A Prague, l’évêque catholique Vlaclav Maly, Président de la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques tchèques, ancien dissident et signataire de la « Charte 77 » tchèque, a envoyé une lettre au Président vietnamien Tran Duc Luong l’appelant à libérer immédiatement les trois éminents prisonniers religieux, le Vénérable Thich Huyen Quang, Patriarche de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV), son second Thich Quang Do et le prêtre catholique Nguyen Van Ly. C’est la première fois qu’un haut dignitaire catholique exprime publiquement son soutien aux dissidents religieux du Vietnam.
La lettre, portée en personne à l’Ambassadeur vietnamien à Prague, répond à l’appel lancé par Vo Van Ai, Directeur du Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB). M. Ai a rendu visite à l’évêque Maly au mois d’avril 2003, alors qu’il était invité par la People in Need Foundation pour recevoir le Prix des Droits de l’Homme Homo Homini au nom de Thich Huyen Quang, Thich Quang Do et du Père Nguyen Van Ly.
Evoquant le Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang et le Vénérable Thich Quang Do, l’évêque Maly a écrit : « Ces courageux dignitaires ont passé la plus grande partie des 25 dernières années en détention sans charge ni procès pour avoir défendu pacifiquement les droits de l’Homme fondamentaux et la liberté religieuse ». Les deux bonzes souffrent de sérieux problèmes de santé dus à leur détention prolongée et au manque de soins, a-t-il ajouté, et Thich Quang Do est assigné à résidence au Centre Zen Thanh Minh simplement pour avoir lancé un « Appel pour la Démocratie au Vietnam ». L’évêque Maly a également exprimé sa grave préoccupation pour la santé du Père Nguyen Van Ly, condamné à 15 ans d’emprisonnement, en 2001, pour « ses critiques sur la situation des droits de l’Homme et de la liberté religieuse ». La détention de ces trois hommes, a-t-il dit, « ne concorde pas avec le Pacte international des Nations Unies relatif aux droits civils et politiques ».
Tirant les enseignements de sa propre expérience de prisonnier politique sous le régime communiste tchèque et de figure marquante de la « Révolution de Velours » aux côtés de Vaclav Havel, l’évêque Maly a averti le Président Tran Duc Luong des conséquences de la répression politique : « En violant leurs droits de l’Homme fondamentaux et leurs libertés, on peut temporairement isoler et faire taire les individus gênants. Mais de telles exactions fabriquent finalement les germes de l’instabilité de toute la société qui, forcée à se dissimuler, risque de déborder en des réactions violentes et incontrôlables des citoyens humiliés ».
L’évêque Maly a également envoyé des lettres personnelles aux trois dissidents religieux au Vietnam. « J’admire l’effort personnel avec lequel vous luttez pour le dialogue, la tolérance et la démocratie dans la société vietnamienne, en dépit des persécutions », a-t-il écrit aux Vénérables Thich Huyen Quang et Thich Quang Do, ajoutant : « Je reste spirituellement lié avec vos efforts pour un monde plus juste ». Dans sa lettre au Père Nguyen Van Ly, adressée au camp de Ba Sao où le prêtre est incarcéré, l’évêque Maly a écrit : « Même si vous vivez actuellement dans la solitude et la disgrâce de l’emprisonnement, je vous assure que l’on ne vous oublie pas ». Dans la mesure où les trois hommes sont en détention en prison ou en résidence surveillée, l’évêque Maly a remis des copies des lettres à M. Vo Van Ai pour qu’il les transmette à leurs destinataires par des voies parallèles.
Défenseur reconnu des droits de l’Homme et des libertés civiles, l’évêque Maly est lauréat du Prix Européen des Droits de l’Homme 1998. Il a voyagé dans le monde entier pour soutenir les victimes des violations des droits de l’Homme.