La Sécurité boucle la Pagode Giac Hoa à Saigon

PARIS, 7 mai 2013 (BIIB) – Le Bureau International d’Information Bouddhiste vient de recevoir un rapport urgent du Vénérable Thich Vien Hy de l’Église Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Église historique, indépendante, arbitrairement interdite en 1981) déclarant que 50 agents de la Sécurité avaient encerclé la Pagode Giac Hoa, siège du Secrétariat de l’EBUV, ce dimanche 5 mai 2013, et interdit aux bonzes de quitter le bâtiment.

A 8h00 du matin, dimanche, alors que Thich Vien Hy et le deuxième dignitaire de l’EBUV Thich Vien Dinh se rendaient auprès du Patriarche de l’EBUV Thich Quang Do au Monastère Zen Thanh Minh à Saigon, une équipe d’agents de la Sécurité en civil a fait irruption, bloqué la voiture des bonzes et leur a ordonné de retourner à leur pagode. Lorsque Thich Vien Hy leur a demandé la raison de cet ordre et insisté pour qu’ils produisent un mandat, les policiers ont simplement dit qu’ils avaient reçu des « ordres d’en-haut » et qu’« actuellement les Chinois posent problème » (sic).

Des policiers en civil bloquent la voie menant à la Pagode Giac Hoa, le 5 mai 2013, empêchant les bonzes de quitter le bâtiment (Photo BIIB)

Les agents ont ramené de force les bonzes dans leur pagode et une camionnette de la police est venue bloquer l’entrée du bâtiment. Une cinquantaine de policiers, certains en civil et d’autres en uniforme, sont arrivés pour encercler le lieu et empêcher quiconque d’entrer ou de sortir de la pagode. Plusieurs autres bonzes, qui tentaient de sortir pour assurer des prières ou des services funéraires pour les Bouddhistes locaux, ont été brutalement repoussés et confinés dans la pagode.

Thich Vien Hy a rapporté que de tels harcèlements policiers et actes d’intimidation étaient routiniers dans les pagodes de l’EBUV. La situation du Patriarche de l’EBUV Thich Quang Do, de son adjoint Thich Vien Dinh et d’autres hauts dignitaires de l’EBUV est particulièrement préoccupante. Depuis le 1er juillet 2012, date à laquelle Thich Quang Do avait appelé les Bouddhistes à soutenir les manifestations protestant contre les empiètements chinois sur le territoire vietnamien, la police a systématiquement instauré, le samedi et le dimanche, le blocus des pagodes de l’EBUV dans tout le pays, y enfermant les bonzes et leur interdisant de sortir. Thich Vien Hy en a appelé la communauté internationale à examiner d’urgence les violations des droits de l’EBUV à la liberté de religion et de croyance, à la liberté de circuler et à la liberté d’expression, et à presser le Vietnam à tenir ses engagements internationaux de respecter les droits de l’Homme.

La Securité bloque toutes les entrées de la Pagode Giac Hoa Pagoda (5 mai 2013, Photo BIIB)

Les harcèlements et la répression contre l’EBUV ont été mis en lumière dans le Rapport annuel 2013 de la Commission américaine sur la Liberté Religieuse Internationale (USCIRF) rendu public la semaine dernière. Décrivant l’EBUV comme « l’organisation religieuse la plus importante du Vietnam, avec une histoire d’activisme social non-violent et d’efforts de réforme morale », le rapport note que « l’EBUV a fait face à des décennies de harcèlement et de répression pour avoir recherché l’indépendance vis-à-vis du Sangha Bouddhiste du Vietnam (SBV, Église d’État) et pour avoir appelé le gouvernement à respecter la liberté religieuse et les droits de l’Homme en relation avec elle ». Il a cité la détention administrative continue (assignation à résidence) du Patriarche de l’EBUV Thich Quang Do, les harcèlement et répression contre le Mouvement Bouddhiste de la Jeunesse, l’interdiction de célébrer le Vesak (Naissance du Bouddha) et d’autres festivités bouddhiques dans les provinces de Thua Thien-Hue, de Quang Nam-Danang, de Phu Yen et de Binh Thuan, les bastonnades contre les bonzes de l’EBUV ainsi que les harcèlements et actes d’intimidation contre les fidèles qui fréquentent les pagodes de l’EBUV et font des dons aux « bonzes réactionnaires ».

Le rapport évoque également les faits que vient de soulever Thich Vien Hy, parlant de « rapports selon lesquels la police soumet régulièrement à interrogatoire le Vénérable Thich Vien Dinh et d’autres bonzes de la Pagode Giac Hoa à Ho Chi Minh Ville ».