS, 16 juillet 2010 (COMITE VIETNAM) – M. Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, affiliée de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH), a salué la publication du premier numéro du magazine mensuel du Vietnam consacré aux droits de l’Homme, mais a exprimé son inquiétude de ce que le rôle de ce journal soit celui d’un outil de propagande pour justifier les politiques du Parti Communiste et pour réfuter les critiques internationales, plutôt que celui de réelle tribune pour un débat sur la promotion des droits de l’Homme.

« Le gouvernement dit que ce magazine vise à diffuser les politiques du Parti Communiste et de l’Etat sur les droits de l’Homme et à aider à combattre les “allégations erronées et hostiles” », note Vo Van Ai. « Mais si le Vietnam voulait réellement convaincre ses citoyens et la communauté internationale, il devrait faire des progrès concrets en matière de droits de l’Homme, en commençant par appliquer les instruments de protection des droits de l’Homme de l’ONU les plus essentiels, comme le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) auxquels il a accédé il y a presque 30 ans, en 1982 ».

M. Ai, qui intervient régulièrement sur la question vietnamienne auprès du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, à Genève, a souligné que ceux qui critiquent les violations des droits de l’Homme ne sont pas des « forces hostiles » qui chercheraient à « interférer dans le développement du Vietnam ». « Le Vietnam devrait comprendre que les droits de l’Homme ne mineront pas le développement du Vietnam mais le renforceront. Nous croyons profondément que les Vietnamiens ont le droit de jouir des droits fondamentaux garantis dans les PIDCP et PIDESC ainsi que dans la Constitution Vietnamienne, et nous demandons simplement que le Vietnam respecte ses obligations internationales ».

Bien que le Vietnam ait ratifié plusieurs traités importants de protection des droits de l’Homme, M. Ai note qu’il faillit systématiquement lorsqu’il s’agit de se conformer aux mécanismes les plus élémentaires de l’ONU. Alors que les Etats doivent remettre tous les deux ans un rapport sur les traités qu’ils ont ratifiés, le rapport du Vietnam concernant le PIDESC est attendu depuis plus de 15 ans. Lors de son Examen Périodique Universel devant le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, en mai et septembre 2009, le Vietnam a rejeté plus de 40 recommandations faites par les Etats membres pour des réformes concrètes dans le domaine de la liberté d’expression, de religion et d’association. Le Vietnam a certes invité cette année, pour la première fois, deux experts de l’ONU (Mme Gay McDougall, Experte Indépendante sur les questions relatives aux minorités, et Mme Magdalena Sepulveda, Experte Indépendante sur la question des droits de l’Homme et l’extrême pauvreté), mais il rejette systématiquement les demandes de visite in situ faites par les Rapporteurs Spéciaux sur la liberté d’expression, la liberté de religion, sur les Défenseurs des droits de l’Homme, et par le Groupe de travail sur la détention arbitraire. En fait, le Vietnam n’a plus autorisé aucune visite d’experts de l’ONU depuis 1998, lorsque le Rapporteur Spécial sur l’intolérance religieuse avait fait part de ses nombreuses préoccupations sur les violations de la liberté religieuse à l’issue de sa visite au Vietnam. Le gouvernement vietnamien avait alors annoncé qu’il n’accepterait plus « aucun individu ou organisation venant enquêter sur la liberté religieuse ou les droits de l’Homme ».

En dépit des demandes répétées de plusieurs mécanismes de protection des droits de l’Homme de l’ONU de réformer sa législation, le Vietnam a adopté tout un arsenal de lois restrictives et de textes criminalisant l’exercice pacifique des libertés d’opinion, d’expression, de religion, d’assemblée et d’association, en violation flagrante du PIDCP. Plus grave, souligne M. Vo Van Ai, les articles du Code pénal concernant la notion vague et fourre-tout de « sécurité nationale » conditionnent l’exercice des droits de l’Homme au respect des « politiques et des intérêts de l’Etat ». Ces articles sont équivoques, punissant par exemple le fait de « miner la solidarité nationale, semer la division entre les croyants et non-croyants religieux » (article 87), la « propagande contre la République Socialiste du Vietnam » (article 88), l’« abus des libertés démocratiques pour nuire aux intérêts de l’Etat » (article 258), ou l’« espionnage » (article 80). Ces crimes, qui ne font pas de distinction entre les actes violents comme le terrorisme, et l’exercice non-violent de la liberté d’expression, sont punis de lourdes peines d’emprisonnement, y compris la détention perpétuelle. Sept de ces crimes sont passibles de la peine capitale. En janvier 2010, le militant pro-démocratie Tran Huynh Duy Thuc a été condamné à 16 ans d’emprisonnement pour « activités visant à renverser l’administration du Peuple » (article 79), en fait pour avoir exprimé pacifiquement des points de vue dissidents sur internet. Il figure parmi plus de 20 autres cyberdissidents et militants prodémocratie arrêtés et condamnés.

« La publication d’un magazine sur les droits de l’Homme n’aidera pas à changer la situation des droits de l’Homme au Vietnam », a tranché M. Vo Van Ai. « La communauté internationale et le peuple vietnamien n’ont pas besoin de mesures cosmétiques. En tant que président de l’ANASE et président de la Commission Intergouvernementale des Droits de l’Homme de l’ANASE, le seul mécanisme interétatique sur les droits de l’Homme en Asie, le Vietnam doit prendre des mesures concrètes pour faire avancer et protéger les libertés démocratiques et les droits de l’Homme ».

M. Ai, qui a été reçu, ce mois-ci, par la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, à Cracovie en Pologne, à l’occasion du 10ème anniversaire de la Communauté des Démocraties, lors d’une réunion privée avec les dissidents de 9 pays, a souligné l’importance de la protection de la société civile au Vietnam. Lors de cette réunion, il a appelé la Secrétaire d’Etat à faire pression sur le Vietnam pour qu’il abroge ses lois restrictives sur la liberté d’association afin que puisse émerger des ONG indépendantes, et pour qu’il autorise la publication d’un journal indépendant comme premier geste en faveur de la liberté d’expression. La Secrétaire d’Etat américaine se rendra au Vietnam à la fin de ce mois pour assister au Forum Régional de l’ANASE.

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