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Audience sur les droits de l’Homme au Vietnam devant le Congrès américain : M. Vo Van Ai dénonce les « religions à orientation socialiste » et demande un référendum national sur la démocratie

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S’exprimant devant le Comité des Relations Internationales de la Chambre des Représentants du Congrès américain, M. Vo Van Ai, Président de Quê Me : Action pour la Démocratie au Vietnam et porte-parole international de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, arbitrairement interdite en 1981), a témoigné des violations massives et systématiques des droits de l’Homme et de la liberté religieuse au Vietnam (Le texte intégral du témoignage de M. Vo Van Ai devant le Congrès — en anglais — est disponible ici).

M. Ai s’est réjoui de ce que cette audience devant le Congrès ait lieu à la veille de la toute première visite du Premier Ministre vietnamien Phan Van Khai à Washington DC, où il doit rencontrer le Président George W. Bush à la Maison Blanche mardi. En effet, a-t-il dit, ainsi « la voix des dirigeants [Vietnam] et celle des victimes pourront être entendues [du] gouvernement et [du] peuple [américains] ». Il a précisé que « cela ne pourrait pas arriver au Vietnam ».

En particulier, M. Ai en a appelé au Président Bush et au Congrès américain pour qu’ils pressent le Vietnam d’organiser un Référendum national, sous la supervison des Nations Unies, afin de savoir si le peuple vietnamien souhaite le pluralisme et la démocratie ou préfère rester sous un régime à Parti unique. Dans une interview accordée au Washington Post la semaine dernière (16 juin), le Premier Ministre Phan Van Khai déclarait : « Au Vietnam, le peuple a le plus haut pouvoir de déterminer la destinée du pays ». M. Ai a donc fait remarquer au Congrès qu’« un référendum national serait le meilleur moyen de s’assurer que tous les Vietnamiens ont le droit de participer à l’édification de leur avenir et de déterminer la destinée de leur pays ».

Il a également pressé les Etats-Unis de maintenir le Vietnam sur la liste noire des « pays particulièrement préoccupants » (CPC, « Country of Particular Concern ») en matière de liberté religieuse tant que le Vietnam n’aura pas libéré le Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang et son adjoint Thich Quang Do, détenus tous deux depuis plus de 25 ans, et tant qu’il n’aura pas rétabli le statut légitime de l’EBUV.

Notant que le Vietnam a fait des gestes et des promesses pour obtenir son retrait de la liste des CPC, il a souligné qu’une répression féroce continuait d’avoir lieu et pressé les Etats-Unis de ne faire aucune concession tant que des améliorations concrètes de la situation des droits de l’Homme et de la liberté religieuse au Vietnam n’auront pas été accomplis. « Le Vietnam est passé maître dans l’art des fausses promesses — en fait, Phan Van Khai lui-même est un symbole des promesses non tenues par le régime de Hanoi », a-t-il averti, rappelant l’engagement qu’il avait pris d’assurer une plus grande tolérance religieuse, lors de sa rencontre avec le Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang, en avril 2003. Or dès le mois d’octobre 2003, le gouvernement de Phan Van Khai lançait une des plus brutales campagnes de répression contre les Bouddhistes de l’EBUV, au cours de laquelle, entre autre chose, Thich Huyen Quang, Thich Quang Do et neuf autres dignitaires de l’EBUV étaient arrêtés.

Analysant la législation religieuse comme la nouvelle Ordonnance sur les Religions, M. Ai a montré au Congrès que les politiques religieuses du Vietnam ne visaient pas à la promotion de la liberté religieuse mais plutôt à promouvoir les « religions à orientation socialiste » sous le contrôle du Parti Communiste du Vietnam (PCV). Il a soumis des extraits d’un document secret du PCV intitulé « Sur les religions et la lutte contre les activités exploitant la religion ». Ce document de 602 pages, dont le Comité de M. Ai a obtenu une copie, a été publié par l’Institut des Sciences de la Sécurité Publique de Hanoi à un million d’exemplaires numérotés, et révèle la politique du gouvernement vietnamien visant de façon systématique à démanteler les religions non-reconnues. Le document visent en particulier l’EBUV, l’accusant de « défendre les droits de l’Homme, le pluralisme politique et le multipartisme pour créer de l’instabilité sociale et de la rébellion ». Ce manuel de la répression donnent des instructions très claires aux cadres du PCV et aux policiers à tous les niveaux pour « s’opposer, réprimer, isoler et diviser » les dignitaires et les membres de l’EBUV.

M. Vo Van Ai a cité des exemples significatifs de la répression récente contre l’EBUV. Au mois de mai 2005, la Sécurité a soumis à interrogatoire les bonzes du Monastère Nguyen Thieu, dans la province de Binh Dinh, où est détenu le Patriarche de l’EBUV, et a cherché à les forcer à cesser tout contact avec l’EBUV. Les policiers ont menacé de mort les dignitaires de l’EBUV, avertissant que Thich Huyen Quang et Thich Quang Do seraient exécutés s’ils continuaient à critiquer le PCV. La Sécurité a également interdit à Thich Duc Chon (Pagode Gia Lam, Saigon), Thich Thanh Quang (Pagode Giac Minh, Danang) et aux pagodes de l’EBUV de Hue, Danang, Saigon, Quang Tri et Khanh Hoa, de célébrer le Vesak (anniversaire du Bouddha) et de lire les Messages de Thich Huyen Quang et de Thich Quang Do. Celui-ci fait l’objet de contrôles de plus en plus sévères depuis qu’il a lancé sa « Lettre pour la Nouvelle Année » qui appelait au pluralisme au Vietnam et qui a reçu un soutien sans précédent des vétérans communistes, des prêtres catholiques, des dignitaires hoa hao et des dissidents vietnamien à l’intérieur du pays et à l’étranger. La Sécurité a installé devant sa pagode un appareil de brouillage pour l’empêcher d’utiliser son téléphone portable et toutes les visites sont interdites. Thich Thien Minh, libéré lors d’une amnistie gouvernementale en février 2005, est sujet à des harcèlements constants et à de sévères restrictions sur sa liberté. Il ne dispose toujours pas de permis de résidence et est sous surveillance policière permanente. Le 17 juin, le Lieutenant-Colonel Dai de la Sécurité vietnamienne est venu le voir pour lui ordonner de quitter l’EBUV et d’abandonner les ordres. L’officier, qui a étudié pendant 3 ans à l’université bouddhiste, a dit que Thich Thien Minh avait perdu le droit d’être bonze parce qu’il n’avait pas participé aux retraites monastiques ni aux rites bouddhiques pendant les 26 ans de sa détention en camp de rééducation.

Plus grave est la nouvelle stratégie du Vietnam consistant à « neutraliser » l’EBUV en suscitant des schismes et des divisions au sein des dignitaires de l’EBUV. Depuis plusieurs mois, les cadres du Parti se sont discrètement rendus auprès des principaux bonzes de l’EBUV pour leur promettre de rétablir l’EBUV à la condition que Thich Quang Do et Thich Huyen Quang soient exclus du processus. En écartant les deux plus importants dissidents de la direction de l’EBUV, l’objectif du régime de Hanoi est de transformer l’EBUV en une seconde « Eglise Bouddhique d’Etat », vidée de tout esprit d’indépendance et de tout engagement en faveur des droits de l’Homme et de la démocratie.

M. Ai a également décrit en détail les persécutions contre les Protestants, les Ménonnites, les Catholiques, les Bouddhistes Hoa Hao, les Cao Dai, les Bouddhistes Khmers Krom, les minorités ethniques (Hmongs, Montagnards) protestantes, ainsi que les violations contre la liberté d’expression, d’opinion, d’association et de manifestation pacifique, citant les arrestations et détentions des cyberdissidents et des autres critiques non-violents du gouvernement. En conclusion, il a appelé le Président Bush de fixer des exigences précises et concrètes lors de ses entretiens avec le Premier Ministre Phan Van Khai demain, comme :

– Libérer tous les prisonniers politiques et religieux comme Thich Huyen Quang, Thich Quang Do et les autres dignitaires de l’EBUV, les cyberdissidents Pham Hong Son, Nguyen Khac Toan, Nguyen Vu Binh, le Pasteur Nguyen Hong Quang et tous les Montagnards protestants détenus pour leurs activités non violentes ;

– Rétablir le statut légitime de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam — comme tout premier pas vers la liberté religieuse — et de toutes les autres religions non-reconnues ;

– Autoriser la publication de journaux indépendants comme forum pour un débat démocratique et la création de syndicats libres et de véritables organisations non-gouvernementales afin d’encourager l’émergence d’une véritable et dynamique société civile au Vietnam ;

– Abroger ou réformer toute la législation qui restreint l’exercice de la liberté religieuse et des droits de l’Homme ; abroger le décret 31/CP sur la « détention administrative », le décret 38/2005/ND-CP qui interdit les manifestations ; conformer les lois concernant la « sécurité nationale » aux Principes de Johannesbourg et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques comme l’a recommandé le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies ; garantir que toutes les lois adoptées dans le cadre de la Stratégie de Développement du Système Légal sont conformes aux normes internationales ;

– Abroger l’article 4 de la Constitution vietnamienne qui octroie au Parti Communiste le monopole politique et idéologique afin que toutes les familles politiques et religieuses puissent participer à la reconstruction d’un Vietnam prospère et démocratiques.

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