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141 ligues de la FIDH réunies à Lisbonne condamne la répression contre les défenseurs des droits de l’Homme au Vietnam

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LISBONNE, 24 avril 2007 (VCHR) – Les membres de 141 ligues venant d’Afrique, d’Asie, des Amériques et d’Europe, réunies à Lisbonne, Portugal, du22 au 24 avril 2007 pour le 36ème Congrès de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH), ont adopté deux résolutions condamnant les violations des droits de l’Homme au Vietnam. Dans une Résolution urgente, le Congrès a condamné la récente répression contre les défenseurs des droits de l’Homme, les dissidents politiques et religieux, appelé le Vietnam à mettre un terme à la répression contre tous les mouvements religieux « non-reconnus », dont l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam, et à lancer des « réformes réelles et effectives pour aboutir à une société démocratique et respectueuse des droits fondamentaux au Vietnam » (voir le texte intégral ci-dessous).

Le Congrès a également adopté une Résolution générale qui déplore les violations grandissantes des droits de l’Homme du fait de la politique de libéralisation économique accélérée (doi moi) : « le gouvernement vietnamien s’est précipité dans la course à l’adhésion à l’OMC, sans aucune étude de l’impact sur les populations les plus vulnérables du Vietnam »… Le doi moi « a abouti à la conjonction du pire du capitalisme sauvage et du pire de l’Etat totalitaire : pour répondre aux exigences de la globalisation économique, les populations pauvres sont abandonnées à leur sort » et « l’Etat exporte de la main-d’œuvre ouvrière dans 40 pays étrangers sans aucune protection des travailleurs »… Les femmes sont particulièrement vulnérables : « Les violences domestiques, la traite des femmes et des jeunes filles, le problème grandissant du SIDA, les violations du droit à la reproduction sont des questions très sérieuses », déclare la FIDH qui déplore que « le gouvernement vietnamien s’est engagé dans une protection légale et de pure forme des droits des femmes sur le papier, ces droits ne sont nullement respectés en pratique ». Elle appelle donce le Vietnam à autoriser « l’émergence d’une presse libre et des mouvements indépendants de la société civile, seuls garde-fous contre les excès de la libéralisation des échanges et les abus de pouvoir ».

La FIDH a également dévoilé, lors de son Congrès, son tout premier Rapport de Mission au Vietnam, intitulé « Twelve Human Rights Defenders take the Floor » (en anglais), qui a été produit conjointement avec l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT), basée à Genève. Durant cette Mission au Vietnam, les avocats de la FIDH ont pu rencontrer d’éminents dissidents comme Thich Quang Do, Nguyen Dan Que, Hoang Minh Chinh, etc..

La FIDH, fondée en 1922, est la plus vieille et la plus éminente organisation française des droits de l’Homme. Elle compte à ce jour 141 ligues de par le monde.

 

Résolution Urgente
sur la situation des droits de l’Homme
en République Socialiste du Vietnam

 

36ème Congrès de la FIDH du 22 au 24 avril 2007 à Lisbonne – C’est avec stupeur que la FIDH et ses 141 ligues ont pris connaissance des conditions du procès de dissidents vietnamiens, le 30 mars 2007, qui a abouti à des peines allant jusqu’à 8 ans d’emprisonnement. Au cours de ce procès inique, les accusés (Nguyen Van Ly, Nguyen Phong, Nguyen Binh Thanh, Hoang Thi Anh Dao et Le Thi Le Hang), poursuivis pour « propagande contre l’Etat de la République Socialiste du Vietnam » (article 88 du Code pénal) n’ont pas eu droit à l’assistance d’un avocat ni même celui de se défendre eux-mêmes. L’on gardera en mémoire l’image du Père catholique Nguyen Van Ly bâillonné alors qu’il tentait de parler.

Outre les peines exorbitantes décidées pour des actes qui relèvent du droit à la liberté d’expression, droit garanti par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par le Vietnam, ce procès très médiatisé par la volonté même des autorités vietnamiennes apparaît comme un véritable geste de défi à la communauté internationale qu’elles viennent de leurrer éhontément.

Il s’inscrit dans une vague de répression de grande ampleur qui a vu le harcèlement et l’arrestation de nombreux dissidents et défenseurs des droits de l’Homme, comme les avocats Nguyen Van Dai, Le Thi Cong Nhan (tous deux arrêtés le 6 mars 2007) et Le Quoc Quan arrêté le 8 mars 2007 et accusé d’avoir voulu « renverser le gouvernement », crime puni jusqu’à l’emprisonnement à vie et la peine de mort. Le 15 mars 2007, c’est la délégation norvégienne venue remettre à Thich Quang Do le Prix Rafto 2006 pour les défenseurs des droits de l’Homme qu’il n’avait pu venir chercher en Norvège en novembre 2006, qui a été interceptée et appréhendée par la police dans la cours de la pagode-prison de Thich Quang Do à Ho Chi Minh Ville.

Or depuis un an, le gouvernement vietnamien semblait avoir accordé une plus grande liberté à ses citoyens et mis une sourdine à ses pratiques répressives. Mais cette liberté factice et temporaire n’a constitué qu’une vitrine pour les yeux du monde et il apparaît évident qu’elle ne visait qu’à tromper la communauté internationale en vue d’obtenir divers avantages comme le retrait du Vietnam de la liste américaine des « Pays Particulièrement Préoccupants » en matière de liberté religieuse, son entrée dans l’Organisation Mondiale du Commerce, l’octroi par les Etats-Unis du statut des relations commerciales normales et permanentes (PNTR) et la tenue sans vague du Sommet de l’APEC à Hanoi, en novembre 2006. Une fois ces objectifs atteints, le Vietnam a pu cyniquement reprendre sa politique de répression tous azimuts.

Rappelant que le respect des droits de l’Homme ne saurait être un simple outil dans les négociations internationales mais bien l’objectif premier de tout Etat digne de ce nom, la FIDH et ses 141 ligues exigent la libération de toutes les personnes incarcérées au Vietnam du fait de l’exercice pacifique de leurs droit à la liberté d’expression, de conscience et d’association, la fin immédiate et inconditionnelle de la politique de répression contre les communautés religieuses « non-reconnues », comme l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam, et le lancement de réformes réelles et effectives pour aboutir à une société démocratique et respectueuse des droits fondamentaux au Vietnam.

 

 

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