– Le Très Vénérable THICH HUYEN QUANG (nom séculier Le Dinh Nhan, 87 ans), Patriarche de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique et indépendante, interdite depuis 1981), a été arrêté une première fois en 1977, puis envoyé en exil intérieur en 1982 pour avoir protesté contre la création ex nihilo de l’Eglise Bouddhique d’Etat. Thich Huyen Quang a passé plus de 23 ans en prison ou en résidence surveillée pour son attachement et ses prises de position en faveur de la liberté religieuse, la démocratie et les droits de l’Homme. En 1993, il a lancé une « Déclaration » appelant à des réformes politiques comme des élections libres et l’établissement du multipartisme. Au mois d’avril 2003, lors d’un court et surprenant moment de tolérance religieuse, Thich Huyen Quang a été reçu par le Premier Ministre Phan Van Khai à Hanoi. En dépit de cette rencontre historique, les autorités vietnamiennes ont lancé une brutale campagne de répression contre l’EBUV après la tenue d’une Assemblée pacifique des dignitaires de l’EBUV, en octobre 2003. Thich Huyen Quang a été de nouveau assigné à résidence, cette fois pour une prétendue « possession de secrets d’Etat ». Il est actuellement détenu incommunicado dans le Monastère Nguyen Thieu, dans la province de Binh Dinh. Il souffre d’hypertension et d’arthrite, et sa santé est très précaire. D’autres dignitaires de l’EBUV ont été arrêté lors de cette vague de répression, dont : les Vénérables Thich Tue Sy, Thich Thanh Huyen, Thich Nguyen Ly, l’assistant personnel de Thich Huyen Quang Thich Dong Tho (formellement condamnés à 2 ans de détention administrative sous l’empire du décret 31/CP), ainsi que les Vénérables Thich Thien Hanh, Thich Vien Dinh, Thich Thai Hoa, Thich Hai Tang (incarcérés sur simple décision orale de la police locale).
– Le Très Vénérable THICH QUANG DO (Dang Phuc Tue, 76 ans), deuxième plus haut dignitaire de l’EBUV, a été nominé pour le Prix Nobel de la Paix 2004. Il a également passé plus de deux décennies en détention pour son combat non-violent en faveur des droits et libertés démocratiques. Arrêté une première fois en 1977, il a été envoyé en exil intérieur dans la province de Thai Binh (nord du Vietnam), en 1982. En 1995, il a été condamné à 5 ans d’emprisonnement et à 5 ans d’assignation à résidence pour avoir organisé une Mission d’aide humanitaire de l’EBUV en faveur des victimes des inondations. Relâché, en 1998, lors d’une amnistie gouvernementale grâce à la pression internationale, il est resté sous la surveillance de la police (« J’ai quitté une petite prison juste pour me retrouver dans une plus grande prison » disait-il). En 2001, Thich Quang Do a été condamné à 2 ans de « détention administrative » pour avoir lancé un important « Appel pour la Démocratie au Vietnam ». En signe de protestation, le Député européen Olivier Dupuis avait alors fait un sit-in devant le Monastère Zen Thanh Minh où il était incarcéré. Relâché en juillet 2003, Thich Quang Do a passé quelques mois en « liberté » avant d’être de nouveau arrêté pendant la campagne de répression contre l’EBUV. Il est également accusé de « possession de secrets d’Etat », crime passible de lourdes peines au Vietnam. Il est actuellement détenu incommunicado dans le Monastère Zen Thanh Minh à Ho Chi Minh Ville. Thich Quang Do souffre de diabète, d’hypertension et de problèmes cardiaques, et sa santé est très préoccupante.
– Le Vénérable THICH THIEN MINH (Huynh Van Ba, 50 ans), bonze de l’EBUV, purge une double peine d’emprisonnement à vie dans le camp de rééducation Z30A à Xuan Loc, province de Dong Nai. Arrêté et condamné à la détention perpétuelle en 1979 pour son soutien à l’EBUV, il a de nouveau été condamné à la prison à vie, en 1986, après une tentative d’évasion. Il a passé de longues périodes d’isolement au cachot pour ses protestations contre les mauvais traitements à l’encontre des autres détenus. En 2002, il a été jeté au cachot pendant 3 mois. Thich Thien Minh a été reconnu victime de détention arbitraire par le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU (avis 21/1997 du 2 décembre 1997).
– PHAM QUE DUONG (73 ans), ancien rédacteur en chef du « Journal d’Histoire Militaire », est un historien militaire respecté et ancien colonel de l’Armée du Peuple. En 1999, Pham Que Duong a rendu sa carte du Parti Communiste en signe de protestation contre l’expulsion du PCV du dissident Tran Do. En septembre 2001, avec Tran Khue et d’autres dissidents, il a déposé une demande d’autorisation pour la création d’une association indépendante anti-corruption afin de participer à la campagne du gouvernement contre la corruption. Tous ont été assignés à résidence et placés sous la surveillance de la police. Bouddhiste, Pham Que Duong avait aidé les bonzes de la Pagode au Pilier Unique à résister contre l’expulsion ordonnée par le gouvernement en 2000. En août 2002, Pham Que Duong, Tran Khue, Hoang Minh Chinh avaient signé la Pétition des 21 dissidents de Hanoi appelant à la création d’une cour constitutionnelle et au respect des droits de l’Homme. Pham Que Duong s’est également présenté aux élections législatives de 2002, mais sa candidature à la candidature a été rejetée par les autorités. Il a finalement été arrêté le 28 décembre 2002 à Ho Chi Minh Ville, lors d’une visite au dissident Tran Khue. Accusé d’avoir « abusé des libertés démocratiques », Pham Que Duong a été condamné à 19 mois de prison, le 9 juillet 2004 , et libéré en août 2004. Il est actuellement en résidence surveillée à Hanoi.
– Dr NGUYEN DAN QUE (62 ans), endocrinologue, a été arrêté en 1990 et condamné à 20 ans de travaux forcés en novembre 1991 pour avoir fondé le « Mouvement Humaniste » et fait circuler une pétition appelant à des réformes démocratiques. Il avait déjà passé plusieurs années de « camp de rééducation ». Le Dr Que a été libéré lors de l’amnistie gouvernementale de 1998, à la condition qu’il s’exilât à l’étranger. Cependant, après avoir quitté la prison, il a refusé d’émigrer et est resté chez lui à Ho Chi Minh Ville, où il a continué son combat non-violent pour la démocratie et les droits de l’Homme, en dépit des harcèlements continuels et de la surveillance policière. Le 17 mars 2003, le Dr Que a été arrêté pour avoir envoyé à l’étranger des documents demandant les droits de l’Homme, la liberté de la presse et des réformes politiques. Il a été condamné à 30 mois d’emprisonnement lors d’un procès inique à Ho Chi Minh Ville, en juillet 2004, au motif d’avoir « abusé des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l’Etat » (article 258 du Code pénal). Nguyen Dan Que est actuellement incarcéré au Centre de détention sis 237 rue Nguyen Van Cu, à Ho Chi Minh Ville.
– HOANG MINH CHINH (Tran Ngoc Nghiem), ancien doyen de l’Institut de Philosophie Marxiste-Léniniste, a passé près de 20 ans en prison ou en résidence surveillée sans motif ni procès du fait de son prétendu « révisionisme anti-Parti ». En 1995, Hoang Minh Chinh a été arrêté de nouveau et condamné à 12 mois d’emprisonnement pour « abus des droits et libertés démocratiques » et « propagande anti-socialiste ». A sa libération, il a continué à appeler le Parti à se réformer, à la suite de quoi sa liberté de mouvement a été restreinte et ses communications étroitement contrôlées. Il est continuellement convoqué à des « sessions de travail » (interrogatoires) et les autorités ont organisé des « sessions de dénonciation » publique pour le critiquer.
– TRAN KHUE (68 ans), érudit, auteur et professeur à l’Université de Ho Chi Minh Ville. Co-auteur des deux livres « Dialogue 2000 » et « Dialogue 2001 » qui sont actuellement interdits par le gouvernement, il a été placé en détention administrative pour deux ans, en octobre 2001 (décret 31/CP) pour avoir demandé l’autorisation de créer une association anti-corruption avec le Colonel Pham Que Duong et d’autres dissidents. En dépit de cela, en février 2002, il a envoyé une Lettre Ouverte au Premier Ministre chinois Jiang Zemin, alors en visite officielle au Vietnam, afin de protester contre les traités de frontières sino-vietnamiens. Tran Khue a été de nouveau arrêté en décembre 2002 et condamné à 19 mois d’emprisonnement le 14 juillet 2004 pour « abus des libertés démocratiques ». Il a été libéré au mois d’août 2004 et se trouve depuis sous l’étroite surveillance de la police à Ho Chi Minh ville.
– NGUYEN KHAC TOAN (49 ans), ancien officier de l’Armée nord-vietnamienne et homme d’affaires, a été arrêté dans un cybercafé de Hanoi, le 8 janvier 2002, accusé « d’espionnage » et condamné à 12 ans d’emprisonnement et 3 ans de détention administrative par le Tribunal populaire de Hanoi, le 20 décembre 2002. Durant les importantes manifestations paysannes contre les confiscations des terres, Nguyen Khac Toan avait aidé des fermiers à écrire leurs pétitions et leurs plaintes aux autorités. Il avait envoyé certaines de ces plaintes et d’autres articles à des organisations à l’étranger. Il est actuellement détenu dans la prison de sombre réputation B14 (Thanh Liet) près de Hanoi.
– NGUYEN VU BINH (35 ans), journaliste du « Tap Chi Cong San », la Revue officielle du Parti Communiste, a quitté ce journal pour fonder un parti politique indépendant (le Parti Libéral Démocrate) en 2000, puis a rejoint Pham Que Duong et d’autres pour tenter de fonder une association anti-corruption. Il a également co-signé la Pétition des 21 dissidents de Hanoi, en août 2002. Il a en conséquence été l’objet de harcèlements et d’interrogatoires continuels. Il a été arrêté le 25 septembre 2002 pour avoir envoyé un témoignage écrit au Congrès américain lors d’une de ses auditions sur les violations des droits de l’Homme au Vietnam et avoir écrit d’autres articles perçus comme « calomniant l’Etat vietnamien ». Le 31 décembre 2003, il a été condamné à 7 ans d’emprisonnement pour « espionnage » (article 80 du code pénal).
– PHAM HONG SON (36 ans), manager d’une companie pharmaceutique, est un des premiers « cyberdissidents » vietnamiens. Il a été arrêté le 25 mars 2002 à Hanoi pour avoir mis des articles en faveur de la démocratie sur l’internet. Parmi eux figurent « Ce qu’est la démocratie » et d’autres textes du site web de l’ambassade américaine à Hanoi. Pham Hong Son avait traduit ces textes en vietnamien et les avait envoyés au Secrétaire général du PCV Nong Duc Manh ainsi qu’à plusieurs journaux de la presse officielle pour publication. Accusé « d’espionnage », il a été condamné à 13 ans d’emprisonnement et 3 ans de détention administrative lors d’un procès inique le 18 juin 2003. Sous une forte pression internationale, sa sentence a ramenée en appel à 5 ans d’emprisonnement, le 26 août 2003.
– JANA BOM (45 ans), prêcheur protestant de l’ethnie Montagnard des Bahnars, a été arrêté en février 2001 durant les manifestations des minorités ethniques des Hauts-Plateaux du Centre du Vietnam. Le 26 septembre 2001, il a été condamné à 12 ans d’emprisonnement et 5 ans de détention probatoire au cour d’un procès d’une journée, par le Tribunal populaire de la province de Gia Lai. 13 autres Montagnards ont été condamnés, le même jour, à des peines de 6 à 12 ans, par les Tribunaux populaires des provinces de Gia Lai et Dak Lak. Jana Bom a été condamné pour des crimes comme « tentative de briser l’union nationale » et il était accusé d’avoir été le chef des « troubles civils » durant les manifestations de février 2001. La répression gouvernementale contre les manifestations des Montagnards, en février 2001 et avril (Pâques) 2004, ont mené à des dizaines de morts, des centaines de blessés et des milliers de personnes ont été obligées de se cacher ou de rechercher asile au Cambodge. Selon les organisations des droits de l’Homme, comme Human Rights Watch, qui ont interrogé directement les victimes, les Montagnards ne faisaient que demander 1) la liberté religieuse, 2) la restitution des terres ancestrales, 3) la libération des prisonniers politiques Montagnards, 4) la fin des violations des droits de l’Homme.
– NGUYEN DINH HUY (68 ans) purge une peine de 15 ans de prison pour « tentative de renverser le gouvernement du peuple ». Ancien enseignant d’histoire et d’anglais, Président du « Mouvement pour Unir le Peuple et Construire la Démocratie », Nguyen Dinh Huy a été arrêté avec 11 membres de ce mouvement, en novembre 1993, pour avoir essayé d’organiser une conférence sur le développement et la démocratie au Vietnam, dans un hôtel de Ho Chi Minh Ville. Il se trouve actuellement dans le camp de rééducation Z30A à Xuan Loc, province de Dong Nai.
– TRAN VAN LUONG (62 ans), ancien député de l’Assemblée Nationale de la République du (Sud) Vietnam, a été arrêté le 9 décembre 1985 et condamné à mort les 21-22 septembre 1988 pour avoir distribué dans la rue des tracts appelant aux droits de l’Homme. Il a été condamné sur le chef d’accusation de « tentative de renverser le gouvernement du peuple ». Sa sentence a été commuée en emprisonnement à vie à la suite d’une campagne internationale lancée par le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme. La santé de Tran Van Luong est très préoccupante. Il est détenu dans le camp de rééducation T5 dans le district de Thanh Cam, province de Thanh Hoa (nord du Vietnam).
– VU DINH THUY (52 ans), poète détenu pour « rééducation » en 1975, a été condamné à la détention perpétuelle, en 1979, lors d’un procès inique au sein même de sa prison, pour « avoir écrit de la poésie en détention ». Il se trouve actuellement dans le camp de rééducation T5 dans le district de Thanh Cam, province de Thanh Hoa. Son état de santé est déplorable du fait des très dures conditions de détention.
– Le Révérend NGUYEN HONG QUANG (45 ans), secrétaire général de l’Eglise Mennonite Evangélique Vietnamienne (interdite), a été arrêté le 8 juin 2004 à Ho Chi Minh Ville. Il aurait été accusé d’avoir « incité le peuple à empêcher les fonctionnaires de remplir leur devoir ». Le révérend Nguyen Hong Quang avait fait un sit-in en décembre 2003 devant le poste de police de Ho Chi Minh Ville avec d’autres dignitaires de l’Eglise pour protester contre la détention de 19 Protestants qui avaient distribué des pamphlets religieux au cours des Jeux de l’Asie du Sud-Est (SEA Games) à Ho Chi Minh Ville. Il avait auparavant été battu par la police pour ses projets d’aider les pauvres et les indigents, et menacé afin qu’il cessât ses activités. Il attend actuellement son procès. Selon certaines sources, ce procès devrait avoir lieu en septembre 2004.