PARIS, 25 octobre 2017 (VCHR) – Le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme (VCHR) dénonce très fermement la répression systématique en vigueur contre les libertés fondamentales d’expression, d’association, de participation aux affaires publiques et de religion des citoyens sous couvert de « sécurité nationale ». La condamnation aujourd’hui de l’étudiant Phan Kim Khánh à 6 ans d’emprisonnement et 4 de résidence surveillée pour « propagande contre la République Socialiste du Vietnam » (article 88 du Code Pénal) est particulièrement significative.
Phan Kim Khánh, étudiant de 24 ans en relations internationales à l’Université de Thái Nguyên, avait été arrêté le 21 mars 2017 pour avoir posté, depuis 2015, des « informations fabriquées et déformées » diffamant le Vietnam sur ses deux blogs, trois pages Facebook et deux chaînes Youtube. Les autorités lui reprochaient également ses contacts avec les « réactionnaires » à l’intérieur du pays ou à l’étranger. Issu d’une famille pauvre, il dénonçait principalement la corruption et le manque de démocratie et de liberté de la presse qui, selon lui empêchent le Vietnam de devenir un pays développé.
Son procès devant le Tribunal populaire provincial de Thái Nguyên (au nord de Hanoi) a été inique et n’a pas respecté les droits de la défense comme c’est généralement le cas dans les affaires touchant la « sécurité nationale » au Vietnam, où la culpabilité est postulée avant le procès. Sa condamnation se fonde sur un l’article 88 du Code pénal qui est régulièrement dénoncé par les Nations Unies et les ONG comme non-conforme au droit international.
« Phan Kim Khánh n’a fait qu’exprimer légitimement et pacifiquement ses points de vue et sa condamnation inique sans fondement sérieux ne montre qu’une chose : Le régime vietnamien a peur des critiques, de ce que ses citoyens communiquent et s’associent, de ce qu’ils se préoccupent de l’avenir du pays », a dit Võ Văn Ái, Président du VCHR.
Cette condamnation intervient dans un contexte de répression généralisée et de plus en plus brutale au Vietnam. Les arrestations de défenseurs des droits de l’Homme, de blogueurs, de militants et dissidents politiques ou religieux se sont multipliées depuis plusieurs années déjà. Ils sont en général poursuivis et condamnés pour « propagande contre la RSV », comme dans le cas de Phan Kim Khánh, ou cet été de la blogueuse Mẹ Nấm (Nguyễn Ngọc Như Quỳnh) (10 ans de prison, 29 juin 2017) et de Trần Thị Nga (9 ans de prison, 25 juillet 2017)
Il est cependant inquiétant de voir les autorités vietnamiennes poursuivre de plus en plus les citoyens au prétexte des « activités visant à renverser le gouvernement » (article 79 du Code pénal), crime fourre-tout qui ne fait pas la distinction entre participation légitime et non-violente aux affaires publiques et les actes violents, et qui est passible de la peine de mort.
La semaine dernière, le 17 octobre, Mme Trần Thị Xuân (41 ans), militante catholique de Fraternité pour la Démocratie (Hội Anh Em Dân Chủ), a été arrêtée à son domicile dans la province de Hà Tĩnh sur la base de cet article 79. Selon les informations diffusées dans la presse officielle (Thanh Niên et Pháp Luật) aujourd’hui, les autorités lui reprochent d’être membre de la Fraternité pour la Démocratie (Hội Anh Em Dân Chủ ; elle avait été nommée chef de section pour la région centre en mai 2016), d’avoir diffusé sur internet des informations (articles et photos) dénigrant l’État et le Parti Communiste, d’avoir appelé à manifester, et d’avoir reçu 170 millions de dongs « d’organisations terroristes et réactionnaires à l’étranger et d’éléments extrémistes à l’intérieur du pays ». Trần Thị Xuân avait activement manifesté et milité en 2016 contre la société taïwanaise Formosa qui avait provoqué la plus grave pollution industrielle qu’a connue le pays. Elle était également fortement impliquée dans les activités de sa paroisse en faveur de la jeunesse.
L’avocat des droits de l’Homme Nguyễn Văn Đài, fondateur de la Fraternité pour la Démocratie, est détenu sans procès depuis décembre 2015. Initialement poursuivi sur la base de l’article 88, il l’est depuis le 30 juillet 2017 pour subversion selon l’article 79. Cinq autres membres de son groupe ont été arrêtés aux mois de juillet et août 2017 et risquent de lourdes peines de prison pour le même crime.
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