PARIS, 2 février 2013 (VCHR) – Le Très Vénérable Thich Quang Do, Patriache de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique et indépendante, interdite de fait depuis 1981) a été proposé pour le Prix Nobel de la Paix 2013. La date limite des propositions était le 1er février 2013 et le lauréat sera annoncé à la mi-octobre. Les nominations proviennent d’un éventail d’universitaires et de membres du Parlement Européen, du Congrès américain et des parlements français et italien. Deux parlementaires ont, en particulier, évoqué des anecdotes personnelles en relation avec Thich Quang Do pour expliquer leur choix :
Le représentant au Congrès américain Ed Royce, Président du Comité des Affaires étrangères du Congrès, a rappelé qu’il avait secrètement rencontré le Vénérable Thich Quang Do au Monastère Zen Thanh Minh à Saigon (Ho Chi Minh Ville) en 2000 et qu’il avait été en conséquence « condamné par le gouvernement communiste de Hanoi ». « Luttant depuis des décennies, Thich Quang Do a, sans se soucier de lui-même, sacrifié sa propre sécurité et liberté pour les droits de tous au Vietnam. Emprisonné, battu et mis à l’isolement par le gouvernement vietnamien, cet homme courageux a dédié sa vie au combat pour les droits de l’Homme et la liberté religieuse. Je crois qu’il est un exemple des idéaux du Prix Nobel de la Paix », a-til écrit.
Le sénateur Marco Perduca a quant à lui dit que les autorités vietnamiennes l’avaient empêché d’embarquer dans l’avion qui devait l’emmener, lui et le député européen Marco Pannella, du Cambodge au Vietnam pour rencontrer le Vénérable Thich Quang Do, en 2008. Le Vietnam avait prétexté qu’ils « n’étaient pas les bienvenus au sein de la population et que cela créait des risques pour [leur] sécurité ». « Quiconque dédie sa vie à la non-violence et à la quête de la justice, de la paix et des droits de l’Homme dans un pays qui fabrique de telles excuses pour empêcher des parlementaires européens de rencontrer des défenseurs des droits de l’Homme, devrait être loué pour son travail », a-t-il dit.
MM. Ramon Tremosa i Balcells, membre catalan du Parlement Européen, au sein de l’Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l’Europe (ADLE) et Noël Mamère, membre de l’Assemblée Nationale française, figurent parmi les personnalités ayant proposé Thich Quang Do pour le Prix Nobel de la Paix 2013.
■ Le 29 janvier 2013, MM. Fabrice Mauriès, Consul Général de France à Ho Chi Minh Ville, et Jean-Philippe Gavois, Premier Secrétaire politique de l’Ambassade de France à Hanoi, ont rendu visite à Thich Quang Do au Monastère Zen Thanh Minh. C’est la première fois que le premier dignitaire de l’EBUV reçoit des diplomates français depuis sa sortie officielle de prison en 1998. La discussion a principalement porté sur la situation de l’EBUV et la liberté religieuse en général. Le Vénérable Thich Quang Do a exprimé ses préoccupations concernant le tout récent décret 92 sur la religion, qui est entré en vigueur le 1er janvier 2013 et qui, a-t-il dit, « renforce le contrôle de l’Etat sur les activités religieuses au Vietnam ».
Les diplomates français ont demandé si les choses avaient changé ces dernières années. Thich Quang Do a répondu que beaucoup de choses avaient changé, mais que la politique autoritaire du Parti Communiste et du gouvernement restait la même. « Le peuple n’a pas de voix, il ne peut pas participer à la détermination de sa propre destinée. La politique de « l’économie de marché à orientation socialiste » a échoué à améliorer le niveau de vie de vastes pans de la population ». Pour cette raison, l’EBUV reste déterminée à poursuivre son mouvement pour les droits de l’Homme, a-t-il dit. « L’EBUV ne fait pas de politique, mais nous croyons que toutes les différentes familles sociales, politiques et religieuses devraient avoir le droit de participer au développement de notre pays et à la préservation de la souveraineté nationale face aux incursions chinoises sur nos terres ».
Il a appelé la France, dont les relations avec le Vietnam sont anciennes, de soutenir le peuple vietnamien dans ses demandes pour les droits de l’Homme et l’Etat de droit. Il a loué la création par la France de la « Maison du Droit » à Hanoi pour promouvoir et étudier les questions juridiques. MM. Mauriès et Gavois ont souligné le profond attachement de la France pour les droits et libertés individuelles. Ils ont promis de rapporter la substance de leur rencontre à l’Ambassadeur de France à Hanoi et espéré que l’Ambassadeur rende visite à Thich Quang Do dans un avenir prochain. Le Patriarche de l’EBUV a remis aux diplomates un document en français préparé pour l’occasion et intitulé « Mémorandum sur la situation de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam ».
■ Le 14 décembre 2012, le Vénérable Thich Quang Do avait reçu la visite de MM. Conrad Cappell, Consul Général allemand, et Markus Löning, Commissaire allemand pour la politique des droits de l’Homme, qui était au Vietnam pour six jours afin d’examiner les questions de droits de l’Homme et de liberté religieuse. M. Löning a dit qu’il avait eu vent de nombreux rapports sur les restrictions sur les activités de l’EBUV et l’assignation à résidence de Thich Quang Do. Le chef de l’EBUV leur a décrit la répression gouvernementale contre l’EBUV depuis 1975, y compris ses dix ans d’exil intérieur, sa condamnation à cinq ans de prison en 1995 pour avoir organisé une mission humanitaire et son assignation actuelle en résidence surveillée au Monastère Zen Thanh Minh, où il est privé de sa liberté de circuler et de ses droits de citoyens, et est soumis à une étroite constante surveillance.
M. Löning a demandé pourquoi le Vietnam considérait le vieux bonze comme si dangereux qu’il lui fallût le placer ainsi en isolement. Le Vénérable Thich Quang Do a répondu : « Parce que je vis en accord avec les principes bouddhiques de compassion et de tolérance. Je refuse de vivre dans la haine et la rancœur comme eux. Aussi, ils me gardent enfermé, en exil, en prison ou en résidence surveillée. En 2001, j’avais lancé un « Appel pour la Démocratie au Vietnam » demandant le multipartisme et des élections libres sous la supervision de l’ONU. Si les dirigeants de Hanoi en avaient tenu compte, ils auraient épargné au peuple beaucoup de souffrances. Mais ils ont peur de perdre le pouvoir et de tous les avantages et privilèges qui vont avec. C’est pourquoi ils s’accrochent au monopole du Parti et refusent d’engager des réformes politiques ».
M. Löning a dit au Vénérable Thich Quang Do qu’il avait soulevé la question des droits de l’Homme et de la liberté religieuse dans ses entretiens avec le gouvernement de Hanoi. Ses interlocuteurs s’étaient montrés particulièrement embarrassés, a-t-il continué, lorsqu’il leur avait demandé pourquoi le Vietnam ne suivait pas l’exemple de la Birmanie en démocratisant le pays. Il a promis de demander au gouvernement allemand de faire pression pour faire progresser les droits de l’Homme au Vietnam et d’en appeler au Vietnam et à la Chine pour régler le problème de la Mer de Chine en conformité avec le droit international.
Dans un Mémorandum sur la situation de l’EBUV, qui a été remis aux diplomates allemands, le Vénérable Thich Quang Do a soulevé la question du dialogue bilatéral sur l’« État de droit » qu’a l’Allemagne avec le Vietnam, en particulier la coopération de l’Allemagne pour la reforme du Code pénal vietnamien. Le premier dignitaire de l’EBUV a pressé l’Allemagne de pousser d’urgence le Vietnam à abroger les dispositions vagues du Code pénal sur la « sécurité nationale », qui sont régulièrement invoquées pour criminaliser la dissidence politique et religieuse.
■ Au mois d’août 2012, l’Ambassadeur américain David Shear avait également rendu visite au Vénérable Thich Quang Do, suivi au mois de novembre par l’Ambassadeur australien Hugh Borrowman.
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