PARIS, 30 novembre 2017 (VCHR) – Le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme dénonce fermement la condamnation en appel, aujourd’hui à Nha Trang, de la blogueuse et défenseure des droits de l’Homme Nguyễn Ngọc Như Quỳnh (alias Mẹ Nấm) à 10 ans d’emprisonnement pour « propagande contre l’État » (article 88 du Code pénal). Les juges vietnamiens ont, sans surprise, confirmé la sentence en première instance prononcée le 29 juin dernier. Sa mère et les manifestants venus la soutenir devant le tribunal ont été passés à tabac par des policiers en civil.
La condamnation en appel de Nguyễn Ngọc Như Quỳnh, qui intervient la veille même du Dialogue UE-Vietnam sur les droits de l’Homme, est inique car elle a été prononcée au cours d’un procès entaché d’atteinte aux droits de la défense. Dimanche dernier, son avocat, Me Võ An Đôn, a été soudainement et arbitrairement radié du Barreau par les autorités. Par ailleurs, cette condamnation se fonde sur l’article 88 du Code pénal qui est de longue date dénoncé par la communauté internationale comme incompatible avec le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel est partie le Vietnam depuis 1982.
Le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU avait reconnu, le 30 mai 2017, Nguyễn Ngọc Như Quỳnh comme victime de détention arbitraire, considérant que son arrestation et sa détention « visaient à restreindre ses activités de défenseur des droits de l’Homme ». En outre, sa santé s’est fortement dégradée en détention.
« Ce que lui reprochent les autorités vietnamiennes n’est que l’exercice la plus basique de la liberté d’expression. C’est aussi la préoccupation d’une citoyenne inquiète des affaires publiques et de l’avenir de son pays », a dit le Président du VCHR Võ Văn Ái. « C’est surtout le courage d’une personnalité qui a compris depuis longtemps la stratégie de la peur mise en œuvre par le régime de Hanoi et dont elle est la victime aujourd’hui ».
Nguyễn Ngọc Như Quỳnh avait dénoncé sur son blog, dès 2011, la répression qui instillait « la peur chez chacun d’entre nous qui doucement et inexorablement opprime notre vitalité et notre futur proche. Dissiper cette peur est le défi le plus urgent qu’il nous faut relever ». Sa condamnation aujourd’hui, tout comme celle du blogueur Nguyễn Văn Hoá lundi dernier, vise en effet plus à dissuader de s’exprimer librement sur les problèmes de la société vietnamienne qu’à sanctionner de véritables crimes.
Détenue depuis le 10 octobre 2016, Nguyễn Ngọc Như Quỳnh a été l’un des tout premiers défenseurs des droits de l’Homme à recourir à l’internet et aux réseaux sociaux pour documenter les violations des droits de l’Homme commises par les autorités vietnamiennes. Depuis sa première arrestation en 2009, elle a sans relâche critiqué le Gouvernement sur un large éventail de sujets sociaux et politiques.
En avril 2016, elle avait écrit sur la gestion déplorable par le Gouvernement des graves problèmes de pollution des eaux et de la mort massive des poissons causée par les déchets toxiques libérés par la société taïwanaise Formosa Plastics dans trois provinces côtières du Vietnam. Dans un important document intitulé « Stop aux meurtres des civils par la police » fondé sur les articles de la presse officielle, Như Quỳnh avait révélé nombre de cas de brutalités policières et de torture qui avaient conduit à des décès en détention.
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