PARIS, 30 octobre 2012 (BIIB) – Le Vénérable Thich Thanh Quang (75 ans), Directeur du Comité Provincial de lEglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, arbitrairement interdite en 1981) de la province de Quang Nam-Danang, a reçu, le 25 octobre 2012, la visite de Mme Kathleen Peoples, attachée politique du Consulat des Etats-Unis à Ho Chi Minh Ville. Cest la première visite dun diplomate à la pagode Giac Minh à Danang. Cette pagode, qui est le siège du Comité provincial de lEBUV de Quang Nam-Danang et du Mouvement Bouddhiste de la Jeunesse de lEBUV (Gia Đình Phật Tử), est la cible des harcèlements et de la répression du gouvernement depuis plusieurs années.
Dans un rapport envoyé à lEBUV et au Bureau International dInformation Bouddhiste (BIIB) le 29 octobre 2012, Thich Thanh Quang a dit que Mme Peoples, accompagnée de lassistant politique Pham Anh Vu, est restée presquune heure. Elle a posé de nombreuses questions sur les activités de la pagode —peut-elle conduire ses activités normalement comme les autres pagodes bouddhistes, peut-elle recevoir un soutien financier et des dons des fidèles, quel est laccès aux soins médicaux dont disposent les bonzes et les nonnes de la pagode ? Etc..
Thich Thanh Quang aux prises avec un policier en civil (17 août 2012) – Photo IBIB
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Thich Thanh Quang lui a décrit les événements qui ont eu lieu au mois daoût 2012, lorsquil avait été battu et quun membre du Mouvement de la Jeunesse Bouddhiste avait été bastonné par des voyous sous les yeux de la police. Il a expliqué que la Pagode Giac Minh avait toujours souffert des harcèlements depuis 1981 (année de la création de lEglise bouddhiste dEtat), du fait de sa fidélité à lEBUV interdite, mais que la répression sétait sensiblement aggravée depuis 2007, lorsque le Patriarche de lEBUV Thich Quang Do avait lancé une série de déclarations sur la Chine, dont des protestations contre les empiètements territoriaux chinois sur les îles Spratley et Paracel, contre lexploitation de la bauxite des Hauts-Plateaux par des sociétés chinoises et un appel au boycott des produits chinois.
Depuis lors, et en particulier depuis deux ans, les autorités ont intensifié la répression, maintenant une surveillance constante de la pagode, interdisant aux bonzes de célébrer les célébrations bouddhiques comme le Vesak (Naissance du Bouddha) ou le Vu Lan, et empêchant les Bouddhistes dentrer dans la pagode. Les bonzes de la Pagode Giac Minh qui sétaient rendus à Saigon (Ho Chi Minh Ville) pour étudier se sont vu refuser la délivrance de leur permis de résidence (hộ khẩu) à leur retour à Danang et sont donc devenus des citoyens hors-la-loi. La pagode ne peut recevoir les dons des fidèles car la police menace les Bouddhistes de représailles sils montrent leur soutien à des « bonzes réactionnaires ». La police interdit également laccès de la pagode aux médecins, obligeant les bonzes à sortir sils veulent être soignés. Même les animaux sont privés de soins. Thich Thanh Quang rapporte quil avait un chien berger pour garder la pagode. Lorsque le chien est tombé malade, il était trop lourd pour être transporté à lextérieur, et les policiers ont refusé de laisser entrer le vétérinaire. « LEtat dit quil soccupe de tout », constate Thich Thanh Quang, « mais le chien est mort ».
Thich Thanh Quang rapporte que la présence policière autour de la pagode Giac Minh a été levée, pour la première fois depuis des années, le jour de la visite des diplomates américains. Il nen a pas moins montré à Mme Peoples le bureau de la défense civile (dân phòng) en face de la pagode, où lon pouvait voir les policiers en civil, derrière une fenêtre, filmant la visite. Il a également dit au BIIB que la police avait repris sa surveillance serrée dès la fin de la visite, avec quatre ou cinq agents postés en permanence devant lentrée de la pagode.
Thich Thanh Quang en a appelé Mme Peoples pour pousser le gouvernement américain à soutenir le peuple vietnamien dans sa quête de la liberté religieuse, des droits de lHomme et de la démocratie, et pour presser le gouvernement vietnamien de garantir les droits garantis dans les traités de lONU quil a signés. Dans son rapport à lEBUV, il a également dit quil espérait que cette toute première visite dun diplomate américain fût le signe dune plus grande conscience des Etats-Unis de la situation dans laquelle se trouve lEBUV réprimée.
Au mois daoût 2012, lambassadeur américain David Shear avait rendu visite au Patriarche de lEBUV Thich Quang Do dans son Monastère Zen Thanh Minh à Saigon. A cette occasion, Thich Quang Do avait remis à lambassadeur un mémorandum de lEBUV dans lequel il critiquait les Etats-Unis pour leur sous-estimation de la répression des autorités vietnamiennes contre lEBUV. Il y disait aussi que le rapport du Département dEtat sur la Liberté Religieuse Internationale ne donnait quune « pâle image des pressions, harcèlements et intimidations systématiques de la police auxquels doivent faire face les Bouddhistes de lEBUV dans leur vie quotidienne ». Mme Peoples assistait à cette entrevue.