M. Vo Van Ai, Directeur du Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) et porte-parole international de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, arbitrairement interdite en 1981), a exprimé ses profonds regrets quant à la décision du Département d’Etat américain de retirer le Vietnam de la liste noire des « pays particulièrement préoccupants » (CPC) en matière de liberté religieuse. « Rien n’a changé depuis que le Vietnam a été placé sur la liste des CPC en 2004 », a dit Vo Van Ai. « Les croyants de toutes les confessions religieuses, en particulier ceux des religions non-reconnues, vivent dans une peur constante, sont victimes de harcèlements journaliers, de détention, d’une surveillance policière et d’actes d’intimidation ».
« Les Etats-Unis sacrifient les principes pour les profits en retirant le Vietnam de la liste des CPC à la veille du Sommet de l’APEC. Les croyants au Vietnam et dans le monde sont choqués de voir l’Amérique se laver les mains du sort des millions de Vietnamiens persécutés en raison de leurs croyances religieuses pacifiques ».
En ce qui concerne l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV), l’Ambassadeur extraordinaire pour la liberté religieuse internationale John V. Hanford a déclaré que ses dignitaires souffraient de certaines restrictions « car ils exprimaient des points de vue politiques que le gouvernement [vietnamien] considère comme menaçants ». Vo Van Ai rejette vigoureusement cette explication. « Thich Huyen Quang, Thich Quang Do et les autres dignitaires de l’EBUV ne font que rappeler au gouvernement vietnamien de respecter les droits de l’Homme et des libertés garantis par la Constitution vietnamienne et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l’ONU qu’a signé et ratifié le Vietnam en 1982. L’EBUV n’a absolument aucune visée politique. En répétant les arguments « politiques » de Hanoi contre l’EBUV, l’Ambassadeur Hanford encourage involontairement le Vietnam dans sa politique d’étouffement de toutes les voix religieuses indépendantes au Vietnam ».
L’Ambassadeur Hanford a salué la libération par le Vietnam de prisonniers religieux comme le bonze de l’EBUV Thich Thien Minh. Vo Van Ai remarque cependant que Thich Thien Minh n’a été libéré que 3 mois avant le terme de sa peine, après une détention arbitraire de 26 ans dans un camp de travail dans lequel il avait été jeté simplement pour son soutien à son Eglise, l’EBUV. En outre, Thich Thien Minh et bien d’autres prisonniers religieux, comme le Pasteur Ménonnite Nguyen Hong Quang, continuent de subir menaces et harcèlements après leur libération.
En réponse à l’Ambassadeur Hanford qui met en avant les améliorations concernant l’enregistrement des communautés religieuses, notamment les congrégations protestantes et les « Eglises de maison » (House Churches), Vo Van Ai fait valoir que seul un nombre restreint d’Eglises protestantes ont été enregistrées. De plus, l’enregistrement ne signifie pas une légalisation : Les Eglises doivent renouveler l’enregistrement chaque année, leurs activités sont restreintes géographiquement et elles doivent remettre aux autorités la liste de leurs membres. Dans de nombreux cas, le gouvernement a placé des « observateurs » pour surveiller les activités de ces Eglises ou a forcé les Eglises à changer leurs dirigeants. Plus de 4000 Eglises ne sont toujours pas enregistrées. Quelques 500 Eglises ont déposé une demande mais n’ont pas reçu de réponse du gouvernement. Par ailleurs, les autorités locales de la province de Hai Duong, par exemple, utilisent des mesures administratives pour persécuter les Protestants : déni de leurs droits de citoyens, non-délivrance du permis de résidence ou de passeport, donc impossibilité de voyager ou de travailler à l’étranger. En dépit des nouvelles lois interdisant l’abjuration forcée de sa foi, des rapports indiquent que sur les Hauts-Plateaux du Nord et du Centre du pays, les Montagnards et d’autres minorités ethniques protestantes continuent d’être forcés à renoncer à leur foi, y compris par la torture.