PRAGUE, 10 avr 2003 (AFP) – L’ex-président tchèque Vaclav Havel a exprimé sa « profonde compréhension et solidarité » avec la lutte des dissidents vietnamiens, jeudi, lors d’une rencontre avec Vo Van Ai, président de Quê-Me, Action pour la démocratie au Vietnam basée à Paris, et vice-président de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH).
M. Ai a reçu mercredi soir de la fondation tchèque l’Homme en détresse le prix « Homo Homini » destiné à trois dissidents religieux vietnamiens, le Vénérable Thich Huyen Quang, numéro un de l’Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam (EBUV, dissidente), Thich Quang Do, un autre représentant de la dissidence bouddhiste du pays, et Nguyen Van Ly, prêtre catholique emprisonné à plusieurs reprises pour ses activités religieuses.
« C’est toujours important de s’opposer au totalitarisme même si les espoirs de réussir sont faibles. Nous aussi étions persuadés qu’il fallait poursuivre la lutte », a rappelé M. Havel, ancien dissident de la Charte 77 pour les droits de l’Homme.
« Il faut crier à haute voix, même si cela semble être sans espoir », a-t-il ajouté à l’adresse du peuple vietnamien.
M. Havel a également exprimé ses doutes concernant les liens entre une libéralisation économique et une démocratisation politique.
« Je pensais longtemps que la venue d’investissements, de capitaux et d’hommes d’affaires pourrait ouvrir un pays, que le pluralisme économique faciliterait une percée du pluralisme politique. Il me semblait qu’un pays ouvert dans un domaine peut difficilement être complètement enfermé dans un autre domaine. Mais, finalement, ceci varie d’un cas à l’autre », a-t-il dit. « Ceci peut cacher le cynisme de certains gens qui logent dans des hôtels de luxe, exploitent économiquement le pays et ne manifestent aucun intérêt quand quelqu’un est torturé juste à coté de leur hôtel », a déclaré M. Havel.
« Le parti communiste mène depuis 1975 une nouvelle guerre, celle contre son propre peuple, mais les gens à l’étranger ne s’y intéressent que peu », a pour sa part déclaré M. Ai avant de se féliciter du prix décerné par la fondation tchèque à ses trois compatriotes.
« Au Vietnam, tout le monde se concentre sur le développement économique, qui est très important, mais ne signifie pas tout », a-t-il ajouté.
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