STRASBOURG, 9 juin 2016 (VCHR) – Le Parlement Européen a adopté aujourd’hui une résolution condamnant très fermement les violations des droits de l’Homme au Vietnam, alors que la répression est devenue extrêmement dure et systématique au Vietnam, à la suite du XIIe Congrès du Parti Communiste du Vietnam (janvier 2016) qui a vu la faction la plus dure prendre les rênes du pouvoir.
« Cette résolution a été présentée par 139 députés appartenant aux six principaux groupes politiques du Parlement Européen, ce qui montre que les Européens sont dans leur très grande majorité las des exactions commises par les autorités vietnamiennes », a dit Võ Văn Ái, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme. « On sent que les progrès que le régime vietnamien livre au compte-goutte ne leurrent plus les députés européens qui comprennent bien que violer les droits fondamentaux est consubstantiel à l’Etat-Parti vietnamien ».
Alors que le Vietnam annonce aujourd’hui que les résultats des élections législatives du 22 mai ont donné près de 96% des sièges au Parti Communiste, le Parlement européen constate que le Vietnam est « un Etat à parti unique depuis 1975, avec un Parti Communiste du Vietnam n’autorisant aucune opposition à son pouvoir et contrôlant l’Assemblée Nationale et les tribunaux », que « les partis politiques, les syndicats et les organisations des droits de l’Homme indépendants sont interdits au Vietnam » et qu’il n’y a pas de presse libre.
La résolution cite le cas de nombreux cas de violations des droits de l’Homme commises à l’encontre des militants politiques, des journalistes, des blogueurs, des dissidents et des défenseurs des droits de l’Homme. Ceux-ci sont victimes d’« intimidation politique, de harcèlement, d’agression, d’arrestation arbitraire, de lourdes peines de prison et de procès iniques ». Le Parlement condamne la détention de Nguyễn Hữu Vinh, Nguyễn Thị Minh Thuý, Đặng Xuân Diệu, Nguyễn Công Chính, Trần Thị Hồng, Ngô Hào, Kim Quốc Hoa et demande la libération immédiate de Lê Thu Hà, Nguyễn Văn Đài, Trần Minh Nhật, Trần Huỳnh Duy Thức et de Thích Quảng Độ.
Lors des débats, la députée Frédérique Ries s’est appesantie sur le cas de Thích Quảng Độ : « Nous ne cessons de condamner ces violations incessantes et nous demandons la libération de tous ceux qui ont été jetés derrière les barreaux, comme Thích Quảng Độ, le chef et le symbole du mouvement bouddhiste vietnamien, qui est privé de liberté de façon quasiment continue depuis presque 34 ans maintenant. Il a 88 ans, Monsieur le Président, il est assigné à résidence à Saigon, sans motif, sans charge. Sa santé s’est fortement dégradée. Nous demandons avec instance à Mme Mogherini [Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité] de mettre tout le poids du Conseil et de la Commission dans l’obtention de sa libération et de celle de tous les autres ».
Le PE dénonce fermement la répression en mai 2016 des manifestations et protestations non-violentes contre la « catastrophe écologique qui a décimé les stocks de poissons » du Vietnam ainsi que les « mesures très variées de la police pour empêcher et punir la participation aux manifestations » qui ont donné lieu à tout un éventail de violations des droits de l’Homme, y compris « la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Les violences policières de manière générale ont été condamnées par les eurodéputés qui ont demandé l’instauration de mécanismes de recours contre les abus de la police.
Suivant en cela les préoccupations des ONG internationales, dont le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, le Parlement Européen a appelé à la révision des lois qui sont utilisées contre les droits de l’Homme. Il s’agit en particulier les dispositions du Code pénal sur la « sécurité nationale » ou sur « l’abus des libertés démocratiques pour nuire aux intérêts de l’Etat ». Les députés se sont en outre inquiétés des lois récemment adoptées (révision de la loi sur la presse, loi sur l’accès à l’information) et des lois en discussion (loi sur les associations, loi sur les croyances et la religion) qui sont incompatibles avec le droit internationale.
La résolution porte une attention particulière à la protection de la liberté de religion ou de croyance et demande aux autorités vietnamiennes de mettre un terme aux persécutions religieuses et réviser la législation en vigueur sur le statut des communautés religieuses afin de « rétablir le statut légal des religions non-reconnues », comme l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV), certaines Eglises protestantes, notamment celles des minorités ethniques. Le Parlement européen demande au Vietnam de réécrire le projet de loi sur la religion afin qu’il soit conforme avec le droit international en matière de droit de l’Homme.
Les députés européens sont également préoccupés par les discriminations à l’égard des femmes (violences domestiques, traite des femmes, prostitution, droits sexuels et reproductifs…).
This post is also available in: Anglais Vietnamien