Le Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) vient d’être informé que la Sécurité de Ho Chi Minh Ville (Saigon) a arrêté, ce matin, le bonze bouddhiste Thich Nguyen Vuong, membre de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, interdite depuis 1981), alors qu’il quittait le Monastère Zen Thanh Minh où il venait de rendre visite au deuxième dignitaire de l’EBUV Thich Quang Do. Thich Nguyen Vuong a cependant réussi à échapper à la police et à se réfugier dans le Monastère Zen Thanh Minh, où il demeure jusq’à présent. Les policiers sont à présent postés à l’extérieur et risquent de l’appréhender s’il tente de sortir. C’est la seconde fois en l’espace de moins de deux semaines qu’un bonze de l’EBUV est arrêté après avoir rendu visite à Thich Quang Do. Le BIIB est profondément préoccupé du fait que le Vietnam cherche délibérément à isoler le plus important dissident de l’EBUV pour l’empêcher de lancer ses appels pour la liberté religieuse et la démocratie au Vietnam.
Thich Nguyen Vuong a appelé le Directeur du BIIB, M. Vo Van Ai, depuis un le Monastère Zen Thanh Minh, grâce à un téléphone portable, afin de rapporter l’incident et demander l’aide. M. Ai assiste actuellement à la 61ème session de la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies, à Genève, où la liberté religieuse est un des points essentiels des débats.
Thich Nguyen Vuong a dit avoir été arrêté par la police de la circulation à 10h30 du matin dans la rue Tran Huy Lieu, alors qu’il quittait le Monastère Zen Thanh Minh, sur sa Honda, pour la Pagode Gia Lam, où il réside. La Police a demandé à voir ses papiers. Thich Nguyen Vuong a répondu qu’il les avait oublié au Monastère Zen Thanh Minh et y est retourné pour les récupérer. C’est alors qu’un groupe de plus de 20 agents en civil de la police secrète ont surgi. Deux d’entre eux se sont emparés de Thich Nguyen Vuong et l’ont emmené vers le poste de police, juste en face du Monastère. Thich Nguyen Vuong a protesté en disant que la police n’avait aucune raison de l’arrêter et en demandant qu’on le laisse aller chercher ses papiers. Un des agents de la Sécurité, qui était visiblement le responsable de l’opération, a rejeté sa requête et ordonné que les policiers bloquent l’entrée du Monastère Thanh Minh. A cet instant, les Bouddhistes du Monastère sont sortis et ont entouré Thich Nguyen Vuong qui a pu échapper aux policiers et trouver refuge dans le Monastère.
L’arrestation de Thich Nguyen Vuong est la réplique exacte de l’incident qui a vu, le 30 mars dernier, le bonze de l’EBUV Thich Vien Phong être arrêté après sa visite au deuxième dignitaire de l’EBUV Thich Quang Do. Thich Vien avait également été intercepté pour une infraction routière, puis détenu pour interrogatoire par la police politique. Les policiers avaient confisqué la caméra vidéo de Thich Vien Phuong qui contenait le message Que Thich Quang Do destinait à la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies, et l’avaient soumis à des interrogatoires pendant plusieurs jours.
En dépit de cela, l’EBUV avait réussi à envoyer clandestinement une version audio du message au Directeur du BIIB Vo Van Ai. Cette rare déclaration publique en anglais du plus éminent dissident bouddhiste a été communiquée à la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies. Dans son intervention orale à la Commission des Droits de l’Homme, M. Vo van Ai a dénoncé la confiscation du message vidéo de Thich Quang Do comme “une grave violation du droit à la liberté d’opinion et d’expression garanti par l’article 19 du Pacte des Nations Unies relatif aux droits civils et politiques, auquel est Partie le Vietnam. L’article 19 garantit le droit pour quiconque “de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières””.