PARIS, 10 décembre 2023 (VCHR) – À l’occasion du 75e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), votée par l’Assemblée générale des Nations unies, à Paris, le 10 décembre 1948, le Comité Vietnam pour la défense des droits de l’Homme (VCHR) rappelle que des milliers de défenseurs des droits de l’Homme, de journalistes, de blogueurs, de militants écologistes, de défenseurs des droits des travailleurs et de dissidents religieux et politiques sont emprisonnés partout dans le monde pour leur lutte pacifique en faveur des droits fondamentaux et inaliénables énoncés dans cette déclaration.
Au Vietnam, plus de 200 prisonniers de conscience sont arbitrairement détenus, souvent dans des conditions très dures et loin de leurs proches, pour le « crime » d’avoir défendu les libertés d’expression, d’association, de réunion pacifique ou encore la liberté de religion ou de croyance. La plupart d’entre eux ont été condamnés, lors de procès iniques, en vertu des dispositions très vagues du Code pénal vietnamien sur la « sécurité nationale ». D’autres, parmi lesquels six défenseurs de renom des droits de l’environnement, ont été arrêtés sous le prétexte d’« évasion fiscale » pour leur engagement visant à promouvoir une transition vers des énergies propres au Vietnam.
En ce 10 décembre, le VCHR voudrait attirer l’attention sur les cas de dix prisonniers de conscience détenus au Vietnam en violation flagrante du droit international. « Nous exhortons la communauté internationale à s’unir pour condamner leur détention arbitraire », a déclaré Penelope Faulkner, présidente du VCHR, « et appelons le gouvernement du Vietnam, qui a un devoir d’exemplarité en tant que membre du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, à respecter ses obligations internationales et à libérer inconditionnellement toutes les personnes détenues pour avoir exercé pacifiquement les droits proclamés par la DUDH ».
Đặng Đình Bách, avocat spécialisé dans les questions liées à l’environnement et président du Law and Policy of Sustainable Development Research Centre (LPSD), a été accusé d’« évasion fiscale » et condamné à cinq ans de prison lors d’un procès inique à Hanoï en janvier 2022. Il est détenu à la prison n° 6 dans la province de Nghệ An, où les conditions de détention sont notoirement dures. Les autorités menacent d’expulser sa femme et son bébé de leur domicile de Hanoï pour récupérer sa prétendue dette fiscale (voir le site https://www.standwithbach.org).
Hòang Thị Minh Hồng est la fondatrice de CHANGE, une ONG s’occupant du changement climatique, de l’environnement et de la protection de la vie sauvage. Activiste très médiatisée, boursière de la Fondation Obama, elle a été classée par Forbes en 2019 parmi les 50 femmes les plus influentes du Vietnam. Elle a été contrainte de mettre un terme aux activités de CHANGE en 2022 à cause des harcèlements du gouvernement. Elle a été arrêtée en juin 2023 pour « évasion fiscale » et condamnée à trois ans de prison en septembre lors d’un procès inique qui n’a duré que trois heures.
Phạm Chí Dũng est un journaliste, fondateur de l’Association des journalistes indépendants du Vietnam (IJAV). Il a été arrêté en 2019 après avoir appelé le Parlement européen à reporter la ratification de l’accord de libre-échange UE-Vietnam (EVFTA) en attendant des progrès en matière de droits humains au Vietnam. Accusé de « diffusion d’informations contre l’État » (article 117 du Code pénal), il a été condamné à 15 ans de prison en janvier 2021. Il est actuellement détenu dans le camp de Xuân Lộc, dans la province de Đồng Nai.
Phạm Đoan Trang est une écrivaine, journaliste et militante pro-démocratie primée, fondatrice du magazine en ligne Luật Khoa. Au cours de ses nombreuses années de militantisme, elle a été, de manière régulière, victime de passage à tabac en détention. En 2020, elle a été arrêtée pour « propagande contre l’État » et condamnée à neuf ans de prison lors d’un procès inique à Hanoï, en décembre 2021. Elle est détenue à la prison de An Phước, à 1500 km de son domicile. Elle serait, selon les témoignages, en très mauvaise santé.
Nguyễn Tường Thụy est journaliste et blogueur, vice-président de l’Association des journalistes indépendants du Vietnam (IJAV).
Il a été arrêté en 2020 et condamné à 11 ans de prison en même temps que Phạm Chí Dũng, en janvier 2021. Il était accusé de « propagande contre l’État ». Il est actuellement détenu à la prison de An Phước, à 1500 km de son domicile. Il a plus de 70 ans et souffre d’hypertension.
Nguyễn Thị Tâm est une militante des droits à la terre. Elle a été emprisonnée à plusieurs reprises pour avoir manifesté contre les confiscations de terres par l’État. Arrêtée en 2020, elle a été accusée de « propagande contre l’État » et condamnée à six ans de prison en décembre 2021. Elle est détenue à la prison de Gia Lai, à plus de 1000 km de son domicile. Souffrant de fibromes utérins, elle s’est vu refuser tout traitement médical adéquat.
Trương Minh Đức est journaliste et ancien prisonnier de conscience. En 2007, il a été emprisonné pendant cinq ans pour avoir « abusé des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l’État ». De nouveau arrêté en 2017, il a été jugé avec d’autres membres de la Fraternité pour la démocratie pour « activités visant à renverser l’administration du peuple » (article 109 du code pénal). Il a été condamné à 12 ans de prison. Il est actuellement détenu dans la prison n° 6 de la province de Nghệ An, à 1400 km de son domicile.
Cần Thị Thêu est une militante des droits à la terre de premier plan et une ancienne prisonnière de conscience. Elle est victime d’agressions et de harcèlements répétés en raison de ses activités militantes. En mai 2021, elle a été condamnée, avec son fils Trịnh Bá Tư, à huit ans de prison pour « propagande contre l’État » à la suite de sa participation à des manifestations concernant les droits fonciers. Son autre fils, Trịnh Bá Phương, a été condamné à 10 ans de prison en décembre 2021. Elle est actuellement détenue dans la prison n° 5 dans la province de Thanh Hóa.
Trần Bang (alias Trần Văn Bàng), est un militant pro-démocratie très présent dans les manifestations et sur les médias sociaux. En mars 2022, il a été arrêté pour « propagande contre l’État » et condamné à huit ans de prison lors d’un procès qui a duré moins de trois heures. Il a été transféré à la prison de Bố Lá en septembre 2023. Sa famille a signalé que, depuis ce transfert, sa santé a décliné de manière alarmante en raison des conditions de détention très dures et du manque d’accès aux soins médicaux.
Nguyễn Thúy Hạnh est une défenseure des droits humains. En 2017, elle a créé le Fonds 50K pour porter assistance aux prisonniers d’opinion et leurs familles. Les autorités ont gelé son compte en 2020 et l’ont finalement arrêtée en avril 2021 pour « propagande contre l’État ». Elle est actuellement en détention provisoire à Hanoï. Depuis un an, elle est internée dans un établissement psychiatrique prétendument pour soigner sa dépression. Sa famille ne dispose d’aucune information sur le traitement qu’elle reçoit et affirme que son état de santé s’est rapidement dégradé au cours des derniers mois.
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