PARIS, 25 mai 2009 (COMITE VIETNAM) – A l’occasion de la visite à Hanoi de Rama Yade, Secrétaire d’Etat chargée des droits de l’Homme, dans le cadre de l’ASEM, Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, lui a demandé de presser le gouvernement vietnamien d’améliorer la situation des droits de l’Homme au Vietnam. L’ASEM (Asia-Europe Meeting) est un forum pour le dialogue Asie-Europe, fondé en 1996 et réunissant 45 pays d’Asie (ASEAN, Chine, Corée du Sud, Inde, Japon et Pakistan) et de l’Union Européenne.
Rama Yade se rend au Vietnam afin de discuter avec ses partenaires de européens et asiatiques des grands défis globaux, comme la crise financière, le réchauffement climatique ou la sécurité sanitaire. « Ces défis nécessitent l’engagement et la participation de tous, en particulier de la société civile et de sa diversité. Or, au Vietnam, ce qui reste de la société civile est réprimée et gaspillée par la répression politique » lui a écrit Vo Van Ai, rappelant que le Vietnam adoptait cyniquement « dans le cadre de programmes législatifs, financés notamment par l’Union Européenne et la France, des textes ostensiblement anti-droits de l’Homme », comme l’Ordonnance 44 (détention sans procès et placement en hôpital psychiatrique des dissidents), le décret 38/2005 (interdiction des manifestations) ou les réglementations étouffant la liberté de presse et d’expression (notamment sur internet).
Il a également rappelé que les violations des droits et libertés fondamentales étaient systématiques et planifiées, comme l’a déploré à de nombreuses reprises le Parlement Européen dans ses résolutions, la plus récente remontant au 22 octobre 2008.
Vo Van Ai a mis en garde contre le refus du Vietnam de tout véritable dialogue sur les droits de l’Homme et de tout progrès en la matière : Lors de la précédente réunion de l’ASEM à Hanoi, en 2004, le gouvernement vietnamien avait organisé un forum sur « les médias et la démocratie » mais en avait exclu la presse… En décembre 2008, le député européen Marco Pannella et le sénateur italien Marco Perduca, venus rencontrer les parlementaires vietnamiens et les dissidents, se sont vu interdire l’entrée au Vietnam en dépit de leur visa. Lors de l’Examen Périodique Universel (EPU) du Vietnam devant le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, au début du mois de mai 2009, le gouvernement vietnamien a démontré sa mauvaise volonté en « n’acceptant que les éloges et rejetant les critiques et les recommandations qui pouvaient réellement promouvoir les droits de l’Homme ».
Lors de l’EPU du Vietnam, la délégation française avait fermement demandé le respect de la liberté d’opinion et d’expression, en autorisant notamment des médias indépendants. C’est dans la droite ligne de cet engagement de la France pour les droits de l’Homme au Vietnam que Vo Van Ai a demandé à Rama Yade d’intervenir auprès des autorités de Hanoi pour qu’elles :
1. Libèrent immédiatement et inconditionnellement les défenseurs des droits de l’Homme et les prisonniers de conscience détenus pour l’expression non-violente de leurs opinions politiques ou de leurs croyances religieuses, en particulier les avocats Nguyen Van Dai et Le Thi Cong Nhan ainsi que le bloggeur Dieu Cay (Nguyen Hoang Hai) ;
2. Rétablissent le statut légitime de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV) et de toutes les autres organisations religieuses, et leur permettre une pleine liberté religieuse ; libèrent Thich Quang Do, Patriarche de l’EBUV, en détention depuis plus de 26 ans et actuellement incarcéré dans sa pagode, le Monastère Zen Thanh Minh à Ho Chi Minh Ville ;
3. Mettent un terme aux harcèlements policiers arbitraires, à la surveillance et à la censure (sur le téléphone, l’internet, le courrier, etc.) des personnes considérées comme des dissidents ou des personnes critiquant le pouvoir ;
4. Garantissent le droit à la liberté de manifester, garantir le droit à la liberté d’association et autoriser l’établissement de syndicats indépendant du Parti Communiste du Vietnam ;
5. Garantissent la liberté des médias, autorisent la publication de journaux indépendants et mettent un terme aux sanctions judiciaires et aux harcèlements contre les journalistes et les citoyens exprimant de façon non-violente leurs points de vue dans la presse écrite, internet ou radiodiffusée.