Dans une lettre envoyée aujourd’hui par fax aux autorités vietnamiennes, M. Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme (Paris) et Vice-Président de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (Paris), a demandé la libération d’urgence du Patriarche de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise traditionnelle, indépendante, interdite depuis 1981) Thich Huyen Quang et son transfert immédiat à Ho Chi Minh Ville où pourront lui être prodigués des soins médicaux.
M. Ai rapporte que le Patriarche de 86 ans souffre actuellement d’une douloureuse enflure près de l’œil. Les médecins de l’hôpital de Quang Ngai, qui ont examiné Thich Huyen Quang la semaine dernière, pensent que cette tumeur pourrait être cancéreuse. L’hôpital de Quang Ngai n’étant pas équipé pour traiter cette maladie, les médecins ont recommandé que Thich Huyen Quang soit transféré d’urgence dans un hôpital de Ho Chi Minh Ville pour être opéré. En dépit de cela, la Sécurité de Quang Ngai a rejeté, mercredi (12 février 2003), leur demande et interdit à Thich Huyen Quang de quitter la province.
“Le Très Vénérable Thich Huyen Quang est détenu sans procès depuis 1982, sans qu’il sache même les raisons de son arrestation”, a dit M. Ai. “Il est privé de ses droits civiques, dénié de ses droits les plus fondamentaux à la liberté religieuse et à la liberté de circuler. Il ne peut pas voyager librement à Saigon”. M. Ai a souligné que Thich Huyen Quang souffre également d’hypertension, d’arthrite chronique et de problèmes gastriques et que sa santé s’est sérieusement détériorée après 21 années de détention dans une cabane adjacente à la Pagode Quang Phuoc, Hameau de Cho Chua, dans la province reculé de Quang Ngai.
Dans sa lettre au Secrétaire général du Parti Nong Duc Manh, au Président Tran Duc Luong et au Premier Ministre Phan Van Khai, M. Ai a rappelé que la santé de Thich Huyen Quang était très préoccupante depuis un certain temps déjà. En 2001, le numéro 2 de l’EBUV, le Vénérable Thich Quang Do, avait écrit deux fois au gouvernement, l’appelant à libérer le Patriarche pour des raisons humanitaires, et déclarant que si Thich Huyen Quang n’était pas relâché avant le 7 juin 2001, il prendrait la tête d’une délégation de l’EBUV afin de ramener depuis la province de Quang Ngai le Patriarche à Saigon. Le 1er juin, juste six jours avant ce départ planifié, la Sécurité du district Phu Nhuan (Ho Chi Minh Ville) a arrêté Thich Quang Do et condamné à 2 ans de détention administrative. Il est depuis détenu incommunicado au Monastère Zen Thanh Minh.
“La Sécurité de Phu Nhuan agissait-elle de sa propre initiative ou s’agissait-il d’une politique décidée au plus haut niveau pour empêcher un honnête citoyen d’aider son aîné dans la détresse, d’agir envers un vieil homme malade en vertu des traditions les plus anciennes du Vietnam ? » a demandé M. Ai. « Le gouvernement vietnamien, quelques soient son idéologie ou ses opinions, ne peut pas détourner le regard de la grave situation du Patriarche de l’EBUV…”
“Je vous presse formellement de relâcher le Très Vénérable Thich Huyen Quang et de l’autoriser à se rendre à Ho Chi Minh Ville pour y subir une opération chirurgicale d’urgence. Il ne s’agit pas là de la seule survie du Patriarche mais également de la vie ou de la mort de l’essence même de la Nation vietnamienne, à savoir le Bouddhisme indépendant au Vietnam”
M. Ai a rappelé que des personnalités internationales et des gouvernements tout autour du monde ont incessamment appelé à la libération de Thich Huyen Quang et de Thich Quang Do. Rien que la semaine dernière, le Commissaire aux Relations Extérieures de l’Union Européenne Chris Patten qui a demandé la libération des deux dignitaires, déclarant que “la Commission [Européenne] estime qu’aucun des faits reprochés à ces deux hommes ne justifie leur détention ou assignation à résidence et qu’il convient de prendre en considération leur âge avancé”.