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164 Ligues des Droits de l’Homme réunies à Erevan, en Arménie, condamnent la répression contre les défenseurs des droits de l’Homme au Vietnam

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EREVAN, Arménie, 10 avril 2010 (VCHR) – Les 164 ligues membres de la FIDH en Afrique, en Asie, aux Amériques et en Europe, réunies à Erevan, en Arménie, pour le 37ème Congrès de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) ont adopté une Résolution Urgente condamnant les violations des droits de l’Homme au Vietnam. La Résolution déplore les récentes arrestations des défenseurs des droits de l’Homme, des dissidents politiques et religieux, et appelle le Vietnam à mettre fin à la répression contre les mouvements religieux « non-reconnus », comme l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam. Elle exprime la préoccupation particulière des membres de la FIDH concernant les récentes violations du droit à la liberté d’expression, déplorant que « le Vietnam mène une campagne acharnée contre la liberté d’expression sur internet, avec arrestation et harcèlement contre les blogueurs, cyber-attaques et fermeture des sites qui déplaisent au gouvernement, piratage informatique ».

La Résolution exprime également la déception des délégués de la FIDH devant les premiers pas de la toute nouvelle Commission Intergouvernementale de l’ANASE sur les Droits de l’Homme (AICHR) présidée par le Vietnam, notamment « le refus de cette Commission, lors de sa première réunion à Jakarta (28 mars-1er avril 2010), de rencontrer la société civile et d’examiner les doléances au prétexte de non-interférence dans les affaires internes des Etats-membres » (voir le texte de la Résolution).

La FIDH, fondée en 1922, est la plus ancienne et la plus importante organisation française de protection des droits de l’Homme et compte 155 ligues membres. M. Vo Tran Nhat, Secrétaire Exécutif du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, représente le Vietnam au Congrès.

Résolution d’urgence
sur la situation des droits de l’Homme au Vietnam

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), réunie à son XXXVII congrès à Erevan, Arménie,

Considérant que le Vietnam vient de montrer, lors de son Examen Périodique Universel (EPU) (septembre 2009), son refus de protéger et promouvoir les droits de l’Homme en rejetant plus de 40 recommandations concrètes et de bon sens pour l’amélioration de la situation des droits de l’Homme.

Considérant que le Vietnam préside, depuis le 1er janvier 2010, la toute nouvelle Commission Intergouvernementale de l’ANASE sur les Droits de l’Homme et qu’il y applique, avec la complicité d’autres Etats-membres, le double langage, comme le démontre le refus de cette Commission, lors de sa première réunion à Jakarta (28 mars-1er avril 2010), de rencontrer la société civile et d’examiner les doléances au prétexte de non-interférence dans les affaires internes des Etats-membres.

Considérant que le Vietnam mène une campagne acharnée contre la liberté d’expression sur internet, avec arrestation et harcèlement contre les blogueurs, cyber-attaques et fermeture des sites qui déplaisent au gouvernement, piratage informatique (Cheval de Troie découvert fin mars dans le logiciel VPSkeys permettant d’espionner ses utilisateurs).

Considérant que le Vietnam continue d’utiliser les incriminations vagues et fourre-tout concernant la « sécurité nationale » comme l’« espionnage », la « propagande contre l’Etat », les activités « visant à renverser le gouvernement », ou comme celle d’« abus des liberté démocratiques » pour réprimer lourdement les dissidents, les défenseurs des droits de l’Homme ou les simples manifestants, comme tout récemment :

– En octobre 2009, neuf militants pro-démocratie condamnés jusqu’à 10 ans de détention (Nguyen Xuan Nghia, Nguyen Van Tuc, Nguyen Manh Son, Nguyen Van Tinh, Ngo Quynh, Nguyen Kim Nhan, Vu Van Hung, Tran Duc Thach et Phan Van Troi) qui venaient d’être adoptés par le Groupe de travail sur la détention arbitraire (avis 1/2009, mai 2009).

– Les 28 décembre 2009 et 20 janvier 2010, cinq autres dissidents condamnés juqu’à 16 ans de prison pour leur engagement en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme (Tran Huynh Duy Thuc, Nguyen Tien Trung, Tran Anh Kim, Le Cong Dinh et Le Thang Long).

Considérant que les dissidents sont tous en résidence surveillée, quand ils ne sont pas en prison, et ce parfois depuis des décennies, comme dans le cas de Thich Quang Do, Patriarche de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, arbitrairement interdite depuis 1981), détenu depuis plus de 28 ans.

Considérant qu’en l’absence d’organisations indépendantes de défense des droits de l’Homme, les communautés religieuses « non-reconnues » jouent souvent le rôle de défenseurs des droits de l’Homme et que le Vietnam s’acharne à les réprimer.

Appelle le Vietnam et les Etats-membres de l’ANASE à travailler sincèrement à ce que la Commission Intergouvernementale de l’ANASE sur les Droits de l’Homme protège et promeuve effectivement les droits humains. A cet effet, cette Commission doit être dotée de véritables moyens pour sa mission et les Etats ne doivent pas invoquer leur « souveraineté nationale » pour dissimuler leurs violations des droits de l’Homme.

Appelle le Vietnam à établir une véritable et sincère collaboration avec les Nations Unies sur les droits humains, notamment en invitant pour des visites in situ des Rapporteurs spéciaux sur la liberté d’expression, la liberté religieuse, la torture, ou encore le Groupe de travail sur la détention arbitraire, et en démantelant son arsenal législatif anti-droits de l’Homme comme l’a recommandé maintes fois l’ONU.
Demande au Vietnam de libérer immédiatement et inconditionnellement toutes les personnes détenues simplement pour avoir exercé légitimement et pacifiquement leurs droits aux libertés fondamentales, au premier chef Thich Quang Do et les dissidents et défenseurs des droits de l’Homme sus-mentionnés.

Appelle le Vietnam à mettre fin à sa campagne contre la liberté d’expression visant à instaurer un climat de peur et à autoriser une presse libre, des syndicats libres, de véritables ONG et à cesser les persécutions contre les religions « non-reconnues », comme l’EBUV, et rétablir leur statut légal.

Appelle la communauté internationale à la plus grande fermeté sur les droits de l’Homme dans ses rapports diplomatiques ou commerciaux avec le Vietnam.

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