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L’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam est profondément préoccupée par le voyage de Thich Nhat Hanh au Vietnam

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Le 11 janvier 2004, le bonze bouddhiste vietnamien Thich Nhat Hanh s’est envolé pour un séjour de 3 mois au Vietnam, avec sa suite. Ce voyage qui, déjà très médiatisé, pourrait laisser croire à une libéralisation de la situation religieuse au Vietnam, intervient alors que sévit dans ce pays une des pires répressions que l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, interdite arbitrairement en 1981) ait connue.

A cette occasion, M. Vo Van Ai, Directeur du Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) et porte-parole international de l’EBUV, a déclaré  : « C’est, à l’approche du Tet, un précieux cadeau que fait Thich Nhat Hanh à la propagande des autorités vietnamiennes, cela ne contribuera nullement au bien-être du peuple vietnamien ni à la libéralisation du régime. Le BIIB le regrette et le dénonce vigoureusement ».

Le BIIB et, avec lui, l’ensemble de l’EBUV ont en effet été profondément choqués par les déclarations du Vénérable Thich Nhat Hanh et de son entourage avant et pendant son voyage au le Vietnam.

Citée par l’Agence France Presse qui lui demandait pourquoi certains mouvements religieux, dont l’EBUV, étaient interdits au Vietnam, la nonne Chan Khong (née Cao Ngoc Phuong), assistante principale et particulière du Vénérable Thich Nhat Hanh, a affirmé que « derrière certaines de ces Eglises sont cachés les drapeaux de l’ancien régime ».

« Cette remarque et ce que cela sous-entend est absolument blessant et insultant pour l’ensemble des religions non-reconnues, c’est-à-dire interdites, au Vietnam qui sont les seules et dernières représentantes de la véritable société civile vietnamienne après toutes ces décennies de totalitarisme » a réagi Vo Van Ai.

Les Eglises non-reconnues et en particulier l’EBUV sont réellement réprimées, souvent de manière sauvage et féroce, non pour une prétendue nostalgie pour le régime sud-vietnamien, mais du fait de leur attachement à la liberté religieuse et aux droits de l’Homme tels que définis par les Nations Unies, de leur refus de devenir de simples marionnettes creuses du Parti Communiste du Vietnam (PCV) et de leur engagement pour la justice sociale et le bien-être du peuple vietnamien dans son ensemble.

Le voyage du Vénérable Thich Nhat Hanh intervient alors que le Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang et le Très Vénérable Thich Quang Do sont toujours détenus, et ce depuis plus de vingt ans. Le Très Vénérable Thich Quang Do avait, une fois de plus, été arrêté le 22 novembre dernier, pour avoir voulu se rendre au chevet du Patriarche Thich Huyen Quang, hospitalisé à Quy Nhon, dans la province de Binh Dinh.

La veille même du départ de Thich Nhat Hanh, le Vénérable Thich Khong Tanh, commissaire des affaires sociales de l’Eglise Bouddhique Unifiée, en mission d’aide aux victimes des inondations dans le centre du pays, a également été arrêté et soumis à un interrogatoire de 2 heures (10 janvier 2005), parce qu’il avait profité de son séjour pour rendre une visite de courtoisie au Patriarche Thich Huyen Quang.

Ces exactions qui ne paraissent pas émouvoir ni Thich Nhat Hanh, ni son assistante Chan Khong, ne sont pas des faits isolés mais relèvent d’une politique répressive pensée et planifiée. L’Ordonnance sur les Religions, texte attendu et entré en vigueur le 15 novembre 2004, n’a rien amélioré malgré un langage pseudo-juridique et encadre toujours aussi fermement les activités religieuses en étant « une corde autour du cou, en attendant la pendaison » selon les termes du Très Vénérable Thich Quang Do.

Bien que comprenant l’ardent désir du Vénérable Thich Nhat Hanh de retourner sur sa terre natale, désir partagé par tous les Vietnamiens à l’étranger, le BIIB regrette et condamne le fait que son voyage ait été inauguré sous les auspices de propos qui relèvent plus de la propagande du gouvernement vietnamien que d’une appréciation juste et informée de la réalité vietnamienne. Le 13 janvier, dans une interview accordée à Nhan Dan (Le Peuple), l’organe du PCV, Thich Nhat Hanh a dit qu’il avait souvent critiqué certains gouvernements occidentaux pour leurs pressions agressives sur « la situation de la liberté religieuse au Vietnam ».

Le BIIB considère ce voyage particulièrement inopportun à l’heure où les atteintes répétées et continues à la liberté religieuse ont ému la communauté internationale  : Plusieurs résolutions ont été adoptées par le Parlement Européen et le Congrès américain pour les dénoncer. Lors du dernier Sommet de l’ASEM à Hanoi, en octobre 2004, 109 députés européens ont pressé l’Union Européenne d’en faire un point central des discussions euro-asiatiques et demandé la libération du Patriarche Thich Huyen Quang et du Très Vénérable Thich Quang Do.

Enfin et surtout, les Etats-Unis ont placé en septembre 2004 le Vietnam sur la liste des « pays particulièrement préoccupants » en matière de liberté religieuse, ce qui leur permet de prendre des sanctions de toute nature contre le gouvernement vietnamien. Le maintien sur la liste des CPC et la mise en place ou non de sanctions devraient être décidée le 15 mars prochain.

Notant que Thich Nhat Hanh a pris le parti de ne rencontrer que les membres de l’Eglise d’Etat et du Bureau des Affaires Religieuse du Gouvernement, et que son itinéraire comme le contenu de tous les sermons qu’il prononcera ont reçu l’aval de la censure du Ministère de la Culture et de l’Information et du Bureau des Affaires Religieuses du Gouvernement vietnamiens, le BIIB dénonce l’accord passé entre les autorités vietnamiennes et lui-même pour amadouer la communauté internationale et prévenir toute sanction des Etats-Unis dans le cadre des « pays particulièrement préoccupants » en matière de liberté religieuse.

Ce pacte faustien permet au Vénérable Thich Nhat Hanh de travailler au développement au Vietnam de sa secte, qui, pour la première fois dans l’histoire du Bouddhisme vietnamien, permet le mariage des bonzes et des nonnes, en échange de sa caution apportée au régime totalitaire vietnamien.

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