Le Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) vient de recevoir un appel à l’aide urgent du Vénérable Thich Vien Dinh, Bonze Supérieur de la Pagode Giac Hoa à Ho Chi Minh Ville (Saigon). Il y rapporte que la Sécurité et les autorités menacent d’expulser les 40 bonzes bouddhistes qui y résident et de couper l’électricité de la pagode du fait de leur soutien déclaré à l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, interdite depuis 1981).
Le vénérable Thich Vien Dinh a déclaré que la Sécurité de Saigon l’avait soumis à des « séances de travail » (interrogatoires) depuis plus de deux semaines, en fait depuis qu’il avait envoyé une lettre aux dirigeants vietnamiens (voir le communiqué du BIIB du 26 avril 2004) les appelant à libérer le Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang, Thich Quang Do et tous les autres dignitaires nouvellement nommés de l’EBUV et arrêtés lors de la campagne de répression anti-bouddhiste d’octobre 2003. La Sécurité a affirmé de son côté avoir reçu des ordres pour expulser les 40 bonzes de sa Pagode.
Le vénérable Thich Vien Dinh a également fait parvenir au BIIB une copie d’une lettre du Directeur de la Compagnie électrique Gia Dinh, reçue le 14 mai 2004, déclarant que le contrat de fourniture d’électricité serait « terminé » et l’électricité coupée à moins que Thich Vien Dinh ne produise un certificat prouvant qu’il est bien le Bonze Supérieur de la Pagode Giac Hoa. En réalité, Thich Vien Dinh est le Bonze Supérieur de cette pagode depuis 1973, mais ce titre n’a pas été reconnu par les autorités communistes du fait de son refus systématique de rejoindre l’Eglise Bouddhique du Vietnam (EBV), l’Eglise d’Etat, seule organisation bouddhiste légale du Vietnam communiste. Thich Vien Dinh affirme ne jamais avoir signé de quelconque contrat avec la Compagnie électrique Gia Dinh : « Ceci n’est qu’un moyen d’intimidation », a-t-il dit, ajoutant que les autorités font pression sur lui de façon constante et répétée pour qu’il accroche une enseigne de l’EBV sur la porte d’entrée de la Pagode Giac Hoa, mais qu’il a toujours refusé. « La Pagode Giac Hoa appartient à l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam », a-t-il affirmé.
Si les autorités mettaient à exécution leur menace d’expulsion et de coupure d’électricité, a-t-il confié au Directeur du BIIB Vo Van Ai, cela minerait la liberté religieuse de centaines de Bouddhistes fidèles à l’EBUV qui se rassemblent chaque soir à la Pagode Giac Hoa. Il a ajouté que cela faisait « partie de la campagne du gouvernement de suppression totale de l’EBUV et d’éradication de 2000 ans de Bouddhisme au Vietnam ».
Le Secrétaire général nouvellement nommé de l’EBUV Thich Duc Thang, de la Pagode Gia Lam à Saigon, a également lancé une déclaration condamnant les plus récents actes de coercition contre l’EBUV : « Ces actes répressifs font partie de la campagne du régime communiste contre toutes les pagodes qui refusent de se joindre à l’Eglise Bouddhique du Vietnam, l’Eglise d’Etat, et de soumettre au contrôle du Parti Communiste. Elles souffriront toutes du même sort que la Pagode Giac Hoa… »
Thich Vien Dinh est soumis aux constants harcèlements et menaces des autorités depuis qu’il a été désigné comme Directeur adjoint de l’Institut pour la Propagation du Dharma (Vien Hoa Dao) lors de l’Assemblée de l’EBUV au Monastère Nguyen Thieu (province de Binh Dinh), le 1er octobre 2003. Arrêté et placé en « détention administrative » par ordre verbal par les autorités locales, le 9 octobre 2003, Thich Vien Dinh a constamment été victime de pressions policières pour qu’il abandonne son poste au sein de l’EBUV. Il est sous la surveillance permanente de la Sécurité et il lui est interdit de quitter Saigon, y compris pour remplir ses fonctions religieuses à la Pagode Thap Thap, dans la province de Binh Dinh, dont il est Bonze Supérieur depuis 1995.