PARIS, 6 octobre 2009 (BIIB) – Le Très Vénérable Thich Quang Do (80 ans), Patriarche de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, arbitrairement interdite en 1981), a appelé les Vietnamiens au pays et à l’étranger à boycotter les produits chinois pour marquer leur engagement pour la démocratie au Vietnam. Le chef de l’EBUV, qui a été proposé pour le Prix Nobel de la Paix 2009, a envoyé son « Appel pour un boycott des produits chinois » au Bureau International d’Information Bouddhiste depuis son Monastère Zen Thanh Minh, à Saigon, où il se trouve en résidence surveillée.
Cet appel au boycott fait suite à son « Appel pour un mois de désobéissance civile » (23 mars 2009) pour un « mouvement de résistance non-violente » afin de protester contre les dangers et les menaces contre l’environnement de l’exploitation de la bauxite sur les Hauts-Plateaux du Centre du Vietnam, ainsi que contre les empiètements de la Chine sur la souveraineté vietnamienne. « Il n’y a pas de doute », a dit Thich Quang Do, « qu’il s’agisse de la défense du territoire du Vietnam ou de ses intérêts économiques, le Parti Communiste et le gouvernement ont placé notre destin entre les mains de la Chine ».
Pour la première fois dans l’Histoire, dit-il, après 2000 ans de lutte contre les agressions étrangères, le peuple vietnamien est pris entre deux forces, l’« envahisseur étranger » (la Chine) et l’« envahisseur de l’intérieur », le Parti Communiste, cette cinquième colonne qui sape de l’intérieur la pensée, la politique, la culture et l’économie du peuple. Le boycott est « une arme », dit Thich Quang Do, qui doit servir aux Vietnamiens à « triompher de ces deux invasions, de l’extérieur et de l’intérieur ».
Thich Quang Do souligne qu’il ne cherche absolument pas à exciter un ultra-nationalisme ou des sentiments anti-chinois : « Le boycott des produits chinois n’est pas l’expression d’un chauvinisme étroit qui viserait à s’opposer au peuple de Chine ou aux ouvriers chinois installés au Vietnam. Au contraire, le peuple et les ouvriers chinois sont les victimes des politiques du Parti Communiste, tout comme le peuple, les ouvriers et les paysans du Vietnam. Le boycott des produits chinois signifie le boycott de l’hégémonie et des politiques expansionnistes des dirigeants communistes de Beijing ».
Thich Quang Do ajoute que ce boycott « n’est pas seulement motivé par des raisons politiques, mais également par les effets désastreux des produits chinois de mauvaise qualité et toxiques sur la santé et l’environnement des consommateurs vietnamiens ». L’afflux massif de biens chinois à bas prix sur le marché vietnamien en cette période de crise économique cause également de graves conséquences sur l’emploi au Vietnam.
Bien que la piètre qualité des produits chinois soit connue de tous, toute critique est prohibée au Vietnam. Les préoccupations exprimées par d’éminents économistes et spécialistes de la Chine, comme Mme Pham Chi Lan de l’Institut d’Etudes sur le Développement, ont provoqué de très vives protestations de l’ambassadeur de Chine à Hanoi. Celui-ci a exigé que Hanoi censure tous les articles négatifs pour la Chine dans la presse officielle (VietnamNet, 16-18 juin 2009). Le mois suivant, le Vietnam adoptait le décret 97 qui restreint considérablement les recherches scientifiques, et l’Institut d’Etudes sur le Développement annonçait qu’il fermait. « Se pourrait-il », se demande Thich Quang Do, « que la Décision 97, adoptée par le Premier Ministre le 24 juillet 2009, qui interdit à toutes les organisations scientifiques et techniques d’exprimer des idées contraires à la ligne du Parti, à ses politiques et ses directives, ait été prise sous la pression de Beijing qui veut interdire les Vietnamiens de critiquer la Chine ? »
L’influence rampante de la Chine sur le Vietnam est également décelable, ajoute-t-il, dans le récent article du journal en ligne du Part Communiste (4 septembre 2009) où une opération militaire dans les Iles Paracel était décrite comme un « effort pour défendre la frontière maritime méridionale de la Patrie ». La « Patrie » en question désignait la Chine et non le Vietnam…
Thich Quang Do souligne encore que l’usage d’un boycott comme moyen d’action non-violent est particulièrement important dans le Vietnam du Parti unique, où le peuple n’a aucun droit de participer au processus politique. « Le peuple vietnamien n’a pas de liberté d’expression, ni de liberté de presse ou d’assemblée. Il n’a pas de gouvernement ni d’armée pour le défendre directement contre les agressions, qu’elles soient militaires, idéologiques ou économiques. Aujourd’hui, dans la lutte pour la liberté, nous, le peuple opprimé, n’avons qu’une arme : notre volonté politique. Nous devons nous servir de notre volonté politique pour résister à l’invasion étrangère de l’intérieur et de l’extérieur, et revendiquer nos libertés démocratiques ».