Des détenus politiques vont profiter de la traditionnelle amnistie décidée à l’occasion de la fête nationale et dont bénéficiaient essentiellement des prisonniers de droit commun.
Comme chaque année au Vietnam, la fête nationale, le 2 septembre, est l’occasion pour le régime communiste de décider une amnistie. Pour la plupart, ce sont des détenus de droits communs qui en bénéficient, mais cette année, une échéance internationale semble avoir fait plier le régime qui s’apprête à relâcher quelques prisonniers politiques parmi les 5000 amnistiés.
Hanoï attend en effet que le Congrès américain lui attribue le statut de la nation la plus favorisée sur le plan commercial, une étape déterminante pour son entrée dans l’OMC. « Cette amnistie au compte-gouttes sert la propagande du régime et est utile dans les négociations avec les Etats-Unis », explique Vo Van Ai, président du Comité Vietnam [pour la Défense des Droits de l’Homme et vice-président] de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH).
C’est la libération de Ma Van Bay, un dignitaire protestant, qui est la plus importante selon Vo Van Ai: « Grâce à cette libération, le Vietnam va être retiré de la liste des pays ne respectant pas la liberté religieuse ». Pour autant, la liberté religieuse est inexistante au Vietnam. « Deux hauts dignitaires de l’Eglise bouddhique sont placés en résidence surveillée. Plusieurs dissidents libérés dernièrement m’ont parlé de plusieurs dizaines prisonniers de conscience dans le nord du pays, dont des moines très âgés, certains ont plus de 70 ans », poursuit Vo Van Ai.
Autre libération d’importance annoncée, celle de Pham Hong Son, cyber-dissident emprisonné depuis plus de quatre ans pour « espionnage » et diffusion sur Internet de « documents calomnieux » contre le Parti communiste Vietnamien (PCV). Arrêté en 2002, ce médecin avait traduit un article intitulé « Qu’est-ce que la démocratie ? », puisé sur le site du département d’Etat américain et l’avait diffusé sur le net. Condamné une première fois à treize ans d’emprisonnement, sa peine a été ramenée à cinq ans sous la pression de la communauté internationale.
« Je félicite Hanoï pour ces amnisties mais je considère que ce n’est pas assez, explique le président du Comité Vietnam. La pression policière est toujours très forte. Tous les dissidents sont surveillés en permanence par la police. Leurs téléphones portables et ceux de leurs bureaux sont contrôlés voire coupés, ce qui nous empêche d’avoir des contacts avec eux facilement. Le régime n’accorde aucune liberté : ni de presse, ni d’opinion, ni d’association. Les 600 journaux et magazines existants sont dans les mains du PCV. Il faut aussi savoir que le [décret 31/CP] permet d’emprisonner une personne pendant deux ans sans passer par la justice. »