PARIS, le 6 mars 2007 (Comité Vietnam) – Le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme est très préoccupé par l’arrestation des démocrates au Vietnam. Ce matin, à Hanoi, la Sécurité vietnamienne a fait une descente au domicile de Nguyen Van Dai (38 ans), avocat démocrate, et procédé à son arrestation. Son lieu de détention n’a pas été confirmé, mais des sources pensent qu’il est détenu à la Prison B14 (province de Thanh Tri) à environ 10 km de la capitale. Il est inculpé d’avoir fait de la “propagande contre la République Socialiste du Vietnam” (article 88 du Code pénal vietnamien). Un autre avocat de Hanoi, Mme Le Thi Cong Nhan (27 ans), a également été appréhendée aujourd’hui pour le même motif. 15 officiers de police sont entrés chez elle à 10h00 du matin (heure locale) et procédé à son arrestation. Selon le mandat d’arrêt, ils seront tous deux détenus pendant 4 mois. En fait, ils risquent une détention bien plus longue. Selon le Code de procédures pénales, cette période de 4 mois peut être prolongée 4 fois (pour les crimes touchant la “sécurité nationale ») pour un total de 20 mois, après quoi le Procureur du Peuple peut décider d’“autres mesures dissuasives” (article 120).
“Avant le Sommet de l’APEC, à Hanoi en 2006, nous savions qu’une fois que le Vietnam aurait obtenu ce qu’il désirait (un Sommet sans vague, l’entrée à l’OMC, la fin de la mise à l’index de la liste CPC [liste américaine des “pays particulièrement préoccupants” en matière de liberté religieuse], il ne tarderait pas à reprendre ses habitudes de répression de toutes les voix gênantes”, a réagi Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme. “Et en effet, cela n’a pas tardé : Les représentants de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam de 20 provinces sont poursuivis sans relâche, et cette arrestation, aujourd’hui, des avocats Nguyen Van Dai et Le Thi Cong Nhan est la confirmation du double jeu et de l’hypocrisie des autorités Vietnamiennes”.
Nguyen Van Dai, qui a fondé le “Comité pour les Droits de l’Homme au Vietnam” au mois de novembre 2006, est depuis peu convoqué de façon répétée pour des interrogatoires par la police du fait de son engagement pour les droits de l’Homme et de la démocratie. Le 28 février dernier, à la suite de pressions de la Sécurité, le Bureau de l’Enregistrement des Entreprises, qui relève de la Direction du Plan et des Investissements de Hanoi a pris une “Décision” pour retirer la licence de TNHH, la société de traduction et de consultation juridique dont Nguyen Van Dai est co-fondateur et directeur exécutif. Mme Le Thi Cong Nhan, prote-parole du “Parti du Progrès” (clandestin) et militante déclarée de la cause démocratique, était également continuellement harcelée par la police.
L’article 88 du Code pénal vietnamien concerne un de ces crimes vagues et fourre-tout dit de “sécurité nationale” qui provoque de plus en plus les critiques internationales. Il prévoit une peine de prison de 3 à 20 ans. Au mois de juillet 2002, le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU avait dénoncé ces incriminations comme “incompatibles” avec les normes internationales et demandé leur abrogation immédiate.
Les arrestations d’aujourd’hui font partie d’une répression féroce de plus grande ampleur. Le 18 février 2007, le prêtre catholique Nguyen Van Ly a été déplacé de sa résidence à Hue (centre du Vietnam) vers la paroisse de Ben Cui, à 30 km de là. Il est également inculpé sous l’empire de l’article 88. Les 1-2 mars 2007, la Sécurité a lancé une campagne de répression contre les fidèles de l’EBUV de la province de Binh Thuan, arrêtant les bonzes Thich Thien Tam, directeur du Comité provincial de l’EBUV, et Thich Hue Lam. Tous deux sont l’objet de harcèlements et d’interrogatoires intensifs pour les forcer à renoncer à leur attachement à l’EBUV.