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Le Comité Vietnam pour la défense des Droits de l’Homme dénonce les entraves des autorités vietnamiennes à la visite du Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction

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Vo Van Ai

GENÈVE, 16 septembre 2014 (VCHR) – S’exprimant avec l’organisation Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme (AEDH), Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, a dénoncé devant le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU les conditions dans lesquelles s’est déroulée la visite au Vietnam de M. Heiner Bielefeldt, Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction (21-31 juillet 2014), en particulier les obstacles posés par les autorités vietnamiennes.

A l’issue de son voyage, M. Bielefeldt avait en effet reproché au Vietnam les pressions sur les personnes avec qui il souhaitait s’entretenir. Certaines rencontres avaient ainsi été annulées à la suite de menaces, intimidations et harcèlements. Il a été constamment suivi par des « policiers ou des agents de la Sécurité » qui avaient violé la confidentialité de certains entretiens. Ceux-ci avaient dès lors dû être écourtés. Selon le Rapporteur spécial, le Vietnam avait violé les règles régissant les visites in situ. Il avait prévenu qu’aucune des personnes qu’il avait rencontrée ne devait être l’objet de sanction ou de représailles et qu’il suivrait leur cas de près. Il avait conclu que l’existence de « graves violations de la liberté de religion ou de conviction [est] une réalité au Vietnam ».

M. Ai a jugé qu’« il est tout à fait intolérable que le Vietnam, membre du Conseil des Droits de l’Homme, persiste à violer la liberté religieuse ». Il a déploré que l’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam restait interdite et que son Patriarche Thich Quang Do, proposé pour le Prix Nobel de la Paix 2014, était toujours en détention depuis plus de trente ans.

Cette visite n’est que la seconde visite au Vietnam d’un Rapporteur spécial sur la liberté religieuse. La précédente visite du Rapporteur spécial sur l’intolérance religieuse Abdelfattah Amor, en 1998, s’était également mal passée du fait des entraves posées par les autorités vietnamiennes, de l’étroite surveillance du Rapporteur spécial par la Sécurité et des menaces et harcèlements contre les témoins indépendants.

Texte intégral de l’intervention de Vo Van Ai
devant le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU :



Monsieur le Président,

Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme et son partenaire, le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, condamnent vigoureusement les entraves posées par le Vietnam au Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction lors de sa visite en juillet dernier.

A l’issue de son voyage, le Rapporteur spécial a indiqué que le Vietnam avait violé les règles pour les visites in situ : Plusieurs de ses rendez-vous ont été « interrompus » et ses interlocuteurs ont été dissuadés de le rencontrer à coups de menaces, intimidations et harcèlements. En outre, le Rapporteur spécial a été constamment suivi par des « policiers ou des agents de la Sécurité » qui ont violé la confidentialité de ses entretiens. Il a conclu que l’existence de « graves violations de la liberté de religion ou de conviction [est] une réalité au Vietnam ».

Il est tout à fait intolérable que le Vietnam, membre du Conseil des Droits de l’Homme, persiste à violer la liberté religieuse, contrôlant très étroitement les « religions reconnues » et réprimant les autres, telle l’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam, qui est de facto interdite et dont les membres sont continuellement harcelés ou détenus, à l’image de son Patriarche Thich Quang Do.

Comme le note le Rapporteur spécial, les graves violations sont le fait de lois trop restrictives, vagues et fourre-tout, comme les articles du Code pénal sur la « sécurité nationale » ou sur l’« abus des libertés démocratiques » (article 258), et du recours arbitraire à des prétextes tout aussi vagues et imprécis, tels les « intérêts légitimes de la majorité », pour étouffer la liberté de religion ou de conviction.

Le Rapporteur spécial a déploré l’absence de recours légaux efficaces contre les violations de la liberté religieuse et des droits de l’Homme en général. Cette absence n’est pas une lacune, mais le fruit d’une politique pensée et planifiée qui, en dépit des engagements internationaux du Vietnam, refuse aux citoyens la jouissance des droits de l’Homme. Cette politique est celle d’une répression systématique des défenseurs des droits de l’Homme au Vietnam, comme l’illustrent les condamnations à la prison, sous prétexte de « troubles à l’ordre public », de Bui Thi Minh Hang, Nguyen Van Minh et Nguyen Thi Thuy Quynh, le mois dernier.

Nous pressons le Conseil de rappeler au Vietnam que ces comportements à l’égard du Rapporteur spécial sur la liberté religieuse ne sont pas compatibles avec les obligations qui incombent à un membre du Conseil. Le Vietnam doit mettre un terme à la répression contre les religions « non-reconnues », comme l’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam, et garantir l’autonomie de toutes les communautés religieuses, comme l’a demandé le Rapporteur spécial. Il est, par ailleurs, urgent que le Vietnam accueille in situ le Rapporteur spécial sur la liberté d’expression.

Monsieur le Président, je vous remercie.


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