PARIS-GENÈVE, 29 juin 2017 (L’Observatoire & VCHR) – L’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme (un partenariat FIDH-OMCT) et le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme (VCHR) condamnent la sentence et la peine infligées à la célèbre blogueuse Nguyen Ngoc Nhu Quynh, alias Mother Mushroom, et appellent à sa libération immédiate et inconditionnelle.
Le 29 juin 2017, le Tribunal populaire de la province de Khanh Hoa a en effet condamné Nguyen Ngoc Nhu Quynh à 10 ans d’emprisonnement pour « propagande contre l’État » punie par l’article 88 du Code pénal vietnamien.
« En emprisonnant Nguyen Ngoc Nhu Quynh, le Gouvernement vietnamien montre qu’il n’est pas sérieux quand il déclare s’engager à respecter les droits de l’Homme. La réalité est que le Vietnam reste un pays dangereux pour les défenseurs des droits de l’Homme et pour tous ceux qui critiquent pacifiquement le Gouvernement », a dit le Président de la FIDH Dimitris Christopoulos.
Détenue depuis le 10 octobre 2016, Nguyen Ngoc Nhu Quynh est l’un des tout premiers défenseurs des droits de l’Homme à recourir à l’internet et aux réseaux sociaux pour documenter les violations des droits de l’Homme commises par les autorités vietnamiennes. Depuis sa première arrestation en 2009, elle a sans relâche critiqué le Gouvernement sur un large éventail de sujets sociaux et politiques.
En avril 2016, elle a écrit sur la gestion déplorable par le Gouvernement des graves problèmes de pollution des eaux et de la mort massive des poissons causée par les déchets toxiques libérés par la société taïwanaise Formosa Plastics dans trois provinces côtières du Vietnam. Dans un important document intitulé « Stop aux meurtres des civils par la police », Nhu Quynh a révélé nombre de cas de brutalités policières et de torture supposée qui avaient conduit à des décès en détention.
« La peine de Nguyen Ngoc Nhu Quynh est scandaleuse et illustre clairement les efforts délibérés du Gouvernement pour réduire au silence toute voix dissidente dans le pays. Nous appelons à sa libération immédiate et inconditionnelle, dans la mesure où sa détention ne vise qu’à sanctionner ses actions légitimes et pacifiques en faveur des droits de l’Homme », a dit le Secrétaire général de l’OMCT Gerald Staberock.
Du fait de ses prises de position fermes sur les droits de l’Homme, la mère de Nhu Quynh et d’autres membres de sa famille ont été l’objet de surveillance et de harcèlement de la part des autorités. La santé de Nhu Quynh a été gravement affectée par sa détention incommunicado d’octobre 2016 à juin 2017 et elle n’a pas eu l’occasion de préparer sa défense.
Dans un Avis publié le 30 mai 2017, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire (WGAD) a déclaré que la détention de Nguyen Ngoc Nhu Quynh était arbitraire car elle violait ses droits à la liberté, à un procès équitable, à la liberté d’expression, à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association. Le Groupe de travail a conclu que « l’arrestation et la détention [de Nguyen Ngoc Nhu Quynh] visaient à restreindre ses activités de défenseur des droits de l’Homme » (1). Le Groupe de travail a appelé les autorités vietnamiennes à relâcher immédiatement Nguyen Ngoc Nhu Quynh et à reconnaître que sa détention était arbitraire. Le Groupe de travail a également pressé le Gouvernement de mettre l’article 88 du Code pénal en conformité avec les obligations internationales du Vietnam en matière de droits de l’Homme.
« La lourde sentence qu’inflige le Vietnam à Nhu Quynh et la répression impitoyable contre les défenseurs des droits de l’Homme est le résultat de l’utilisation des nombreuses lois répressives qui doivent être abrogées d’urgence. Le Gouvernement doit profiter de la révision du Code pénal actuellement en cours pour retirer l’article 88 et les autres dispositions draconiennes », a dit quant à lui le Président du VCHR Vo Van Ai.
L’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme (L’Observatoire) a été fondé en 1997 par la FIDH et l’OMCT. L’objectif de ce programme est de prévenir ou remédier aux situations de répression contre les défenseurs des droits de l’Homme. La FIDH et l’OMCT sont tous deux membres de ProtectDefenders.eu, le Mécanisme de l’Union Européenne pour les Défenseurs des Droits de l’Homme mis en œuvre par la société civile internationale.
Pour plus d’information, veuillez contacter :
• FIDH: Samuel Hanryon (en français ou anglais): +33 6 72 28 42 94 (Paris) / Andrea Giorgetta (en anglais): Tel: +66886117722 (Bangkok)
• VCHR: Penelope Faulkner + 33 1 45 98 30 85 (en anglais ou en vietnamien)
• OMCT: Delphine Reculeau (en français ou anglais): +41 22 809 49 39 (Genève)
—————————–
(1) Avis du Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire A/HRC/WGAD/2017/27, adopté lors de sa 77e session (19-28 avril 2017), le 30 mai 2017.
This post is also available in: Anglais Vietnamien