Le Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) a reçu aujourd’hui un appel urgent du Vénérable Thich Chon Tam, Bonze Supérieur de la Pagode Tay Hue dans la province de An Giang (sud du pays) et membre de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, interdite arbitrairement en 1981). Thich Chon Tam a rapporté que les autorités accentuaient leurs pressions pour l’expulser de sa Pagode Tay Hue et le remplacer par un bonze de l’Eglise bouddhiste d’Etat, l’Eglise Bouddhique du Vietnam (EBV). C’est la troisième fois qu’il reçoit un ordre d’expulsion du fait de son soutien à l’EBUV. Thich Chon Tam a constamment rejeté les pressions gouvernementales, mais cette fois, il craint que la Sécurité ne vienne bientôt opérer l’expulsion de force. Ces harcèlements continuels d’un bonze de l’EBUV ont lieu alors que le Vietnam cherche à améliorer ses relations commerciales avec les Etats-Unis et à accéder à l’Organisation Mondial du Commerce, et fait valoir les améliorations de sa politique religieuse afin d’être retiré de la liste américaine des « pays particulièrement préoccupants » en matière de liberté religieuse.
Thich Chon Tam a dit au BIIB que des agents de la Sécurité en civil ont encerclé la Pagode Tay Hue, le 17 juillet dernier. Une délégation de 11 personnes est alors arrivée. Elle incluait M. Mai Van Tong, Directeur du Front de la Patrie du district de Nui Sam, M. Lai Van Tan, Directeur du Comité populaire local, ainsi que huit bonzes et nonnes du Bureau Exécutif local de l’Eglise Bouddhique du Vietnam (Eglise officielle) emmenés par le Bonze supérieur Thich Hue Tai. La délégation lui a lu la Décision 036/2006/QD-BTS, datée du 8 avril 2006, lui ordonnant d’évacuer immédiatement la pagode et l’informant que Thich Thien Loi de l’EBV prendrait sa place. Thich Chon Tam a protesté et dénié aux autorités le droit de l’expulser ainsi, faisant valoir que la Pagode Tay Hue n’appartenait pas à l’EBV mais aux Bouddhistes des environs qui avaient récolté les fonds pour la construire eux-mêmes, et qui lui avaient demandé, en tant que membre de l’EBUV, d’en être le bonze Supérieur. Durant l’altercation qui a suivi, la délégation a lancé des menaces et des insultes contre le bonze de l’EBUV. Elle a ensuite dressé les minutes de cette « session de travail » et ordonné à Thich Chon Tam de les signer, ce qu’il a refusé de faire, arguant que cette réunion était illégale. Il a déclaré qu’il demeurerait dans la Pagode Tay Hue, en accord avec ses droits légaux. La délégation et les policiers ont fini par se retirer, mais la situation reste très tendue, a confié le bonze.
Thich Chon Tam, qui est un défenseur actif de l’EBUV et Commissaire pour l’Education de l’Institut Exécutif de l’EBUV (Vien Hoa Dao), est victime de harcèlements constants qepuis qu’il a fondé, l’an dernier, le Comité Représentatif de l’EBUV pour la province de An Giang. Les pressions ont franchi un nouveau seuil de violence ces derniers mois. Le 8 avril 2006, les autorités ont pris un ordre d’expulsion de Thich Chon Tam pour qu’il quitte la Pagode Tay Hue dans les 15 jours. Comme il refusait, l’EBV locale a organisé une « session d’étude » de 7 jours pour les Bouddhistes au cours de laquelle Thich Chon Tam était dénoncé et calomnié. Au mois de mai 2006, un cadre supérieur du Département de la Propagande et de la Mobilisation du Parti Communiste local a tenté d’acheter Thich Chon Tam pour qu’il devienne un informateur et dénonce les dignitaires de l’EBUV, proposant la somme énorme de 4,8 millions de dongs par an. Le 10 juin 2006, le gouvernement local et les cadres de l’EBV de la province de An Giang ont accusé Thich Chon Tam d’être « de connivence avec les forces hostiles à l’étranger pour trahir le nation et la peuple vietnamiens ». Les évènements de cette semaine ne constituent ainsi que la plus récente série de harcèlement contre Thich Chon Tam et les membres de l’EBUV dans tout le Vietnam.
Thich Chon Tam a conclu son appel à l’aide en demandant au BIIB et au Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme d’alerter l’Organisation des Nations Unies et l’opinion internationale sur cette répression flagrante en cours contre les membres de l’EBUV. Il en a également appelé à la Commission américaine sur la Liberté Religieuse Internationale et aux organisations de défense des droits de l’Homme dans le monde d’intervenir afin de prévenir toute nouvelle répression religieuse au Vietnam.