PARIS, le 20 mars 2018 (VCHR) – Le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme (VCHR) dénonce vigoureusement l’agression, dans le nord-ouest du Vietnam, de 24 membres de la minorité ethnique des Hmongs visant à les punir de s’être récemment convertis au Protestantisme. Les agressions et autres harcèlements contre les croyants se sont multipliés ces derniers temps et l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur les croyances et la religion, le 1er janvier 2018, a instauré un climat d’impunité pour toutes les violations de la liberté de religion ou de conviction.
« Les persécutions religieuses se renforcent et le climat au Vietnam est maintenant celui de la chasse aux membres des communautés religieuses qui veulent vivre leur foi librement », a dit le Président du VCHR Võ Văn Ái. « Or, avec la nouvelle loi sur la religion, ce désir est devenu un crime ».
Selon divers rapports du Vietnam, 24 Hmongs ont été attaqués, le 1er mars 2018, par une foule emmenée par le chef de leur village. Quatre de ces victimes ont dû être hospitalisés pendant huit jours. Peu avant cette attaque, les autorités locales avaient menacées les nouveaux convertis de devoir quitter le village s’ils ne renonçaient pas à leur nouvelle foi. Ce faisant, les autorités vietnamiennes ont violé la liberté de religion ou de conviction garantie par la Constitution vietnamienne et qui, aux termes de l’article 18 du Pacte relatif aux droits civils et politique (PIDCP), est celle « d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix ».
Cette affaire est significative de l’aggravation des persécutions religieuses sur les Hauts-Plateaux du nord-ouest et du centre du pays où les conversions au protestantisme sont importantes. Sur un million de Hmongs, on estime que 300.000 sont protestants, ce qui donne une proportion bien plus élevée que pour la population totale du Vietnam. Leurs petites Églises protestantes éparpillées dans les régions reculées et montagneuses sont forcées par les autorités d’intégrer des Églises déjà enregistrées, comme l’Église Évangélique du Vietnam (Nord/Sud). Une telle intégration est irréaliste car ces Églises enregistrées sont situées dans les grandes villes, loin des régions des minorités ethniques. Mais surtout les Églises des minorités ethniques leur reprochent d’avoir cédé aux exigences de l’État pour pouvoir s’enregistrer, comme par exemple celles de ne pas prier en public ou d’abandonner certaines autres pratiques religieuses. Leur refus d’obtempérer leur vaut, par rétorsion, des persécutions sauvages comme celles qu’ont subies les Hmongs début mars.
La Loi sur les Croyances et le Religion oblige les religions à s’enregistrer pour pouvoir prétendre à une liberté de culte qui reste sous l’étroit contrôle des autorités vietnamiennes. Elle place les religions qui ne veulent pas ou ne peuvent pas s’enregistrer dans une situation extrêmement précaire, comme l’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, le Patriarche Thích Quảng Độ est détenu arbitrairement depuis plus de 35 ans (exil intérieur, prison, camp, résidence surveillée) pour avoir demandé le rétablissement du statut légal de l’EBUV indépendante). Depuis le début de l’année, le Vietnam a déjà condamné 10 Bouddhistes Hoa Hao à des peines allant de 2 à 12 ans de prison sous prétexte d’atteintes à la « sécurité nationale ». Les autorités ont récemment invoqué la Loi sur la religion pour criminaliser des activités religieuses légitimes, comme la célébration de messes et autres cérémonies religieuses.
Parallèlement les prisonniers de conscience, en particulier religieux, souffrent de conditions de détention très dures et du refus des autorités de prodiguer des soins médicaux adéquats ou même de transmettre aux prisonniers les médicaments envoyés par les familles. Le cas du Pasteur Nguyễn Trung Tôn est particulièrement préoccupant. Président de l’association non-officielle « Fraternité pour la Démocratie », il avait été enlevé, battu et abandonné en pleine forêt par des voyous à la solde des autorités en février 2017. Arrêté en juillet 2017, il est actuellement en détention provisoire et poursuivi pour « activité visant à renverser l’administration du peuple » (selon l’ancien article 79 du Code pénal, devenu l’article 109, qui prévoit la peine de mort). Son état de santé est fortement dégradé du fait de son agression et des mauvaises conditions de détention.
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