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La Sécurité s’en prend à Thich Quang Do pour empêcher les bonzes de l’EBUV d’assister à une commémoration bouddhiste – La presse officielle lance une campagne de dénigrement contre Thich Quang Do et les Comités provinciaux de l’EBUV

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l Samedi 19 novembre 2005, à 8h00 du matin, heure locale, les Bouddhistes se sont heurtés à la Sécurité devant le Monastère Zen Thanh Minh à Saigon qui s’en est pris physiquement au Vénérable Thich Quang Do, numéro deux de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante et interdite depuis 1981). Thich Quang Do quittait le monastère pour présider une cérémonie de commémoration à la Pagode Giac Hoa (Saigon), en l’honneur du Maître Zen Nguyen Thieu, fondateur de l’Ecole bouddhiste “Lam Te”, dans la province de Binh Dinh et à Hue, en 1675. Cette cérémonie de commémoration se tient habituellement dans la province de Binh Dinh, mais les autorités communistes locales ont interdit au Patriarche Thich Huyen Quang de l’organiser dans le Monastère Nguyen Thieu, où il est actuellement détenu. Le 13 novembre 2005, Thich Huyen Quang a envoyé une lettre aux Bouddhistes du pays, les pressant de ne pas risquer les représailles en se rendant à Binh Dinh, et d’organiser les cérémonies dans leurs propres pagodes.

Selon les sources de l’EBUV, tout a commencé le vendredi 18 novembre, lorsque la police a appris que de nombreux dignitaires de l’EBUV avaient prévu d’assister à la cérémonie à Saigon. Afin d’empêcher un tel événement, le Comité populaire a envoyé des convocations à tous les bonzes de l’EBUV, y compris les Vénérables Thich Quang Do, Thich Nguyen Ly, Thich Khong Tanh, Thich Nhat Ban etc. pour des “sessions de travail” (interrogatoires) à 8h00 du matin le samedi, en même temps que la cérémonie. Tous les bonzes et nonnes de l’EBUV dans les provinces du centre du Vietnam jusqu’au Delta du Mékong ont reçu des convocations similaires de la part des autorités communistes locales, de la police et du Bureau des Affaires religieuses, qui leur ont interdit de se rendre à Saigon. Depuis vendredi soir, les lignes téléphoniques et l’accès à internet ont été coupés à la Pagode Giac Hoa, et les communications par téléphones portables sont brouillées.

Samedi matin, à 8h00, six bonzes de l’EBUV sont venus au Monastère Zen Thanh Minh afin d’accompagner Thich Quang Do jusqu’à la Pagode Giac Hoa. 50 membres de la Sécurité, en civil et en uniforme, se tenaient déjà dans la cour du Monastère. Lorsque Thich Quang Do est descendu, 10 agents de la Sécurité se sont précipités vers les escaliers afin de le repousser à l’intérieur. Mais les bonzes se sont interposés, ont entouré le dignitaire de l’EBUV pour l’escorter dehors. Les policiers ont ordonné à Thich Quang Do de les accompagner pour l’interrogatoire, mais il a refusé, répliquant qu’il devait d’abord remplir ses obligations religieuses et qu’il s’occuperait de l’interrogatoire plus tard.

Alors que Thich Quang Do marchait calmement vers la porte du Monastère, les policiers se sont saisi de lui et ont tenté de le ramener de force à l’intérieur, déchirant sa robe de bonze. Le bonze de l’EBUV Thich Thien Minh, libéré après 26 ans de camp de rééducation au début de cette année, s’est mis entre Thich Quang Do et les policiers, les défiant de l’arrêter à la place de Thich Quang Do. “J’ai l’expérience de votre politique de discriminations religieuses depuis 26 ans”, a-t-il dit, “je n’ai pas peur”. Puis face à la persistance de la Sécurité pour s’emparer du deuxième dignitaire de l’EBUV, Thich Thien Minh s’est écrié : “La Police attaque notre Maître ! C’est une violation de la liberté religieuse”. Une foule a commencé à s’assembler dans la rue Tran Huy Lieu et s’est jointe au bonze en criant des protestations contre les persécutions religieuses.

Face à cette foule et à la tension croissante, les policiers ont finalement laissé partir Thich Quang Do et les six bonzes pour la Pagode Giac Hoa. Les véhicules de la police ont toutefois suivi la délégation. Les bonzes de l’EBUV ont rapporté au Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) que plusieurs centaines de policiers ont encerclé la Pagode Giac Hoa pendant toute la journée. Un certain nombre de membres de la Sécurité se faisant passer pour des Bouddhistes ont infiltré la pagode et ont filmé tout le déroulement des cérémonies, prenant également des photos de toutes les personnes présentes. En dépit des restrictions, plus de 100 éminents bonzes et nonnes représentant l’EBUV dans tout le pays ont défié les contrôles de la police et assisté aux cérémonies de commémoration. Le Vénérable Thich Quang Do est revenu, choqué et épuisé, au Monastère Zen Thanh Minh l’après-midi. Il est cependant sain et sauf. La situation reste tendue. Les communications avec la Pagode Giac Hoa n’ont toujours pas été rétablies à ce jour (dimanche 20 novembre 2005).

La Pagode Giac Hoa, dans l’arrondissement Binh Thanh, reste sous la surveillance constante de la police depuis octobre 2003, lorsque le Bonze Supérieur Thich Vien Dinh avait été nommé dans l’équipe dirigeante de l’EBUV et par conséquent placé en résidence surveillée par les autorités à l’occasion de la campagne de répression anti-EBUV d’octobre 2003. Thich Vien Dinh est Vice-Président de l’Institut Exécutif de l’EBUV (Vien Hoa Dao).

l A la suite de l’annonce par le Département d’Etat américain, le 8 novembre 2005, du maintien du Vietnam sur la liste des “pays particulièrement préoccupants” (“Countries of Particular Concern”, CPC) en matière de liberté religieuse, le régime de Hanoi a réagi en montant d’un cran dans les menaces et la répression contre l’EBUV. Les principales cibles de cette répression sont les Comités provinciaux créés par l’EBUV entre juillet et octobre 2005 dans les provinces Quang Nam-Danang, Thua Thien Hue, Binh Dinh, Khanh Hoa Ba Ria-Vung Tau, Dong Nai, Hau Giang et An Giang pour aider les populations pauvres de ces régions. Dans le même temps, une campagne de dénigrement a été lancée dans la presse officielle contre Thich Quang Do, dénonçant ces comités locaux de l’EBUV comme des “impostures” et comme “illégaux”. La sécurité a procédé à des interrogatoires systématiques des bonzes, nonnes et laïcs bouddhistes, les menaçant pour qu’ils démantèlent ces comités et qu’ils rompent tout lien avec l’EBUV.

– Le 11 novembre 2005, le Comité populaire de Thua Thien Hue a envoyé une notification au Vénérable Thich Quang Do et au Vénérable Thich Thien Hanh (réf. 3592/UBND-XH) déclarant “illégale” la création du comité de l’EBUV dans la province de Thua Thien Hue. Il ordonnait à Thich Quang Do de démanteler immédiatement ce comité, déclarant que toute activité de ce comité se ferait “en violation de la loi” ;

– Le 11 novembre 2005, le Comité Exécutif de l’Eglise Bouddhiste du Vietnam (EBV, Eglise d’Etat) a publié une “Déclaration” (réf. 418/TB/HDTS) réfutant “l’imposture” de “certains individus” au sein de l’EBUV qui “cherchent à rétablir une organisation qui a été absorbée par l’EBV en 1981” ;

– Le 14 novembre 2005, le Vénérable Thich Thanh Tu, Vice-Président du Conseil Exécutif de l’EBV, a dénoncé la création des comités provinciaux de l’EBUV par Thich Quang Do comme une “imposture”. Parlant à l’Agence Vietnamienne d’Information (agence de presse d’Etat), il a accusé Thich Quang Do d’avoir signé “des décisions [qui sont] invalides légalement et contraires et à la Charte du Sangha Bouddhiste du Vietnam et à la loi de l’Etat vietnamien”, et a averti qu’il s’agissait “d’une tentative de saboter la solidarité dans l’organisation bouddhiste et de porter atteinte à l’intérêt national”. La déclaration de Thich Thanh Tu est clairement une menace contre Thich Quang Do et les dignitaires de l’EBUV. Sous l’empire des articles du Code pénal vietnamien portant sur la notion fourre-tout de “sécurité nationale”, les crimes de “sabotage de la solidarité” et “atteinte à l’intérêt national” sont punissables de très lourdes peines de prison.

– Le 14 novembre 2005, la Sécurité et les cadres communistes locaux de Hue ont émis un ordre verbal de “détention administrative” contre le Vénérable Thich Thien Hanh. Ils lui ont interdit de quitter la Pagode Bao Quoc et l’ont placé sous surveillance policière.

Des déclarations semblables ont été prises par les autorités locales contre les membres des Comités provinciaux de l’EBUV, dans les provinces de Binh Dinh (réf. 02/TB-BTG, 9 novembre 2005), Danang (réf. 5978/VP-NCPC, 14 novembre 2005), etc., et les membres de ces comités font l’objet de harcèlements et d’intimidations. Le 15 novembre 2005, Thich Chonh Tam, Président du Comité provincial de l’EBUV de la province de An Giang, a été menacé par la Sécurité pour qu’il démissionne et coupe tout lien avec l’EBUV.

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