Bangkok, Paris, 2 janvier 2014 (FIDH & CVDDH) – Le matin du 1er janvier 2014, la Sécurité a arrêté le défenseur des droits de l’Homme et chef du Mouvement Bouddhiste de la Jeunesse (MBJ) Lê Công Câu à l’aéroport de Phu Bai près de Hue, alors qu’il avait déjà embarqué dans l’avion en partance pour Ho Chi Minh Ville. La FIDH et son affiliée, le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme (CVDDH) expriment leur grande préoccupation concernant cette arrestation et cette détention.
Lê Công Cau allait à Ho Chi Minh Ville afin de rendre visite au chef de l’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV) et célèbre dissident Thich Quang Do qui est détenu en résidence surveillée dans le Monastère Zen Thanh Minh. Lê Công Câu avait déjà effectué plusieurs voyages depuis Hue pour rencontrer le dignitaire de l’EBUV âgé de 86 ans.
« Arrêter Lê Công Câu simplement pour avoir essayé de rendre visite à un vieux bonze constitue une grave violation du droit à la liberté religieuse », a dit le Président du CVDDH Vo Van Ai. « Le Vietnam va accueillir, au mois de mai, cette année, la Journée Internationale du Vesak (Naissance du Bouddha) parrainée par les Nations Unies et le gouvernement vietnamien prétend respecter les droits des bouddhistes. Il devrait faire la preuve de ses engagements en libérant immédiatement Lê Công Câu et Thich Quang Do de leur détention en résidence surveillée », a-t-il ajouté.
Après l’arrestation de Lê Công Câu, la Sécurité l’a emmené au poste de police du district de Truong An, à Hue, et l’a interrogé pendant 13 heures. On ne lui a fourni aucune explication de son arrestation et on ne l’a pas informé des charges qui pèsent sur lui. La police a confisqué ses deux ordinateurs portables, deux clés USB et deux téléphones portables ainsi que des documents divers sur l’EBUV. La Sécurité a déclaré dans son rapport d’interrogatoire que Lê Công Câu était un membre de l’EBUV, qui n’est pas reconnu par le gouvernement vietnamien, et qu’il avait par conséquent fait un « usage illégal » de ses ordinateurs portables et clés USB. Durant la nuit du 1er au 2 janvier, la police a placé Lê Công Câu en résidence surveillée à son domicile à Hue. Lê Công Câu est privé de tout moyen de communication, il lui est interdit de recevoir des visites et il doit faire rapport de ses activités à tout moment, à la demande de la police. Près de 15 policiers en civils sont postés devant sa porte.
L’arrestation de Lê Công Câu viole les obligations internationales du Vietnam. L’article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel le Vietnam est partie, interdit les arrestations et détentions arbitraires et stipule que « tout individu arrêté sera informé, au moment de son arrestation, des raisons de cette arrestation et recevra notification, dans le plus court délai, de toute accusation portée contre lui ». En outre, l’article 18 PIDCP garantit le droit à la liberté religieuse.
« La répression en cours contre les défenseurs des droits de l’Homme montre que le Vietnam a encore un long chemin à parcourir pour le respect et la promotion des droits de l’Homme fondamentaux », a dit le Président de la FIDH Karim Lahidji. « Les arrestations et détentions arbitraires visant les groupes bouddhistes indépendants et les autres communautés religieuses doivent cesser et leurs membres doivent être libérés immédiatement et sans condition », a-t-il exigé.
Lê Công Cau avait déjà été arrêté en mars 2013 et interrogé pendant 3 jours pour avoir posté sur internet des articles appelant le gouvernement vietnamien à rétablir le statut légal de l’EBUV et à cesser la répression contre les membres de l’EBUV. La police l’avait accusé de « saper la politique d’unité » (article 87 du Code pénal) et « faire circuler de la propagande contre l’État » (article 88). Ces crimes sont passibles de peines de prison allant respectivement jusqu’à 15 et 20 ans.
Le MBJ, qui compte près de 500.000 membres au Vietnam, est une organisation éducative affiliée à l’EBUV. Bien que l’EBUV soit interdite par les autorités communistes, le MBJ jouit d’un statut semi-officiel du fait de ses activités sociales, humanitaires et éducatives très larges qui sont tolérées par le gouvernement.
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