HANOI, 17 août 2008 (AFP) – Thich Quang Do, figure de la dissidence vietnamienne plusieurs fois proposé pour le Prix Nobel de la Paix, est devenu dimanche le nouveau numéro un de l’Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam (EBUV), interdite, succédant à Thich Huyen Quang décédé en juillet.
La nomination de l’actuel numéro deux de l’EBUV, 79 ans, à la tête de l’organisation intervient à la fin des traditionnels 49 jours de deuil qui ont suivi le décès de Thich Huyen Quang.
Initialement, l’EBUV comptait organiser la cérémonie dans la province centrale de Binh Dinh, où ce dernier est enterré.
“Mais des pressions et des restrictions de déplacement imposées à la direction de l’EBUV ont rendu (l’entreprise) impossible”, a dénoncé dans un communiqué le Bureau international d’information bouddhiste (IBIB), qui assure depuis Paris la communication de l’EBUV.
Selon l’IBIB, un harcèlement policier a également empêché la tenue de la cérémonie à Ho Chi Minh-Ville, l’ex-Saïgon au sud où vit Thich Quang Do.
Sa nomination à la tête de l’EBUV, bête noire du régime communiste de Hanoï, a finalement été annoncée depuis les Etats-Unis, où étaient réunis des membres de l’organisation vivant à l’étranger.
L’EBUV est interdite depuis le début des années 80, quand elle a refusé de rejoindre l’Eglise bouddhiste du Vietnam (EBV), seule autorisée par le régime.
Longtemps emprisonné ou, selon ses propres termes, “forcé à l’exil interne” dans le pays, Thich Quang Do milite lui aujourd’hui pour les droits de l’Homme et la liberté religieuse depuis sa pagode à Ho Chi Minh-Ville.
Dans un message cité par l’IBIB, le bonze promet de “faire tout (son) possible pour rétablir le statut légal de l’EBUV et maintenir sa tradition d’indépendance”. Il promet aussi de “promouvoir les droits de l’Homme des vivants, les droits sacrés des morts et la démocratie pour la société”.
Vo Van Ai, président de l’IBIB, appelle de son côté Hanoï à “cesser de traiter l’EBUV comme son ennemi” et à “saisir l’opportunité de (cette nomination) pour reconnaître le leadership de Thich Quang Do et rétablir le statut légitime” de l’organisation.
Né en novembre 1928 dans la province de Thai Binh au nord, Thich Quang Do, de son nom laïc Dang Phuc Tue, se bat depuis plus de 30 ans contre le régime communiste du Vietnam réunifié.
Mais il évoque des affrontements avec les forces de l’ordre dès les années 60, dans un pays encore divisé. Dans le Sud-Vietnam soutenu par les Américains, qu’il a rejoint après la prise de pouvoir des communistes au nord au départ des Français en 1954, le bonze dénonçait aussi la discrimination des bouddhistes par le gouvernement de Ngo Dinh Diem.
Aujourd’hui, Hanoï affirme que Thich Quang Do n’est plus en résidence surveillée. Mais l’IBIB rétorque qu’il n’est que très rarement autorisé à sortir de sa pagode, et généralement uniquement pour suivre des examens médicaux.
Le mois dernier, il avait tout de même pu se rendre à Binh Dinh pour les funérailles de Thich Huyen Quang, que les autorités vietnamiennes avaient même finalement laissé les membres de l’EBUV organiser.
aud/fp
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– Thich Quang Do is appointed new leader of the Unified Buddhist Church of Vietnam (BIIB, 17 Août 2008) (en anglais)
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