PARIS, 23 août 2007 (BIIB) – Le Vénérable Thich Khong Tanh, Commissaire des Affaires Sociales et Humanitaires de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, interdite en 1981), a été arrêté par la Sécurité vietnamienne à Hanoi à 8h00 (heure locale) ce matin alors qu’il distribuait de l’aide aux paysans et fermiers venus manifester devant la Bureau des Plaintes du Gouvernement, sis au 110 rue Cau Giay. On est sans nouvelles de lui depuis.
Thich Khong Tanh est arrivé à Hanoi, cette semaine, avec une délégation de l’EBUV pour distribuer l’aide collectée à la suite de l’Appel pour Sauver les Victimes d’Injustices lancé par le deuxième dignitaire de l’EBUV Thich Quang Do, le 10 août 2007. Le Vénérable Thich Quang Do avait lancé cet appel après la marche de centaines de paysans et fermiers, connus sous le nom de « Victimes d’Injustices » (Dan oan) sur Hanoi et Ho Chi Minh Ville, au mois d’août, pour protester contre les confiscations de terres par l’Etat, la corruption des fonctionnaires et cadres communistes ainsi que les indemnités dérisoires. Dans son Appel, Thich Quang Do rappelle que les paysans ont manifesté continuellement depuis les années 1980, mais que le gouvernement n’a rien fait pour répondre à leurs doléances. « Ces « Victimes d’Injustices » ont gravement souffert dans le passé et continueront de souffrir dans l’avenir. Tant que nous n’obtiendrons pas justice dans ce pays, ils continueront de souffrir. Nous devons agir immédiatement pour aider ces gens dans leur sinistre situation ».
Dans son Appel, que le Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) a fait circuler dans le monde entier, le Vénérable Thich Quang Do a annoncé la création au sein de l’EBUV d’un « Fonds pour les Victimes d’Injustices » et appelé les Bouddhistes et les Vietnamiens dans le pays et à l’étranger d’apporter d’urgence leur soutien. Il a appelé les Vietnamiens « à tenir compte des souffrances de notre peuple et à agir pour aider les « Victimes d’Injustices » qui, dans tout le pays, vivent depuis des années dans la misère, en marge de la justice, complètement ignorés par les autorités ». La communauté des Vietnamiens à l’étranger a répondu à cet Appel de Thich Quang Do avec un formidable enthousiasme. L’EBUV a commencé à distribuer son aide avec cette première délégation emmenée par Thich Khong Tanh à Hanoi.
Thich Khong Tanh et la délégation de l’EBUV comptaient commencer la distribution hier, 22 août, mais une foule de policiers encerclait les manifestants devant le Bureau des Plaintes du Gouvernement, dans la rue Cau Giay. Face à cette situation tendue, la délégation a décidé de retarder son action jusqu’à ce matin. Après l’arrivée de Thich Khong Tanh et de sa délégation, à 8h00 du matin, les véhicules de la police se sont déployés et ont bloqué tous les accès à la rue Cau Giay. Les policiers ont commencé à pousser les manifestants dans des bus pour les évacuer. Thich Khong Tanh a réussi à contacter le reste de sa délégation par téléphone portable pour l’informer qu’il avait été arrêté. Sa ligne a ensuite été coupée.
La délégation bouddhiste de l’EBUV a rapporté que nombre des personnes qui soutenaient le mouvement des paysans avaient été arrêtées durant la nuit. La nonne bouddhiste Thich Nu Dam Binh a été arrêtée et emmenée à Ha Tay du fait de ses contacts avec la délégation de l’EBUV.
Déjà, le 17 juillet 2007, le Vénérable Thich Quang Do avait réussi à échapper à sa résidence surveillée pour exprimer sa solidarité aux paysans qui manifestaient devant la Représentation de l’Assemblée Nationale dans le sud du pays, à Ho Chi Minh Ville. Il avait alors exhorté : « Tout d’abord, nous devons régler les questions pressantes de la justice, des droits de la terre et des indemnisations des paysans. Mais après cela, nous devons tous travailler ensemble pour les droits de l’Homme, la démocratie et la liberté. Chacun doit faire sa part. Nous devons travailler ensemble jusqu’à ce que nous obtenions la démocratie, la liberté et les droits de l’Homme pour tous les Vietnamiens. Il ne peut y avoir de justice dans un Etat à Parti unique ».