PARIS, 14 janvier 2014 (BIIB) – A 8h00 du matin (heure locale), le Vénérable Thich Chon Tam, bonze de l’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV), a été intercepté et attaqué par des agents en civil de la Sécurité alors qu’il se rendait à mobylette à Ho Chi Minh Ville (Saigon). Lorsqu’il s’est arrêté au feu rouge près du pont Nguyen Van Cuc, un véhicule immatriculé 55 P8 4324 s’est arrêté net devant lui tandis qu’une autre voiture l’emboutissait par l’arrière. Des agents en civil de la Sécurité en s’ont sortis et se sont mis à le molester. Thich Chon Tam a crié et appelé à l’aide. Alors qu’une foule se rassemblait, un troisième véhicule a soudainement jailli et un homme (visiblement leur chef) a ordonné aux policiers en civil de partir : « Ça suffit pour le moment » a-t-il dit.
Thich Chon Tam, qui est le nouveau Secrétaire général de l’Institut du Sangha de l’EBUV et l’assistant du Patriarche Thich Quang Do, est depuis plusieurs jours la cible d’une étroite surveillance policière et de harcèlements. Le 8 janvier dernier, il a été expulsé de la ville de Hue par la police et forcé de revenir à Saigon après sa tentative d’assister à une cérémonie de commémoration de l’EBUV. Depuis lors, la police surveille en permanence la Pagode Tu Hieu à Saigon, où il réside temporairement, et le suit dans ses moindres déplacements. Dans une communication urgente à destination du Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB), ce matin, Thich Chon Tam a écrit : « Comment le Vietnam peut-il accueillir la Journée Internationale du Vesak de l’ONU quand la police passe à tabac et intimide ainsi les bonzes bouddhistes en plein jour dans les rues de Saigon ? »
Répression contre l’EBUV
Les harcèlements policiers contre Thich Chon Tam ne sont pas un incident isolé. Ils font partie d’une campagne de répression en cours contre les membres de la nouvelle équipe dirigeante de l’EBUV, dont la composition a été annoncée par Thich Quang Do au début du mois de janvier 2014. La répression est particulièrement dure à Hue, où la police a empêché le nouveau numéro deux de l’EBUV Thich Nhu Dat d’organiser la cérémonie de la Journée de Mémoire, le 10 janvier, à la Pagode Long Quang, siège du nouveau Secrétariat de l’EBUV.
Thich Nhu Dat a dit au BIIB que la police avait systématiquement intercepté et menacé les 300 bonzes, nonnes et chefs de la jeunesse de l’EBUV venus de toutes les provinces du sud et du centre du pays. Des contrôles policiers ont été imposés à l’aéroport et à la gare, et les routes menant de l’Autoroute n°1 à l’entrée de la pagode ont été bloquées par nombre de barrages. Plus de 100 policiers ont encerclé la Pagode Long Quang et plusieurs dignitaires du mouvement de la jeunesse de l’EBUV ont été menacés, harcelés et assignés à résidence (voir plus bas).
Thich Nhu Dat a dit que ses bonzes et lui-même ont mené la cérémonie malgré l’interdiction et étaient déterminés à ne pas céder devant les gestes d’intimidation de la police. « Ils nous ont dit de ne pas célébrer la Journée de la Mémoire car (a) l’EBUV est interdite, (b) tous ceux qui suivent l’EBUV violent la loi, et (c) Thich Nhu Dat est un bonze réactionnaire. La vérité, c’est que l’EBUV se préoccupe de la souffrance du peuple vietnamien. Nous en appelons aux droits de l’Homme, non pas seulement pour les Bouddhistes mais pour les 90 millions de Vietnamiens. Je suis peut-être « réactionnaire » aux yeux de la police, mais cela ne m’empêchera pas de soutenir le mouvement pacifique de l’EBUV pour la liberté religieuse et les droits de l’Homme emmené par notre Patriarche Thich Quang Do ».
« Une simple signature peut vous mener en prison ! »
Le chef du Mouvement Bouddhiste de la Jeunesse Lê Công Câu, nouvellement nommé au poste de Secrétaire général de l’Institut Exécutif de l’EBUV, a été arrêté lors de cette répression du 1er janvier 2014 et se trouve toujours assigné à résidence. Il lui est interdit de sortir ou de recevoir des visites. La police stationne devant sa porte et il est l’objet de « sessions de travail » (interrogatoires) deux fois par jour. La police l’a menacé de l’emprisonner s’il ne démissionnait pas de sont poste au sein de l’EBUV. A l’issue de chaque interrogatoire, la Sécurité lui lance cet avertissement : « Une simple signature peut vous mener en prison ! »
Jusqu’à présent, 23 dirigeants du Mouvement Bouddhiste de la Jeunesse ont été arrêtés lors de cette vague de répression et sont actuellement assignés à résidence. Il s’agit de : Ho Nguyen Minh, Y, Ho Van Nich, Hoang Nhu Dao, Hoang Tanh, Hoang Thi Hong Phuong, Lê Cong Cau, Lê Nhat Thinh, Lê Van Thanh, Ngo Duc Tien, Nguyen Chien, Nguyen Dinh Mong, Nguyen Duc Khoa, Nguyen Sac, Nguyen Tat Truc, Nguyen Thi Huong, Nguyen Van De, Truong Dien Hieu, Truong Minh Dung, Truong Trong Thao, Van Dinh An, Van Dinh Tat, Van Thi Hieu, Van Tien Nhi.
La nonne de l’EBUV Thich Nu Dong Hieu frappée à Danang
A 4h00 du matin, le 10 janvier 2014, alors que le Vénérable Thich Thanh Quang et une jeune nonne, Thich Nu Dong Hieu, de la pagode Giac Minh à Danang, avaient appelé une voiture pour les emmener à Hue pour le service de la Journée de Mémoire à Hue, la Sécurité a encerclé la pagode et les a refoulés à l’intérieur. A 7h00, toute une troupe de policiers a de nouveau fait irruption dans la pagode, criant des insultes. Lorsque Thich Thanh Quang leur a ordonné de quitter les lieux, un officier de police à la carrure imposante s’en est violemment pris à Thich Nu Dong Hieu, la giflant à de nombreuses reprises jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse.
Le Bureau International d’Information Bouddhiste déplore les harcèlements policiers contre les Bouddhistes non-violents. Le Vietnam est Partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et a l’obligation de respecter la liberté de religion et de croyance. Le BIIB en appelle à la communauté internationale pour qu’elle demande au gouvernement vietnamien des améliorations spécifiques à la situation de la liberté religieuse, lors du prochain Examen Périodique Universel devant le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, le mois prochain. Il est en particulier nécessaire que le statut légitime de l’EBUV soit rétabli, que le chef de l’EBUV Thich Quang Do et tous ceux qui sont détenus pour l’exercice pacifique de leurs croyances religieuses soient libérés.