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Le Comité Vietnam dénonce la répression brutale contre la liberté religieuse au Vietnam

Forum des Peuple de l’ASEAN 2011 à Djakarta
Le Comité Vietnam dénonce la répression brutale contre la liberté religieuse au Vietnam

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DJAKARTA, 5 mai 2011 (VCHR) – Une délégation du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme (VCHR) participe à la Conférence de la Société Civile de l’ASEAN/Forum des Peuples de l’ASEAN (ACSC/APF) et aux événements associés du 30 avril au 7 mai 2011 à Djakarta, en Indonésie, pour attirer l’attention sur les violations massives des droits de l’Homme au Vietnam. L’ACSC/APF réunit tous les ans l’ensemble de la société civile du Sud-Est Asiatique, en marge de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’ASEAN. Il rassemble cette année 1300 participants venus des dix pays membres de l’ASEAN ainsi que du Timor de l’Est, de Chine, de Corée du Sud, du Japon, des Etats-Unis, du Canada et d’Europe (France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède…). Les préoccupations de la société soulevées lors de l’ACSC/APF seront transmises aux dirigeants de l’ASEAN lors du Sommet qui aura lieu ce week-end (7-9 mai).

S’exprimant sur les libertés civiles, M. Vo Tran Nhat, Secrétaire Exécutif du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, a rendu hommage à la démocratie indonésienne, qui préside, cette année, l’ASEAN, et mis en avant le contraste avec le totalitarisme vietnamien qui, à la tête de l’ASEAN et de sa toute nouvelle Commission Intergouvernementale des Droits de l’Homme, avait l’an dernier fait censurer par le gouvernement thaïlandais la présentation à Bangkok du rapport de la FIDH et du VCHR sur la situation des droits de l’Homme au Vietnam. Les délégués de la FIDH avaient également été interdit d’assister à l’ACSC/APF de Hanoi.

M. Vo Tran a dénoncé la vision des autorités de Hanoi qui font de l’exercice des droits de l’Homme et des principes démocratiques des « menaces contre la sécurité nationale », ajoutant que « la paranoïa du gouvernement grossit avec le développement rapide des nouvelles technologies de communication, de l’internet et des blogs ». Le Vietnam est ainsi « deuxième plus grosse prison du monde pour les « netizens » ».

Les violations vietnamiennes des droits de l’Homme ne sont cependant pas aussi bien relatées auprès de l’opinion internationale que celles commises en Chine ou en Birmanie. L’explication réside d’une part dans la propagande efficace du régime vietnamien qui a créé une politique des droits de l’Homme à deux faces : Il y a le discours « pour l’exportation seulement » qui, conforme aux attentes internationales, permet d’obtenir les aides et investissements étrangers, et il y a le discours « pour la consommation intérieure » fait de répression sauvage mais discrète.

D’autre part, en effet, une répression sophistiquée et quasi invisible a été mise au point par le gouvernement vietnamien qui « utilise les tactiques d’isolation, de harcèlement, d’assignation à résidence et de surveillance pour réduire au silence la dissidence. Ce ne sont pas seulement ceux qui critiquent la politique du gouvernement qui doivent faire face à la répression, mais aussi toute leur famille (les épouses ne peuvent pas travailler, les enfants sont exclus de l’école) ».

Le meilleur exemple de cette politique est la répression contre la liberté religieuse, en particulier contre l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique et indépendante). Malgré une répression sauvage après 1975 (arrestations et assassinat des dignitaires, enrôlement de force des bonzes dans l’armée, confiscations des biens de l’EBUV), le régime vietnamien a échoué à détruire l’EBUV et a cherché à prendre le contrôle du Bouddhisme vietnamien en créant, en 1981, une Eglise d’Etat et en interdisant l’EBUV.

En 2011, l’EBUV existe toujours et résiste, mais ses bonzes, ses nonnes et ses laïcs vivent dans un climat de peur, fait d’arrestations arbitraires, d’interrogatoires, de harcèlements, d’intimidations. Le chef de l’EBUV, Thich Quang Do, est aujourd’hui détenu sans charge dans sa pagode, le Monastère Zen Thanh Minh à Saigon. Il est en détention depuis plus de 28 ans pour s’être fait l’avocat de la liberté religieuse, des droits de l’Homme et de la démocratie.

Cette répression est organisée par un manuel top secret de 600 pages, publié à 1 million d’exemplaires numérotés, qui forme la « force de police religieuse » à « lutter contre les religions » et à promouvoir « le Bouddhisme à orientation socialiste ». Par ailleurs des milliers de policiers sont déguisés en bonzes ont infiltrés les pagodes de l’EBUV.

Mais les autorités vietnamiennes tentent de dissimuler ces persécutions avec des opérations de relations publiques comme l’organisation en grande pompe de la Journée du Vesak (anniversaire du Bouddha reconnu par l’ONU) en 2009, ou la construction d’immenses pagodes, comme la Pagode Bai Dinh à Ninh Binh.

Alors que le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme s’exprimait ainsi au Forum des Peuples de l’ASEAN, le Vietnam condamnait en appel Vi Duc Hoi, un journaliste internet, à 5 ans de prison et 3 ans d’assignation à résidence pour « propagande contre l’Etat » (29 avril 2011) et arrêtait, le 30 avril, Bui Chat, fondateur de Giay Vun Publishing, pour avoir reçu la semaine dernière le Prix International Publishers Association (IPA) de la Liberté de Publier 2011 à Buenos Aires. Il a été provisoirement relâché le 2 mai mais reste sous surveillance et soumis aux interrogatoires de la police.

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