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La FIDH dénonce les emprisonnements de dissidents, la peine de mort et les violations de la liberté d’expression au Vietnam

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ISTANBUL, Turquie, 27 mai 2013 (COMITE VIETNAM) – Lors de son 38ème Congrès à Istanbul, en Turquie, où se sont réunies 178 organisations non-gouvernementales venant de 117 pays d’Afrique, d’Asie, des Amériques, d’Europe et d’Océanie, la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) a adopté une Résolution Urgente sur les droits de l’Homme au Vietnam.

Les ligues de la FIDH, ont réagi, par cette résolution urgente, aux tout derniers événements touchant les droits de l’Homme au Vietnam, en particulier la condamnation, le 16 mai 2013, à 6 et 8 ans d’emprisonnement de l’étudiante Nguyen Phuong Uyen et l’informaticien Dinh Nguyen Kha pour « propagande contre l’État ». Elles ont exigé leur libération ainsi que celle des autres dissidents emprisonnés comme Thich Quang Do, les blogueurs Dieu Cay, Ta Phong Tan et Phan Thanh Hai. Elles ont également dénoncé la politique de censure du Vietnam envers les médias, y compris les chaînes d’information étrangères, ainsi que la peine de mort et les nouvelles modalités des exécutions. La FIDH a par ailleurs condamné la candidature du Vietnam pour siéger au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU pour 2014-2016.

Cette résolution intervient alors même que le blogueur Truong Duy Nhat (49 ans) vient d’être arrêté à Danang pour avoir « abusé des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l’Etat », qui est passible de sept ans d’emprisonnement. C’est le dernier exemple en date d’une répression qui avait été largement exposée et illustrée, début 2013, par le rapport de la FIDH et le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme « Blogueurs et cyberdissidents : Mainmise de l’État sur l’internet » en anglais, français et vietnamien.

Turkish President Abdullah Gül speaks at the FIDH 38th Congress in Istanbul (Photo FIDH)  
Turkish President Abdullah Gül speaks at the FIDH 38th Congress in Istanbul (Photo FIDH)
 

La FIDH se réunit en Congrès tous les trois ans autour d’un thème qui portait, cette année, sur « Transitions politiques et droits humains ». Ce 38ème Congrès a accueilli d’éminentes personnalités comme le Président de la République Turque Abdullah Gül, le Vice-Premier ministre turc Beşir Atalay, le Président de la Cour Pénale Internationale Song Sang Hyun, le Représentant spécial de l’Union Européenne pour les droits de l’Homme Stavros Lambrinidis, la Prix Nobel de la Paixiranienne Shirin Ebadi, le Rapporteur Spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation Olivier de Schutter, et l’ancienne Rapporteure Spéciale de l’ONU sur la liberté religieuse Asma Jahangir.

La FIDH, fondée en 1922, est la plus ancienne et la plus importante organisation française de protection des droits de l’Homme, et compte 178 ligues membres. M. Vo Tran Nhat, Secrétaire Exécutif du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme, représente le Vietnam au Congrès.

Texte intégral de la résolution :

Résolution d’urgence sur la situation des droits de l’Homme au Vietnam

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), réunie à son XXXVIII congrès à Istanbul, Turquie,

Considérant que le Vietnam persiste à utiliser des incriminations vagues et fourre-tout du Code Pénal concernant la « sécurité nationale » comme l’« espionnage », la « propagande contre l’Etat », les activités « visant à renverser le gouvernement », ou comme celle d’« abus des libertés démocratiques » pour faire taire les dissidents, les défenseurs des droits de l’Homme ou les simples manifestants ;

Considérant à cet égard que le Vietnam vient de condamner, lors d’un procès inique, le 16 mai 2013, l’étudiante Nguyen Phuong Uyen (21 ans) et l’informaticien Dinh Nguyen Kha (25 ans) à respectivement 6 et 8 ans d’emprisonnement, suivis de 3 ans d’assignation à résidence, simplement pour avoir écrit des poèmes et distribué des tracts critiquant le gouvernement ;

Considérant que le Vietnam condamne à mort plus d’une centaine de personnes par an et compte dans le couloir de la mort plus de 500 condamnés détenus dans des conditions absolument inhumaines ; qu’à la suite de l’interdiction européenne d’exportation des substances nécessaires aux exécutions par injection létale, le Vietnam vient d’adopter un décret autorisant l’emploi de produits fabriqués sur place mais dont le mélange n’est pas au point ;

Considérant que, du fait de la décision 20/2011/QD-TTg exigeant la traduction simultanée en vietnamien de tous les films et documentaires, plusieurs opérateurs TV, dont la société mixte de Canal+ (France) et VTV (Vietnam), ont retiré de leur bouquet de grandes chaînes d’information comme CNN, la BBC, CNBC, NHK World ou ChannelNewsAsia ;

Considérant que nombre de dissidents sont en résidence surveillée, quand ils ne sont pas en prison, et ce parfois depuis des décennies, comme dans le cas de Thich Quang Do, chef de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, arbitrairement interdite depuis 1981), détenu depuis plus de 30 ans ;

Considérant que le gouvernement vietnamien réprime systématiquement tous ceux qui s’engagent pour les droits de l’Homme : les défenseurs des droits de l’Homme, les membres des religions « non-reconnues », les dissidents, les blogueurs, les simples citoyens qui manifestent ou les étudiants qui organisent depuis peu des « pique-nique des droits de l’Homme » sont tous étroitement surveillés, soumis à interrogatoires, harcelés et molestés par la police, arrêtés, voire placés en institutions psychiatriques ;

Regrette que les autorités vietnamiennes n’aient pas choisi de s’engager sur la voie du moratoire des exécutions en vue de l’abolition de la peine de mort ;

Dénonce la politique de censure du Vietnam qui instaure, par une répression sauvage (brutalités et harcèlements policiers, procès iniques, lois liberticides), un climat de peur chez ceux qui veulent s’exprimer et bloque les échanges d’informations avec des normes techniques ou culturelles (comme la nécessité de traduction simultanée en vietnamien des chaînes d’information internationales) ;

Demande au Vietnam de libérer immédiatement et inconditionnellement toutes les personnes détenues simplement pour avoir exercé légitimement et pacifiquement leurs droits aux libertés fondamentales, au premier chef Thich Quang Do, les blogueurs Dieu Cay, Ta Phong Tan et Phan Thanh Hai, ainsi que Nguyen Phuong Uyen et Dinh Nguyen Kha ;

Appelle le Vietnam à établir une véritable et sincère collaboration avec les Nations Unies sur les droits humains, en invitant les Procédures spéciales, comme les Rapporteurs spéciaux sur la liberté d’expression et sur les défenseurs des droits de l’Homme. Surtout, l’invitation du Rapporteur spécial sur la liberté religieuse par le Vietnam doit d’urgence être suivie par la fixation d’une date pour sa visite ;

Dénonce la candidature du Vietnam pour siéger, dès 2014, au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU comme inacceptable et demande à l’Assemblée générale de l’ONU de lui refuser ce siège ;

Appelle l’Union Européenne à rester ferme pour que le Vietnam remplisse ses engagements en matière de droits de l’Homme ; en particulier, dans le cadre des négociations sur l’accord de libre-échange, l’Union Européenne doit réaliser une étude d’impact de cet accord sur les droits de l’Homme au Vietnam.

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