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Les dignitaires bouddhistes pressent l’Australie de prendre des mesures urgentes afin d’assurer la sécurité dans la région Asie-Pacifique et le respect de la liberté religieuse et des droits de l’Homme au Vietnam

Au Parlement Australien à Canberra :
Les dignitaires bouddhistes pressent l’Australie de prendre des mesures urgentes afin d’assurer la sécurité dans la région Asie-Pacifique et le respect de la liberté religieuse et des droits de l’Homme au Vietnam

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CANBERRA, 17 juin 2009 (BIIB) – M. Vo Van Ai, porte-parole international de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV), et une délégation de hauts dignitaires de l’EBUV à l’étranger, venus des Etats-Unis, du Canada et d’Australie, se sont rendus aujourd’hui au Parlement australien pour évoquer les menaces actuelles qui pèsent sur la souveraineté du Vietnam et appeler au respect de la liberté religieuse et des droits de l’Homme au Vietnam. La délégation comprenait notamment le Vénérable Thich Ho Giac, Vice-Patriarche de l’EBUV et Président du Bureau de l’EBUV à l’étranger (Houston, USA), le Vénérable Thich Vien Ly, Secrétaire Général (Californie, USA), le Révérend Thich Giac Duc, Commissaire pour la Planification (Boston, USA), le Très Vénérable Thich Thien Tam, Commissaire général de l’EBUV pour le Canada, le Vénérable Thich Phuoc Nhon, Commissaire général de l’EBUV pour l’Australie, les Vénérables Nonnes Thich Nu Bao Truong et Thich Nu Bao Son, ainsi que Penelope Faulkner, Directrice-adjointe du Bureau International d’Information Bouddhiste.

La délégation bouddhiste était accueillie par M. Laurie Ferguson, Secrétaire du Parlement pour les Affaires Multiculturelles et les Services Sociaux. Participaient à la réunion des parlementaires du Parti travailliste et du Parti libéral, dont M. Jason Clare, Secrétaire du Parlement pour l’Emploi, Mme Kerry Rea, Présidente de la Sous-Commission des droits de l’Homme du Parlement, Mme Julie Bishop, Vice-Présidente de l’Opposition et Ministre des Affaires étrangères du Cabinet fantôme, Mme Sharman Stone, Ministre de l’Immigration et de la Citoyenneté du Cabinet fantôme, MM. Bernie Ripoll, Michael Danby, Philip Ruddock et Luke Simpkins.

La délégation de l’EBUV est en Australie du 12 au 22 juin 2009 afin de présenter le mouvement bouddhiste pour les droits de l’Homme et la démocratie au Vietnam et se rendra à Brisbane, Sydney, Canberra, Perth, Adelaïde et Melbourne.

M. Ai a appelé l’Australie à presser le Vietnam de faire des progrès concrets dans le domaine des droits humains. Depuis que le Vietnam a ouvert son économie au marché libre, a-t-il dit, le pays a connu une croissance économique extraordinaire. Mais derrière ce marché libre, le Vietnam reste une société fermée politiquement où les droits et libertés fondamentales sont bafoués. Le Parti Communiste contrôle tous les aspects de la vie quotidienne. Il n’y a ni presse privée, ni syndicat libre, ni société civile indépendante, ni parti d’opposition. Seules les organisations religieuses d’Etat sont autorisées, et les organisations indépendantes comme l’EBUV sont interdites. L’internet est censuré. Le pluralisme et la démocratie sont tabous.

M. Ai note, en outre, que le Vietnam cherche à jouer un rôle croissant sur la scène internationale, mais ne respecte pas ses obligations internationales et reste hostile à toute réforme politique. On en a eu une récente illustration avec le tout premier Examen Périodique Universel du Vietnam devant le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, au mois de mai 2009. De nombreux pays, dont l’Australie, avaient fait des recommandations concrètes comme l’autorisation d’une presse indépendante, la levée des restrictions législatives à la liberté d’expression et de religion, l’arrêt de la pratique de la torture et de la détention administrative. Le Vietnam a tout simplement rejeté ces demandes (1).

Aujourd’hui, en l’absence de toute opposition politique, a continué M. Ai, les mouvements religieux, en particulier la religion majoritaire, le Bouddhisme, sont les véritables voix de la société civile. L’EBUV joue un rôle crucial comme relais des griefs de la population et de ses exigences pour le respect des droits de l’Homme. C’est pourquoi l’EBUV est la cible d’une répression féroce. Ses dignitaires et ses membres sont détenus, harcelés et victimes d’intimidations. Le Patriarche de l’EBUV Thich Quang Do, qui a été proposé pour le Prix Nobel de la Paix 2009, est en détention depuis plus de 27 ans pour s’être fait l’avocat non-violent de la démocratie, de la liberté religieuse et des droits de l’Homme. Il est actuellement en résidence surveillée dans le Monastère Zen Thanh Minh à Saigon. En dépit d’une étroite surveillance policière et des restrictions à ses libertés fondamentales, Thich Quang Do continue à lancer des appels pour la démocratie et à défier le gouvernement pour qu’il améliore la situation des droits de l’Homme.

Le plus récent appel du Patriarche Thich Quang Do concerne une question qui a de graves implications pour le Vietnam mais également pour toute la région Asie-Pacifique et au delà : Les atteintes de la Chine à la souveraineté du Vietnam. En 1999 et en 2000, le Vietnam a signé deux traités frontaliers avec la Chine, lui concédant d’importants territoires et eaux territoriales. La Chine revendique en outre les îles Spratley et Paracels, faisant pression sur les sociétés occidentales pour qu’elles se retirent des entreprises communes établies avec le Vietnam pour exploiter les richesses potentielles pétrolières et gazières de ces îles. Des navires de guerre chinois ont ouvert le feu sur des bâteaux de pêche vietnamiens pour les empêcher de pêcher dans les eaux disputées.

Dans un appel lancé en mars 2009, Thich Quang Do s’est élevé contre la récente concession du Vietnam à la Chine concernant le projet d’exploitation de la bauxite sur les Hauts-Plateaux du Centre du pays. Ce projet a suscité la protestation massive des scientifiques, des écologistes et même des experts militaires au Vietnam du fait des dommages que la mine à ciel ouvert causerait à l’environnement, en polluant les eaux, en constituant des montagnes de boues toxiques et en menaçant le style de vie et l’environnement des milliers de membres des minorités ethniques qui vivent dans la région. Le projet constitue également une menace contre la défense nationale. Les Hauts-Plateaux sont une zone militaire stratégique à la croisée des frontières entre le Cambodge, le Laos et le Vietnam. Or, des dizaines de milliers d’ouvriers chinois sont déjà installés dans cette zone. Chinalco — une société bien connue en Australie — figure parmi les compagnies en charge du projet. En mai 2009, Thich Quang Do a appelé tous les Vietnamines à un mois de mai de désobéissance civile et leur a demandé de manifester chez eux pour protester contre ce projet (2).

M. Ai et la délégation de l’EBUV ont exprimé leurs préoccupations concernant les menaces chinoises contre la souveraineté vietnamienne et celle des autres nations sud-est-asiatiques, les efforts chinois pour contrôler les routes maritimes, et les graves conséquences qu’ils impliqueront pour toute la région Asie-Pacifique. Dans la mesure où l’Australie est un important partenaire commercial et a de bonnes relations avec le Vietnam, la délégation a appelé le gouvernement australien à :

– Tenir compte de ces sérieuses préoccupations et à se joindre aux autres démocraties de la région Asie-Pacifique afin d’examiner les voies pour assurer la sécurité dans la région ;

– Utiliser les bonnes relations de l’Australie pour presser le Vietnam à améliorer concrètement la situation des droits de l’Homme en :

1) restaurant le statut légitime de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam et en lui garantissant la pleine liberté d’activité. En tant que plus large mouvement de la société civile, l’EBUV peut jouer un rôle vital dans le développement spirituel, culturel, educatif, social économique ;

2) libérant le chef de l’EBUV Thich Quang Do et tous les autres prisonniers détenus pour avoir exercé pacifiquement leur liberté d’expression ou de religion, et en mettant un terme aux harcèlements et à la répression contre les membres de l’EBUV ;

3) autorisant la publication de médias privés, comme l’a demandé Thich Quang Do en 2000.

En conclusion, M. Ai a souligné que la liberté religieuse était la clef de la démocratisation au Vietnam. Il a appelé la Sous-Commission des droits de l’Homme à organiser une audition au Parlement australien sur la situation de l’EBUV et de son mouvement pour la liberté religieuse, la démocratie et les droits de l’Homme au Vietnam.


(1) Pour plus d’information sur l’EPU du Vietnam, voir Examen Périodique Universel du Vietnam 2009
(2) Pour plus d’information sur l’Appel de Thich Quang Do, voir Le chef de l’EBUV Thich Quang Do appelle à un mois de désobéissance civile et de manifestation à la maison en mai en protestation contre la destruction de l’environnement (BIIB, 1er avril 2009)

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