PARIS, 28 août 2006 – Le gouvernement vietnamien envisage de libérer 5313 prisonniers, à l’occasion de la fête nationale, le 2 septembre prochain. Parmi eux devraient figurer, selon le Vice-Ministre de la Sécurité Publique, quatre dissidents, dont le cyberdissident Pham Hong Son, le dignitaire protestant Ma Van Bay et de Y’ Oal Nie (de la minorité ethnique Ede). M. Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme et Vice-Président de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) se félicite de ces libérations “surtout pour ce qui concerne Pham Hong Son, dont la santé s’est très gravement détériorée en prison”. Mais il rappelle que “Pham Hong Son et les trois autres dissidents amnistiés sont toujours condamnés à des peines de résidence surveillée (3 ans en ce qui concerne Pham Hong Son). Ils seront bien libérés mais pas libres”.
M. Vo Van Ai “regrette le nombre très faible de prisonniers de conscience libérés, 4 sur 5313. Cette amnistie au compte-gouttes ne sert que la propagande du régime alors que la législation anti-dissidents se renforce chaque jour et que des centaines de prisonniers politiques ou religieux sont toujours détenus dans les camps”. Au mois de juin 2006, le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme avait informé le tout nouveau Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU que les dissidents Nguyen Khac Toan et Thich Thien Minh avaient dénombré respectivement 241 prisonniers de conscience dans une seule section de la Prison Ba Sao à Nam Ha (nord du Vietnam) et 66 dans le camp de rééducation Z30A à Xuan Loc, province de Dong Nai (sud du Vietnam). Il y aurait plus de 800 prisons et camps de travail au Vietnam.
“A côté de ces 800 prisons, n’oublions pas les si nombreuses maisons et pagodes où sont assignés ceux que le régime de Hanoi accuse de vouloir ou pouvoir menacer la “sécurité nationale”. Ce sont des prisons à domicile. Incarcérés sans jugement de par le décret 31/CP sur la “détention administrative”, ces détenus ne peuvent même pas espérer une amnistie ! Et que dire du Patriarche de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam Thich Huyen Quang et au Vénérable Thich Quang Do qui croupissent dans leur pagode-prison depuis des années, sans que le gouvernement vietnamien n’ait même le courage d’avouer leur détention !” a rappelé M. Vo Van Ai.
Le gouvernement vietnamien espère que les Etats-Unis lui accordent dans les mois qui viennent le statut de Relations Commerciales Normales Permanentes (PNTR, clause de la nation la plus favorisée) et une place au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce. Ces libérations interviennent en outre peu avant la visite du Président Bush, à l’occasion du sommet de l’APEC, au mois de novembre 2006, et “ne doivent pas être interprétées comme une ouverture du régime” a dit Vo Van Ai. “Bien au contraire, la liberté politique et religieuse est inexistante au Vietnam. Et n’oublions pas que Pham Hong Son qui, sera relâché seulement sept mois avant le terme de sa peine, a été condamné pour avoir traduit un texte expliquant ce qu’est la démocratie !”
Le régime vietnamien a pris l’habitude d’amnistier des milliers de détenus lors des grandes occasions comme la Fête nationale (2 septembre) ou le Nouvel An Lunaire (février-mars). En dépit des chiffres annoncés par le gouvernement, le véritable nombre et l’identité des prisonniers amnistiés restent difficile à vérifier, les informations concernant les prisons relevant des secrets d’Etat (nombre total de prisonniers, nombre et emplacement des prisons…). Cependant, sous la pression de la communauté internationale, le Vietnam a commencé à relâcher, lors de ces amnisties, un certain nombre de dissidents emprisonnés. Cela est en particulier vrai depuis que le gouvernement américain a placé le Vietnam sur la liste des “pays particulièrement préoccupants” en matière de liberté religieuse (septembre 2004, reconduit en septembre 2005), le plaçant ainsi sous la menace de sanction en cas d’aggravation de la situation religieuse.