Le Très Vénérable Thich Quang Do, numéro deux de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, interdite arbitrairement depuis 1982), a reçu pendant deux heures aujourd’hui, dimanche 21 novembre 2004, la visite d’une délégation de diplomates américains, dans son Monastère Zen Thanh Minh, à Ho Chi Minh Ville. Cette délégation de haut niveau comprenait notamment Mme Elizabeth Dugan, Assistante adjointe au Secrétariat d’Etat pour la Démocratie, les Droits de l’Homme et du Travail, M. Seth D. Winnick, Consul général américain à Ho Chi Minh Ville, ainsi que quatre diplomates du Département d’Etat et du Consulat américains. C’est la première fois que le deuxième dignitaire de l’EBUV est autorisé à recevoir des visites depuis son arrestation le 9 octobre 2003, lors de la vaste campagne gouvernementale anti-EBUV. L’Ambassadeur extraordinaire pour la Liberté Religieuse, John Hanford III, qui avait demandé à rencontrer Thich Quang Do durant sa visite in situ au Vietnam, en octobre 2003, s’était vu refuser cette entrevue au motif que Thich Quang Do était « objet d’une enquête pour possession de secrets d’Etat ».
« Le fait que le Vietnam autorise cette première visite diplomatique est un signe très positif », a commenté Vo Van Ai, Directeur du Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) et porte-parole internationale de l’EBUV interdite. « Nous espérons sincèrement que cela annonce le commencement d’une plus grande liberté pour toutes les communautés religieuses, en particulier, le commencement de la légalisation de l’EBUV aujourd’hui interdite ».
Lors d’une conversation téléphonique, plusieurs fois coupée, avec le Directeur du BIIB, M. Vo Van Ai, Thich Quang Do a rapporté que la rencontre avait été extrêmement positive et amicale. Il y a informé la délégation américaine de la situation critique de l’EBUV et l’a pressée de suivre de près les violations des droits de l’Homme et de soutenir tous les efforts pacifiques pour la promotion de la liberté religieuse et des réformes démocratiques. La délégation américaine a, quant à elle, informé Thich Quang Do de la récente décision du Département d’Etat de désigner le Vietnam comme un « pays particulièrement préoccupant » (en anglais « Country of Particular Concern » ou CPC) du fait de ses violations extrêmement graves de la liberté religieuse et expliqué qu’une large variété de sanctions pouvaient être appliquées contre les CPC sous l’empire de la loi américaine sur la Liberté Religieuse Internationale de 1998.
En outre, Thich Quang Do a averti les diplomates américains qu’il s’apprêtait à se rendre dans la province de Binh Dinh dès le lendemain matin (lundi 22 novembre) à 6 heures du matin afin de retrouver le Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang. Le Patriarche, âgé de 87 ans, est actuellement gravement malade. Il a été transporté à l’Hôpital Général Quy Nhon, jeudi dernier, pour une hémorragie digestive haute. C’est la première fois depuis un an que Thich Quang Do voyagera en dehors de Ho Chi Minh Ville, étant détenu en isolement, interdit de voyage ou de visite, depuis qu’il a été placé en détention administrative sur un ordre oral des autorités locales, le 9 octobre 2003.
Cet après-midi, cependant, peu après le départ de la délégation américaine, Thich Quang Do a reçu une convocation du Comité populaire du district de Phu Nhuan (les autorités du Parti communiste local) pour une « session de travail » (c’est-à-dire un interrogatoire) le lundi matin à 8 heures. Thich Quang Do a répliqué qu’il ne pouvait s’y rendre du fait de son départ pour la province de Binh Dinh.
Alors que, l’an dernier, le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères vietnamien Le Dung confirmait que Thich Huyen Quang et Thich Quang Do faisaient tous deux l’objet d’une « enquête », les autorités vietnamiennes ont continuellement prétendu que les deux dignitaires de l’EBUV étaient « libres ». Dans un rapport à l’Assemblée Générale des Nations Unies, en semptembre 2004, le Rapporteur Spécial sur la Liberté religieuse ou de croyance, Mme Asma Jahangir, a rendu publique la déclaration du Vietnam selon laquelle « Thich Quang Do et Thich Huyen Quang ne sont ni en résidence surveillée ni en détention administrative ».
Le voyage planifié de Thich Quang do, demain matin, constituera un test pour la déclaration du Vietnam. A la question de savoir s’il s’attendait à être intercepté par la police, Thich Quang Do a répondu : « Il est parfaitement naturel pour n’importe quel citoyen vietnamien, et pas seulement pour les bonzes bouddhistes, de venir rendre hommage à ses aînés malades et dans le besoin. La situation du Patriarche Thich Huyen Quang est extrêmement grave. Si les autorités vietnamiennes ont un minimum d’humanité, elles ne tenteront pas de m’empêcher de faire ce voyage ».
Au même moment, ce dimanche 21 novembre 2004, à 15 heures, le nouvel Ambassadeur américain au Vietnam Michael W. Marine rendait visite au Patriarche Thich Huyen Quang à l’Hôpital Général Quy Nhon. Etant donné la très grande faiblesse du Patriarche, l’Ambassadeur Marine n’est resté que 15 minutes avec Thich Huyen Quang.