BRUXELLES, 27 mai 2011 (COMITE VIETNAM) – S’exprimant lors d’une Audition sur la Liberté de Religion ou de Conviction de la Sous-Commission des Droits de l’Homme du Parlement Européen à Bruxelles le jeudi 26 mai 2011, Penelope Faulkner, Vice-Présidente de Quê Me : Action pour la Démocratie au Vietnam et du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, a présenté la situation générale des violations de la liberté religieuse et pressé l’Union Européenne de placer la liberté de religion ou de conviction parmi les priorités de sa politique extérieure.
Mme Faulkner parlait au nom de la Plateforme Européenne sur l’Intolérance et la Discrimination Religieuses (EPRID), aux côtés de Mme Sarah Vader de la Communauté Bahá’íe Internationale. EPRID est un réseau d’organisations de la société civile et d’organismes religieux œuvrant pour que la question de l’intolérance et des discriminations religieuses soit partie intégrante de la politique et des activités de l’Union Européenne. Le Dr Heiner Bielefelt, le Raporteur spécial de l’ONU sur la liberté de religion ou de conviction, figurait parmi les principaux intervenants. Il a expliqué les défis de son mandat qui intervient dans un climat d’intolérance grandissante. M. Charles-Michel Geurts du Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE) a présenté les politiques de l’Union Européenne. L’audition était présidée par la députée européenne Heidi Hautala, Présidente de la Sous-Commission des Droits de l’Homme du Parlement Européen.
Décrivant les violations de la liberté religieuse dans le monde depuis plusieurs années, Mme Faulkner a souligné la répression systématique des Bahá’ís en Iran, des Chrétiens coptes en Egypte, des Musulmans Ahmadiyya en Indonésie et au Pakistan, des Bouddhistes tibétains, des Musulmans Ouïghours, des Eglises à domicile chrétiennes et des membres du Falun Gong en Chine, ainsi que les violences sectaires au Nigéria et les restrictions d’Etat à la liberté religieuse en Azerbaïdjan, en Ouzbekistan et au Turkménistan à la suite des révolutions du printemps au Proche-Orient.
Bien que le Bouddhisme soit une philosophie de tolérance et de paix, a-t-elle dit, « les Bouddhistes en de nombreuses régions d’Asie souffrent de la répression et des discriminations du fait de leurs croyances non-violentes. Au Vietnam, le gouvernement a interdit l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV), la communauté religieuse la plus ancienne et la plus nombreuse, et l’a remplacée par une Eglise d’Etat sous le contrôle du Parti Communiste. Les bonzes et les nonnes de l’EBUV sont systématiquement détenus, intimidés et harcelés, et les Bouddhistes qui fréquentent les pagodes de l’EBUV risquent les pires représailles ».
Mme Faulkner a informé le Parlement Européen qu’« il y a juste quelques jours, lors des célébrations du Vesak (Anniversaire de la naissance du Bouddha), le gouvernement a lancé une vaste campagne de répression contre les pagodes de l’EBUV, empêchant les célébrations et harcelant les fidèles de l’EBUV ». La police a interdit aux Bouddhsites de la Pagode Giac Minh à Danang de lire le Message du Vesak de Thich Quang Do, Patriarche de l’EBUV proposé pour le Prix Nobel de la Paix, qui demeure assigné à résidence à Saigon après plus de trois décennies de détention pour s’être fait l’avocat non-violent de la liberté religieuse et des droits de l’Homme.
Mme Faulkner s’est également inquiétée des violations de la liberté religieuse contre les autres communautés religieuses au Vietnam, soulignant qu’en mai 2011, l’armée vietnamienne avait brutalement réprimé, dans la province septentrionale de Dien Bien, les manifestaions pacifiques des Chrétiens H’mong qui demandaient la liberté religieuse et des réformes sur l’attribution des terres, tuant au moins 18 personnes et en en blessant des centaines, y compris des enfants. Elle a déploré la détention d’au moins 300 Montagnards chrétiens sur les Hauts-Plateaux du Centre, qui purgent de très lourdes peines de prison pour avoir manifesté contre les persécutions religieuses et la spoliation de leurs terres.
La Sous-Commission des Droits de l’Homme du Parlement Européen a expliqué que cette Audition avait été motivée par « les préoccupations du Parlement concernant les discriminations fondées sur la religion ou la croyance qui existent toujours dans toutes les régions du monde ». Le 21 février 2011, le Conseil de l’Union Européenne avait adopté une Résolution exprimant « la profonde préoccupation [du Conseil] concernant le nombre croissant de manifestations d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion, dont témoignent les violences et les actes de terrorisme perpétrés récemment, dans différents pays » et affirmant que « la liberté de religion ou de conviction est un droit de l’Homme universel, qui doit être protégé partout et pour tous. […] Toutes les personnes appartenant à des communautés et à des minorités religieuses devraient pouvoir pratiquer leur religion et leur culte librement, individuellement ou en communauté, sans craindre d’être la cible de manifestations d’intolérance ou d’attaques ».