Le Vénérable Thich Quang Do, deuxième dignitaire de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, arbitrairement interdite en 1981) a finalement été relâché la nuit dernière (16 février), après avoir été agressé et détenu par la Sécurité pendant plus de 6 heures à la gare de Ho Chi Minh Ville (Saigon). Il avait été arrêté alors qu’il s’apprêtait à prendre le train pour la province de Binh Dinh avec une délégation de 11 bonzes de l’EBUV. Il projetait d’aller rendre hommage au Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang, détenu dans cette province, à l’occasion du Nouvel An Lunaire. Thich Quang Do, qui est âgé de 77 ans, n’a pas été blessé mais est très secoué par l’interception musclée de la police. Il se repose actuellement au Monastère Zen Thanh Minh à Ho Chi Minh Ville.
Pressée par une foule grandissante, la Sécurité a dû décider de libérer Thich Quang Do après plusieurs heures de tension, durant lesquelles 40 bonzes de l’EBUV ont protesté par un sit-in à la gare et commencé une grève de la faim. Les bonzes déclaraient qu’ils ne bougeraient pas tant que Thich Quang Do ne serait pas libéré.
Lors d’une conversation téléphonique avec le Directeur du Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) et porte-parole international de l’EBUV Vo Van Ai, Thich Quang Do a rapporté que les policiers l’avait arraché de la délégation de bonzes et enfermé dans une “pièce de sécurité” de la gare. Les autres bonzes ignoraient ce qu’il était advenu de lui.
“Quatre policiers m’ont soulevé et m’ont trimballé comme un porc”, a témoigné Thich Quang Do. “Ils ont fait ça en plein jour, dans un endroit public devant des milliers de gens. Je suis scandalisé pour mon pays et pour mon peuple. Tant que nous n’aurons pas de véritables libertés et une véritable démocratie au Vietnam, les citoyens ordinaires continueront à être traités comme des animaux”.
Thich Quang Do qui souffre d’hypertension, de diabète et de problèmes cardiaques, a dit qu’il s’était évanoui après avoir été jeté dans la “pièce de sécurité”. Lorsqu’il a repris connaissance, il était entouré de policiers. Après l’avoir détenu pendant plus de six heures, ils l’ont traîné vers un véhicule de la police en empruntant une porte dérobée afin qu’il ne soit pas vu par la foule de bouddhistes et les bonzes en grève de la faim. La Sécurité a ramené de force Thich Quang Do à sa pagode, le Monastère Zen Thanh Minh, où il est assigné à résidence.
Thich Quang Do a dit à Vo Van Ai qu’il ne renonçait pas à se rendre auprès du Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang et qu’il tenterait de nouveau le voyage. “Cela fait partie de nos traditions que d’aller présenter ses respects à nos aînés à l’occasion du Nouvel An Lunaire”, a-t-il dit. “Le Vietnam est membre des Nations Unies et il se doit de respecter ses engagements de respect des libertés et droits fondamentaux. Il ne doit pas s’attendre à intégrer la communauté internationale s’il continue à violer de façon aussi flagrante les droits de l’Homme de ses citoyens”.