PARIS, le 5 décembre 2011 (COMITE VIETNAM) – M. Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme et de Quê Me : Action pour la Démocratie au Vietnam, a écrit aux députés du Parlement Européen pour leur demander de soulever la question des droits de l’Homme et de demander la libération des dissidents lors de leurs entretiens, ce lundi 5 décembre 2011, avec une délégation vietnamienne de très haut niveau, comprenant notamment le Président de l’Assemblée Nationale vietnamienne Nguyen Sinh Hung, le Ministre des Finances Vuong Dinh Hue et le Ministre des Transports Dinh La Thang. La délégation, qui compte 70 personnes, doit rencontrer le Président du Parlement Européen Jerzy Buzek ainsi que la Délégation du PE pour les relations avec.
Notant que « le Parti communiste vietnamien au pouvoir a capté l’essentiel des bénéfices, aides et investissements, sans pour autant respecter les droits fondamentaux et les principes démocratiques comme il s’y était engagé en 1995 », Vo Van Ai a demandé aux parlementaires de deamnder la libération du dissident bouddhiste Thich Quang Do, de Tran Huynh Duy Thuc et des autres militants pro-démocratie, et de s’assurer que le prochain Accord de Coopération et de Partenariat, actuellement en négociation, comprenne une clause des droits droits de l’Homme dotée de moyens effectifs et réels de contrôle du respect des droits fondamentaux par le Vietnam (Voir le texte intégral de la lettre ci-dessous).
AUX MEMBRES DU PARLEMENT EUROPEEN
Madame/Monsieur le Député,
Vous allez rencontrez lundi prochain une importante délégation vietnamienne de parlementaires, de ministres et de hauts-cadres. Les échanges entre le Vietnam et l’Europe sont extrêmement importants et ont déjà eu de multiples effets bénéfiques pour le Vietnam.
Nous restons cependant extrêmement préoccupés car les aides et investissements bénéficient avant tout au Parti communiste qui contrôle l’économie, le peuple devant se contenter de simples « miettes » et subir des injustices croissantes
En outre, en dépit des engagements pris dans l’accord de coopération économique de 1995 (article 1), les autorités vietnamiennes n’ont pas respecté ni promu les principes démocratiques et les droits de l’Homme. Au contraire, tout a été et est fait pour réprimer la dissidence, la défense des droits de l’Homme, les contestations légitimes et finalement toute forme d’expression libre.
Ainsi beaucoup d’argent versé par l’Union Européenne et ses Etats membres a servi à adopter ou à conforter des lois ou des décrets anti-droits de l’Homme tels que : L’article 4 de la Constitution de 1992 qui donne le monopole du pouvoir au Parti Communiste et interdit donc la le pluralisme politique ou les syndicats libres ; les articles du Code pénal sur la « sécurité nationale » ou l’» abus des libertés démocratiques » qui vident les droits fondamentaux énumérés dans la Constitution de 1992 de leur substance ; l’Ordonnance 44 de 2002 sur la détention sans procès ou le placement en hôpital psychiatrique de toute personne soupçonnée de pouvoir menacer la « sécurité nationale » ; le décret 38/2005/ND-CP sur l’interdiction des manifestations devant les bâtiments publics ; les textes successifs sur la presse restreignant de manière drastique les libertés des journalistes et des blogueurs, comme le décret 2 de 2011 sur les Médias ; etc..
Les autorités vietnamiennes ne se contentent pas d’adopter des textes et usent régulièrement de la répression la plus dure :
En matière religieuse, les autorités vietnamiennes continuent de réprimer les communautés religieuses « non-reconnues ». L’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV), arbitrairement interdite depuis 1981, subit toujours des pratiques de persécution telles que harcèlement policier au quotidien contre les Bouddhistes ou l’assignation à résidence des dignitaires. Nous sommes particulièrement inquiets pour Thich Quang Do, qui vient d’être désigné Cinquième Patriarche de l’EBUV et est toujours en détention dans sa pagode à Ho Chi Minh Ville. Il a passé pratiquement 30 ans de sa vie en détention. Les Catholiques souffrent également des litiges qui l’opposent au gouvernement sur les biens de l’Eglise. Quant aux minorités ethniques (Montagnards, Hmongs etc.), les autorités répriment ceux qui se convertissent au protestantisme.
La Répression systématique des dissidents, des avocats et défenseurs des droits de l’Homme : En dépit de la garantie constitutionnelle de la liberté d’expression, les autorités vietnamiennes s’appliquent à étouffer toutes les formes de dissidence ou de divergence en condamnant lourdement les blogueurs, les défenseurs des droits de l’Homme, les activistes pro-démocratie : Le juriste Cu Huy Ha Vu a été condamné à 7 ans de prison et 3 ans d’assignation à résidence en avril 2011 pour « propagande anti-socialiste » (article 88 du Code pénal), en fait pour avoir appelé à des réformes politiques pluralistes et critiqué le Premier ministre ; en 2010, l’avocat des droits de l’Homme Le Cong Dinh, qui avait critiqué l’article 88 du Code pénal, Nguyen Tien Trung, Tran Huynh Duy Thuc et trois autres ont été condamnés à des peines de 5 à 16 ans d’emprisonnement pour des appels similaires à des réformes démocratiques.
Répression de la liberté sur internet : Le Vietnam a adopté toute une série de textes pour contrôler et restreindre la liberté d’expression sur internet, comme la règlementation des blogs en 2008. Il restreint également les réseaux sociaux comme Facebook. De nombreux blogueurs et journalistes s’exprimant sur internet ont été arrêtés ou harcelés, et leurs blogs fermés. Nous sommes particulièrement inquiets à propos cas du blogueur Nguyen Van Hai (alias Dieu Cay) qui est détenu incommunicado depuis octobre 2010 pour « propagande anti-socialiste ». Son lieu de détention est gardé secret et l’on ignore quel est son état de santé actuel.
Répression du droit de manifester : Dès le mois de juin 2011, à la suite des incursions chinoises dans les eaux vietnamiennes, la population vietnamienne a massivement manifesté chaque dimanche à Hanoi et Ho Chi Minh Ville. Organisées par la jeunesse et rassemblant toutes les franges de la population (y compris des vétérans de l’armée et du Parti communiste), ces manifestations pacifiques ont été réprimées au mois d’août à coups de matraque, d’arrestations et de menaces. Après sa rencontre avec le gouvernement chinois, le Vice-Ministre de la Défense Nguyen Chi Vinh annonçait le 28 août 2011 que « nous allons fermement sanctionner tout rassemblement au Vietnam. Nous ne laisserons plus cela arriver de nouveau ». Les manifestations ont toutefois repris à la mi-septembre et continuent chaque dimanche depuis, malgré la répression.
Madame/Monsieur le Député,
Le Parlement Européen s’est, à de nombreuses reprises, prononcé pour la fin des répressions de toute sorte, pour la nécessité de réformes démocratiques au Vietnam. A cette fin, il est particulièrement important d’inclure dans le prochain accord de partenariat avec le Vietnam des mécanismes effectifs de contrôle des efforts et progrès du Vietnam en la matière. Nous comptons sur vous pour rappeler ces nécessités à la délégation vietnamienne.
Pour ce faire, nous vous demandons de bien vouloir demander à la délégation vietnamienne, lors de vos entrevues :
– De mettre fin aux persécutions religieuses, et comme première étape, libérer réellement Thich Quang Do et les autres dignitaires de l’EBUV, et rétablir le statut légitime de l’EBUV ;
– De libérer immédiatement et inconditionnellement tous les dissidents, blogueurs, journalistes et défenseurs des droits de l’Homme emprisonnés pour avoir exercé légitimement leurs droits fondamentaux, tels Cu Huy Ha Vu, Le Cong Dinh, Nguyen Tien Trung, Tran Huynh Duy Thuc et Dieu Cay ;
– De veiller à ce que la loi sur les manifestations annoncée par le Premier Ministre à la fin du mois de novembre 2011 ne soit pas une « légalisation » du décret 38 de 2005 interdisant les manifestations, mais bien une loi garantissant réellement le droit de manifester pacifiquement ;
– D’abroger ou modifier les lois et règlements incompatibles avec les normes internationales en matière de droits humains (Article 4 de la Constitution, Ordonnance 44, etc.)
Veuillez agréer, Madame/Monsieur le Député, l’expression de ma très haute considération.
Président
Comité Vietnam
pour la Défense des Droits de l’Homme