PARIS, 3 juillet 2008 (BIIB) – Le Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) exprime toute son indignation à la suite de la dépêche de l’Agence Vietnamienne d’Information (AVI) du 3 juillet 2008, reprise par la presse officielle vietnamienne (Thanh Nien, Hanoi Moi, etc.) le même jour et concernant les “funérailles” du Patriarche de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV) Thich Huyen Quang (89 ans) qui est gravement malade à l’Hôpital Général de Quy Nhon, dans la province de Binh Dinh.
Intitulé “Les noirs desseins à dévoiler de Thich Quang Do”, l’AVI annonce que le Vénérable Thich Quang Do et sa “clique”, à savoir plusieurs hauts-dignitaires de l’EBUV et dirigeants de la Jeunesse Bouddhiste, se sont rassemblés dans la province de Binh Dinh “sous prétexte de visiter Thich Huyen Quang”, mais qu’en réalité “ils attendent sa mort” et complotent “en vue d’abuser de cette occasion pour mettre au public (sic) leur organisation illégale appelée “Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam””. L’agence de presse officielle accuse Thich Quang Do et l’EBUV de chercher à “conquérir le droit” d’organiser les funérailles du Patriarche et prétend que les funérailles doivent être organisées par l’Eglise bouddhiste d’Etat, le Sangha Bouddhiste du Vietnam, de la province de Binh Dinh.
Tout en dénonçant la présence de Thich Quang Do aux côtés du Patriarche de l’EBUV, l’AVI fait l’éloge des membres du Bureau gouvernemental des Affaires religieuses et des cadres locaux de l’Eglise d’Etat pour être venus rendre visite à Thich Huyen Quang “même s’il n’est pas membre du Sangha Bouddhiste du Vietnam”.
M. Vo Van Ai, porte-parole international de l’EBUV et directeur du BIIB, a exprimé sa profonde indignation devant ces textes “cyniques et inhumains” qui révèlent “les manipulations politiques d’un régime dénué de cœur”. Depuis que le Patriarche Thich Huyen Quang a été transporté d’urgence à l’Hôpital Général de Quy Nhon, le 27 mai dernier, de nombreux dignitaires de l’EBUV ont fait le voyage vers la province de Binh Dinh. “Thich Quang Do est immédiatement venu apporter son réconfort à son Patriarche et ami de longue date, espérant que ses prières, sa présence et ses soins pourraient aider au rétablissement de Thich Huyen Quang. Pendant que Thich Quang Do et l’EBUV priaient pour la vie du Patriarche, Hanoi misait déjà sur sa mort, cherchant cyniquement à grappiller du capital politique en imposant des funérailles d’Etat. Les calculs de ce type sont profondément choquants, en particulier de la part d’un gouvernement qui vient d’organiser la Journée Internationale de l’ONU du Vesak. Les dirigeants vietnamiens n’ont manifestement rien appris de cette célébration de la compassion universelle. La répression contre le Bouddhisme continue, rien ne change”.
“Nous assistons là à une ingérence flagrante dans les affaires internes du Bouddhisme”, a considéré M. Ai. “La Constitution vietnamienne garantit le droit à la liberté religieuse. Les dirigeants communistes n’ont aucun droit d’interférer dans les affaires internes d’une organisation religieuse comme l’EBUV, ni d’imposer ses critères politiques”. Il a souligné le fait que les Bouddhistes de l’EBUV n’accepteraient aucune ingérence politique et que, dans le triste cas où Thich Huyen Quang ne se remettrait pas de sa maladie, le Vietnam ne pourrait en aucun cas empêcher les Bouddhistes de l’EBUV de pleurer leur Patriarche et d’organiser ses funérailles selon les traditions et les rites de l’EBUV.
Il constate que les autorités communistes locales de Binh Dinh ont déjà délivré des ordres interdisant aux Bouddhistes de se rassembler au Monastère Nguyen Thieu (lieu de l’assignation à résidence de Thich Huyen Quang) et restreignant les activités religieuses dans les pagodes de la province.
M. Ai a rejeté l’accusation selon laquelle Thich Quang Do comploterait pour profiter des funérailles pour “mettre au public” (sic) l’EBUV, car l’EBUV est déjà une organisation établie avec une longue tradition historique au Vietnam. “Le Bouddhisme a été unifié au Vietnam depuis la dynastie Dinh en 986, lorsque la toute première hiérachie bouddhique a été établie”. “En outre, avant que le Vietnam ne soit coupé en deux par les Accords de Genève de 1954, les Bouddhistes des différentes écoles du Nord, du Sud et du Centre du Vietnam se sont unifiées dans une seule organisation lors du Congrès de la Pagode Tu Dam à Hue, en 1951”.
L’EBUV est également reconnue par la communauté internationale, avec nombre de résolutions du Parlement Européen et du Congrès américain appelant le Vietnam à reconnaître le statut légitime de l’EBUV et à libérer Thich Huyen Quang et Thich Quang Do. “Le Patriarche Thich Huyen Quang est largement reconnu comme une figure spirituelle majeure… Depuis que le Patriarche a été transporté à l’hôpital, non seulement des millions de Bouddhistes au pays et à l’étranger se sont mis à prier pour son rétablissement, mais le BIIB a reçu des messages de sympathie de centaines de personnalités internationales, dont ceux de la Prix Nobel de la Paix Mairead Maguire et de nombreux parlementaires et de membres du Congrès américain”.
“Les ingérences politiques dans les affaires religieuses sont inadmissibles, en particulier dans un pays qui préside le Conseil de Sécurité des Nations Unies”. M. Ai a dit qu’il écrirait au Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki Moon, au Président français Nicolas Sarkozy, qui est actuellement président de l’Union Européenne, au Président américain George W. Bush, ainsi qu’aux membres du Congrès américain et du Parlement Européen afin qu’ils fassent pression sur le Vietnam pour qu’il mette un terme à ces ingérences et autorise l’EBUV à s’occuper de ses propres affaires.