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42e session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU : Le Vietnam viole la liberté religieuse et étouffe sa société civile au pays et à l’étranger

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GENÈVE, 18 septembre 2019 (VCHR) – Devant la 42e session du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU à Genève, Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme (AEDH) et le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme (VCHR) ont dénoncé les violations systématiques des droits de l’Homme et de la liberté de religion ou de conviction au Vietnam ainsi que le refus des autorités de Hanoi d’un dialogue véritable et sincère avec la communauté internationale et avec sa propre société civile.

Dans leur intervention, les organisations ont rappelé les paroles du chef de la délégation vietnamienne Lê Hoài Trung accusant, lors de l’Examen Périodique Universel (EPU) du Vietnam en juillet 2019, les ONG critiques de la situation des droits de l’Homme d’être « partiales et irresponsables ». Ces paroles ne sont pas anodines et traduisent une véritable politique qui non seulement méprise la société civile à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, mais cherche à la faire taire où qu’elle se trouve. Le VCHR et AEDH se sont d’ailleurs demandé devant le Conseil : « Si nous étions au Vietnam, sans doute serions-nous déjà en prison ! »

Depuis le XIIe Congrès du Parti Communiste du Vietnam (PCV), en janvier 2016, la répression contre toutes les formes d’expression libre s’est aggravée au point que le Vietnam vient d’être classé à la 6e place des pays les répressifs en matière de liberté d’expression par CPJ. Le nombre de prisonniers politiques et religieux est d’au moins 130 et continue d’augmenter : le blogueur Lê Văn Sinh a ainsi été condamné, le 5 septembre dernier, à 5 ans de prison pour « abus des libertés démocratiques pour nuire aux intérêts de l’État » (article 331 du Code pénal) pour des posts critiquant les dirigeants vietnamiens sur sa page Facebook.

La répression gouvernementale dépasse aujourd’hui les frontières du pays. Ces dernières années les autorités vietnamiennes ont en effet kidnappé plusieurs dissidents à l’étranger, avec ou sans l’aide des pays concernés, le dernier en date étant le blogueur et journaliste de Radio Free Asia Trương Duy Nhất, enlevé en janvier 2019 en Thaïlande où il avait demandé la protection du HCR et détenu depuis au Vietnam. De façon moins tragique mais tout aussi significative, le Vietnam a refusé d’accueillir ou expulsé des militants d’ONG internationales pourtant dûment invités, et a demandé à plusieurs reprises à la Thaïlande ou l’Indonésie d’interdire l’entrée de leur territoire aux dirigeants du VCHR.

« Le respect des droits de l’Homme n’a jamais été la priorité du régime de Hanoi, qui y voit d’ailleurs une menace pour sa survie. Ce qui est nouveau c’est que, ces dernières années, le gouvernement affirme de plus en plus clairement son rejet des libertés fondamentales, de la démocratie et du pluralisme, a dit le Président du VCHR Võ Văn Ái. « En avril 2018, dans la foulée des condamnations jusqu’à 15 ans de prison des membres de la Fraternité pour la Démocratie, le Vietnam avait expressément dit que la promotion de la démocratie et du pluralisme était synonyme d’activité visant à renverser le gouvernement ».

De manière tout aussi grave, le Vietnam refuse ostensiblement tout dialogue sérieux sur les droits de l’Homme et la liberté de religion ou de conviction que ce soit avec la société civile internationale ou avec les États membres de l’ONU. Lors de la conclusion de son EPU en juillet dernier, le Vietnam a ainsi rejeté les critiques et recommandations les plus pertinentes d’un grand nombre de gouvernements pour la raison fallacieuse qu’elles étaient « polémiques », « inexactes » ou « déplacées » au regard du droit des peuples à l’auto-détermination. Ces recommandations portaient sur des points essentiels comme la « sécurité nationale », les prisonniers de conscience, la liberté d’expression et de la presse, la liberté de religion ou de conviction, l’impunité ou les conditions de détention.

En matière religieuse, la surdité des autorités vietnamiennes est flagrante et désastreuse. Ignorant les demandes et recommandations des religions consultées et de la communauté internationale, la Loi sur la Croyance et la Religion, entrée en vigueur en janvier 2018, est incompatible avec le droit international et sert de base légale à une répression accrue des groupes religieux indépendants comme l’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam, les Églises à domicile protestantes, les Hoa Hao, les Cao Dai ou les Bouddhistes Khmers Krom.

En effet, cette Loi n’accorde la personnalité juridique qu’aux religions reconnues par l’État, met hors-la-loi toutes les autres et leur interdit toute tolérance. Alors que les religions indépendantes vietnamiennes sont restées des acteurs forts et vivaces de la société civile vietnamienne malgré les guerres, les révolutions, les répressions et autres crises, elles sont systématiquement, et plus encore aujourd’hui, victimes de « harcèlements, intimidation, surveillance, confiscation de leurs biens, arrestations et emprisonnements » pour des raisons purement arbitraires. Le VCHR et AEDH ont appelé le Vietnam à écouter ces religions et plus généralement la société civile pour « l’établissement d’une société plus juste au Vietnam ».

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