PARIS, 17 février 2020 (FIDH & VCHR) – L’Union Européenne (UE) doit profiter, cette semaine, du dialogue sur les droits humains pour exiger du gouvernement vietnamien la fin de la répression contre la société civile, la révision des lois répressives et la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, ont demandé aujourd’hui la FIDH et sa ligue affiliée, le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme (VCHR). Le neuvième dialogue UE-Vietnam sur les droits humains doit se tenir à Hanoi le 19 février 2020.
Dans un nouveau rapport rendu public aujourd’hui, la FIDH et le VCHR détaillent leurs préoccupations dans six domaines clefs : 1) L’escalade de la répression contre les dissidents ; 2) les lois répressives sur la « sécurité nationale » ; 3) les droits des travailleurs ; 4) les litiges concernant les droits à la terre ; 5) les conditions de détention inhumaines et les décès en détention ; et 6) la peine de mort.
« Nous sommes préoccupés par le fait que les avantages commerciaux que l’UE vient d’accorder au Vietnam en dépit d’un bilan déplorable en matière de droits humains risquent d’encourager Hanoi à continuer sa répression contre la société civile. L’UE doit obtenir du gouvernement vietnamien des actions concrètes pour s’assurer que les graves violations des droits humains ne se réduisent pas à un « business as usual », a dit le Secrétaire-Général de la FIDH Adilur Rahman Khan.
Depuis le dernier dialogue UE-Vietnam sur les droits humains, qui s’était tenu le 4 mars 2019, les autorités vietnamiennes ont continué à harceler, agresser et détenir les défenseurs des droits humains, des droits des travailleurs, des droits à la terre et de l’environnement, les blogueurs, les journalistes, les opposants au gouvernement et les religieux. Entre le 5 mars 2019 et le 2 février 2020, les autorités vietnamiennes ont arrêté 29 militants des droits humains (dont trois femmes) et en ont condamné 42 (dont cinq femmes) à des peines de prison allant jusqu’à 12 ans.
Le gouvernement vietnamien justifie sa répression en invoquant les articles du Code pénal de 2015 qui criminalisent les activités considérées comme menaçant la « sécurité nationale ». Ces dispositions vagues et imprécises — parmi lesquelles six prévoient la peine de mort — ne distinguent pas les actes violents de l’exercice non-violent et légitime du droit à la liberté d’opinion et d’expression.
« L’absence d’engagement du gouvernement vietnamien à respecter ses obligations internationales est extrêmement inquiétant, en particulier à ce moment crucial pour les relations UE-Vietnam. C’est pourquoi nous pressons l’UE de s’assurer à ce que le prochain dialogue des droits de l’Homme fixe des objectifs spécifiques et mesurables à atteindre dans un délai déterminé », a dit le Président du VCHR Vo Van Ai.
De nombreuses violations des droits humains sont commises dans le cadre des litiges relatifs à la terre. L’approche systématique des autorités pour résoudre ces litiges est celle de la malveillance et de la violence. Le dernier exemple en est l’incident de Đồng Tâm qui a provoqué la mort d’au moins un civil le mois dernier.
En dépit de son accession à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, le Vietnam n’a pas amélioré les conditions de détention. Des rapports de torture, de mauvais traitements et de décès en détention se sont succédés en 2019. Plusieurs prisonniers sont morts l’an dernier à la suite des très dures conditions de détention qui peuvent être assimilées à de la torture ou des mauvais traitements.
En ce qui concerne la peine de mort, le Vietnam continue à l’appliquer pour un large éventail de crimes qui n’atteignent pas le seuil de « crimes les plus graves » tout en continuant à classer les statistiques sur les condamnations à la peine capitale et les exécutions dans les « secrets d’État ».
Press contacts:
FIDH: M. Andrea Giorgetta (anglais) –
Tel: +66886117722 (Bangkok)
FIDH: Mme Eva Canan (français, anglais) – Tel: +33648059157 (Paris)
VCHR: Mme Penelope Faulkner (anglais, français, vietnamien) – Tel: +33611898681
(Paris)
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