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Le VCHR et le Hudson Institute organisent à Washington D.C. un Colloque sur la Liberté Religieuse au Vietnam

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WASHINGTON D.C., 20 septembre 2016 (VCHR) – Le 12 septembre 2016, le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme (VCHR) a organisé le colloque « Liberté religieuse au Vietnam : Son importance pour la Sécurité Régionale et Globale » avec le Hudson Institute qui l’accueillait dans ses locaux à Washington D.C. (USA). Ce colloque réunissait des diplomates, des chercheurs et experts, des activistes, des témoins et victimes de persécutions de différentes communautés religieuses, des avocats et des journalistes venus de tous les Etats-Unis, du Canada et d’Europe.

Parmi les plus éminents intervenants, figuraient l’ancien Secrétaire d’Etat adjoint aux droits de l’Homme Elliott Abrams, la Commissaire Kristina Arriaga de la Commission américaine sur la Liberté Religieuse Internationale (USCIRF), Nina Shea, Directrice du Centre de la Liberté Religieuse du Hudson Institute et Võ Văn Ái, Président du VCHR.

Le colloque a également donné lieu à une revue des violations de la liberté religieuse au Vietnam au travers du regard de victimes de persécutions et d’experts, parmi lesquels Võ Trần Nhật parlant sur l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV), le vénérable Kim Muol, bonze bouddhiste khmer krom et ancien prisonnier politique, Prak Sereivuth, Vice-Président de la Khmer Kampuchea-Krom Federation, Tong C. Vang, Directeur de South East Asia Monitor for Justice and Human Rights qui a exposé le cas des Hmongs, Sara Colm, chercheuse indépendante qui a traité de la question des Montagnards.

Tous se sont accordés pour dire que compte tenu des toutes prochaines élections présidentielles américaines, ce colloque tombe à point nommé car, comme l’a dit Nina Shea, « les relations entre le Vietnam et les Etats-Unis se renforcent, et aussi car dans un mois ou un peu plus, le Vietnam va adopter une nouvelle Loi sur la croyance et la religion ».

Le rapprochement entre les Etats-Unis et le Vietnam s’est en effet encore renforcé avec la visite du Président Obama en mai dernier et la levée de l’embargo sur les armes. Ce rapprochement n’est pas isolé puisque, de son côté, l’Union Européenne s’apprête à signer un traité de libre-échange avec le Vietnam. Comme l’ont fait remarquer plusieurs intervenants, les relations  resserrées ne doivent pas constituer pour le régime de Hanoi un blanc-seing pour violer la liberté de religieuse.

Võ Văn Ái, Président du VCHR, a ainsi posé les bases du débat en constatant les directions inverses que prennent les démocraties occidentales et le Vietnam. Les premières s’engagent pour la liberté de religion ou de croyance, avec l’adoption de la Loi sur la Liberté Religieuse Internationale en 1998 aux Etats-Unis, avec la l’adoption des Lignes directrices de l’Union Européenne pour la protection et la promotion de la liberté de religion en 2013 et la nomination de Ján Figel au poste d’Envoyé spécial pour la Liberté de Religion et de Croyance en dehors de l’UE cette année. De son côté le Vietnam utilise la loi « pour entraver plutôt que pour protéger ce droit ». En effet, l’Assemblée Nationale vietnamienne s’apprête à adopter une Loi sur la religion et les croyances très controversée « qui légalisera une ingérence d’Etat exorbitante dans les affaires religieuse et imposera un système draconien d’enregistrement et de contrôle », a dit Võ Văn Ái.

Elliott Abrams, ancien Secrétaire d’Etat adjoint pour les droits de l’Homme et ancien Conseiller adjoint à la Sécurité Nationale, a souligné l’importance fondamentale de la liberté religieuse en affirmant qu’« un régime qui n’autorise pas la liberté de pensée, de croyance et de culte est un régime qui ne voit pas les habitants de son pays comme des citoyens, mais comme de la main d’œuvre…, comme un prolétariat. Il ne les voit que comme un rouage de la machine, comme des automates qui ne servent qu’à travailler, qu’à se mobiliser quand on les rassemble, qu’à faire l’éloge du régime à la demande. La pensée — la pensée libre, la liberté de conscience, la liberté de religion — irait à l’encontre de cela. Dans le système communiste, les individus n’ont pas de droits, seul le Parti a des droits ».

Stigmatisant la realpolitik comme peu réaliste, il a recommandé de chercher à faire du Vietnam un allié de l’Amérique à long-terme, et pour ce faire « nous devrions presser le régime d’arrêter d’avoir peur de son propre peuple, d’arrêter d’agir comme si les activités citoyennes étaient forcément des menaces. Nous devrions faire pression sur le régime vietnamien pour qu’il développe une société plus harmonieuse en autorisant au peuple une plus grande liberté de religion ».

De son côté, Kristina Arriaga de Bucholz, Directrice Exécutive du Becket Fund for Religious Liberty et Commissaire d’origine cubaine de la Commission américaine sur la Liberté Religieuse Internationale (USCIRF), a noté que les pressions américaines ne peuvent fonctionner que si le gouvernement des Etats-Unis fait pression en étant très clair sur le fait que l’amélioration des relations dépend des progrès de la liberté religieuse. Selon elle, la nouvelle administration devra dire au Vietnam que « s’il veut être pleinement intégré à la communauté internationale, il doit traiter la liberté religieuse comme un droit et non comme un cadeau octroyé par l’Etat ». Soulignant l’importance, lorsque l’on fait pression sur le Vietnam de nommer les victimes, elle a notamment soulevé les cas de Thích Quảng Độ, Patriarche Suprême de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam, du pasteur Nguyễn Công Chính, de l’avocat Nguyễn Văn Đài, du blogueur catholique Nguyễn Hữu Vinh… « Il est inexcusable que les fonctionnaires américains ne citent pas de noms lorsqu’ils visitent des pays comme le Vietnam, la Chine ou mon propre pays, Cuba ». Enfin, elle a exigé que le Vietnam soit mis sur la liste CPC (« Pays particulièrement préoccupant » au regard de la liberté religieuse), la liste noire des violateurs de la liberté religieuse.

C’est également à cette dernière conclusion qu’a abouti Tina Mufford, analyste politique de la USCIRF, si le Vietnam ne faisait pas de progrès. Elle a en effet vigoureusement critiqué la nouvelle loi sur la croyance et la religion qui impose un « contrôle étroit sur les religions ». « Il n’y a pas de raison à cela, pas d’excuse à cela… Nous voudrions voir le Vietnam laisser tranquille les religions non-enregistrées. […] Elles ne travaillent pas [contre le gouvernement], elles veulent juste être indépendantes ».

Le Secrétaire Exécutif du VCHR, Võ Trần Nhật, a quant à lui présenté la situation de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam, victime d’une féroce « répression furtive », faite d’isolement des pagodes, de harcèlements, de détentions arbitraires qui ne disent pas leur nom, de pression sur les fidèles qui perdent leur emploi ou dont les enfants sont exclus des écoles. Il a par ailleurs dénoncé la nouvelle Loi sur la croyance et la religion comme un « piège » pour les religions. En effet « les organisations non-enregistrées ne sont pas autorisées à pratiquer la religion. Il n’y a pas de liberté religieuse pour elles. Les groupes religieux qui acceptent de s’enregistrer doivent accepter le contrôle total du Parti communiste sur leur organisation, sur leurs activités, sur le contenu de leurs enseignements, sur leur direction et sur leurs membres… Il n’y a pas de liberté religieuse pour elles non plus ».

Le colloque comportait comme dernière partie une table ronde entre les communautés religieuses sur les stratégies et les bonnes pratiques pour mettre en place une coalition interreligieux pour la promotion et la protection de la liberté religieuse au Vietnam et en Asie du Sud-Est en général.

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