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Le BIIB rejette les assertions du Président du Bureau des Affaires Religieuses Ngo Yen Thi sur l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam

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PARIS, 25 avril 2006 (BIIB) – Le Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) dénonce très fermement la déclaration faite par M. Ngo Yen Thi, Président du Bureau des Affaires Religieuses, lors de sa conférence de presse à Hanoi, le 24 avril dernier. Interrogé par un reporter sur l’éventualité de rétablir le statut légal de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique et indépendante), interdite depuis 1981, Ngo Yen Thi l’avait jugée improbable dans la mesure où l’EBUV était devenue une composante de l’Eglise Bouddhiste du Vietnam en 1981 et où le Patriarche de l’EBUV Thich Huyen Quang et son adjoint Thich Quang Do avaient été nommés par des “organisations à l’étranger” et devaient “demander l’autorisation” s’ils désiraient exercer leurs activités religieuses au Vietnam.

“La déclaration de M. Ngo Yen Thi prouve que la politique répressive du Vietnam n’a pas changé. Ce n’est même pas “du vieux vin dans une nouvelle bouteille”, mais “du vieux vin dans la même vieille bouteille”, a dénoncé le Directeur du BIIB et porte-parole international de l’EBUV Vo Van Ai. “Le Vietnam prétend respecter la liberté religieuse juste pour décrocher une place à l’OMC et être retiré de la liste noire des “pays particulièrement préoccupants” du Département d’Etat. Mais il est clair qu’il n’a nullement l’intention de légaliser l’EBUV ou de promouvoir la liberté religieuse au Vietnam”.

Le BIIB rejette catégoriquement la déclaration de Ngo Yen Thi sur les points suivants :

L’EBUV n’a jamais rejoint l’Eglise Bouddhiste du Vietnam en 1981, considérant cette Eglise d’Etat comme un simple outil politique du Parti Communiste du Vietnam (PCV). L’EBUV a toujours recherché l’unification des Ecoles bouddhiques de tout le Vietnam, mais la politique “d’unification” du Bouddhisme vietnamien du PCV a toujours et seulement visé à placer le Bouddhisme vietnamien sous le contrôle du PCV. En 1976, le Ministre vietnamien de la Culture Nguyen Van Hieu avaient ainsi dit au précédent Patriarche de l’EBUV, Thich Don Hau : “L’unification bouddhiste est une bonne chose, mais seulement entre les bouddhistes révolutionnaires. L’unification avec les bouddhistes réactionnaires est hors de question”.

En fait, l’architecte de la politique “d’unification”, le haut-cadre religieux Do Trung Hieu, a révélé les véritables intentions du gouvernement dans un essai qu’il a fait circuler clandestinement en 1994 et pour lequel il a été arrêté et condamné à 18 mois d’emprisonnement : “Le plan général est de transformer le Bouddhisme vietnamien en une association du peuple. D’un niveau plus bas que celui d’une association ordinaire car elle ne doit rassembler en son sein que des bonzes et des nonnes, mais pas de laïcs ; une simple structure supérieure dénuée de toute structure de base. […] Ses activités doivent se cantonner uniquement à la célébration des cérémonies religieuses et à l’entretien du culte dans les pagodes. Il n’est pas question pour elle d’avoir une quelconque activité ayant des rapports avec le peuple et la société. […] Si pour la sauvegarde des apparences, les vénérables sont chargés du problème de l’unification des bouddhistes, la mainmise du PCV, tout au long de ce processus d’unification, n’a jamais cessé d’être évidente pour transformer le Bouddhisme vietnamien en une organisation fantoche du Parti”.

Après la création de l’EBV par le PCV et les autorités vietnamiennes en novembre 1981, un petit nombre de bonzes de l’EBUV ont, individuellement et en leur nom propre, adhéré à l’EBV, tandis que l’EBUV refusait formellement de rejoindre l’Eglise officielle. Comme Thich Huyen Quang l’a dit dans sa lettre adressée au gouvernement (en date du 4 août 1993), “quand la réunion s’est tenue le 12 et 13 février 1980 afin de créer une ‘Commission pour l’unification nationale du Bouddhisme’ [pour préparer la création de l’Eglise d’Etat], les Vénérables Thich Don Hau, Thich Tri Thu et Thich Minh Chau n’ont été invités à participer qu’à titre individuel. Feu le Patriarche Thich Don Hau a quitté la réunion en déclarant : “Si nous ne pouvons participer comme représentants de l’EBUV, nous préférons ne pas participer du tout”. C’est pourquoi l’EBUV n’a pas pris part à la création de la Commission pour l’unification nationale du Bouddhisme”.

Thich Huyen Quang et Thich Quang Do n’ont pas été nommés par une “organisation à l’étranger”. Dans son testament, le Patriarche de l’EBUV Thich Don Hau, décédé en 1992, a nommé Thich Huyen Quang comme son successeur. En raison de la répression religieuse par le gouvernement, l’EBUV n’a pas pu tenir de Congrès validant officiellement cette succession. Toutefois, à la suite des promesses de tolérance religieuse faites par le Premier Ministre Phan Van Khai lors de sa rencontre à Hanoi avec Thich Huyen Quang en avril 2003, l’EBUV convoquait, le 1er octobre 2003, une assemblée dans le Monastère Nguyen Thieu, dans la province de Binh Dinh, afin de nommer la nouvelle équipe dirigeante de l’EBUV. Thich Huyen Quang y était proclamé quatrième Patriarche Suprême de l’EBUV et Thich Quang Do Chef de l’Institut pour la Propagation du Dharma de l’EBUV (deuxième plus haut rang dans l’Eglise). A la fin de l’Assemblée de l’EBUV, la Sécurité vietnamienne a lancé une vaste campagne de répression contre les Bouddhistes, arrêtant tous les dignitaires nouvellement nommés à la tête de l’EBUV et plaçant 11 bonzes supérieurs en détention, Thich Huyen Quang et Thich Quang Do y compris.

En réponse, l’EBUV a appelé ses sections à l’étranger à organiser un Congrès extraordinaire de l’EBUV à Melbourne, en Australie, le 13 octobre 2003, afin de proclamer formellement la nomination de Thich Huyen Quang comme Quatrième Patriarche Suprême et de rendre public les noms des 40 dignitaires nommés dans la nouvelle équipe dirigeante de l’EBUV lors de l’Assemblée à Binh Dinh.

La déclaration faite par le Président Ngo Yen Thi du Bureau des Affaires Religieuse est par conséquent complètement mensongère. Le gouvernement vietnamien ne cherche, avec de telles assertions, qu’à justifier sa politique de répression religieuse et ses tentatives systématiques pour éliminer l’EBUV et toutes les religions indépendantes au Vietnam.

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