Le Bureau International d’Information Bouddhiste (BIIB) a appris avec consternation l’émotion des bonzes de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, indépendante, interdite arbitrairement en 1981) provoquée par l’insistance du bonze Thich Nhat Hanh à vouloir rencontrer les hauts dignitaires de leur Eglise, le Très Vénérable Thich Quang Do et le Vénérable Thich Tue Sy, dimanche et lundi derniers.
« Je suis étonné des manières assez peu bouddhistes du Vénérable Thich Nhat Hanh. Sa volonté exacerbée, et si soudaine, de rencontrer le Très Vénérable Thich Quang Do et les méthodes rentre-dedans qu’il ou son entourage déploient sont assez étranges, d’autant plus que si je m’en tiens au programme que Thich Nhat Hanh a fait circuler au Vietnam, cette visite n’était pas prévue. Je comprends que Thich Quang Do ait refusé de recevoir un Thich Nhat Hanh flanqué des membres du Bureau des Affaires Religieuses du Gouvernement et des cadres de l’Eglise d’Etat » a commenté Vo van Ai, Directeur du BIIB et porte-parole international de l’EBUV.
Arrivé à Ho Chi Minh Ville (ex-Saigon) le dimanche 23 janvier, Thich Nhat Hanh a immédiatement, et sans crier gare, dépêché sa principale assistante Chan Khong au Monastère Zen Thanh Minh où est assigné à résidence Thich Quang Do. Accompagnée de 12 bonzes de sa délégation et de plusieurs bonzes de l’Eglise Bouddhiste du Vietnam (EBV, Eglise d’Etat) de Ho Chi Minh Ville, Chan Khong a, à 17h00, fait appeler par interphone le numéro 2 de l’EBUV par le Bonze Supérieur du Monastère Zen Thanh Minh, le Vénérable Thich Thanh Minh. Elle ne l’a pas laissé parler et s’est emparée du téléphone pour demander une entrevue.
Thich Quang Do a décliné l’exigence de cette rencontre, indiquant qu’il était assigné à résidence et qu’il n’avait pas l’autorisation de la police d’une telle rencontre. Sœur Chan Khong a insisté, déclarant qu’elle avait déjà obtenu la permission de la police. Thich Quang Do a répliqué que si elle et sa délégation avait reçu une autorisation de la police, lui ne disposait pas des mêmes droits. Sœur Chan Khong est restée une heure devant le Monastère pour discuter avec les bonzes d’Etat de la marche à suivre, avant de renoncer.
Lundi 24 janvier, Thich Nhat Hanh avait rendez-vous, prévu de longue date, avec le Très Vénérable Thich Tri Quang, principale figure du mouvement bouddhiste de protestation dans les années 1960 (homonyme de Thich Tri Quang chef de l’Eglise d’Etat à Ho Chi Minh Ville), à la Pagode Gia Lam (Ho Chi Minh Ville). Son arrivée a également provoqué quelques remous dans la mesure où Thich Nhat Hanh désirait être accueilli à la Pagode Gia Lam en grande pompe, avec roulement du grand tambour de la Pagode et procession dans la rue, avec les cadres du Bureau des Affaires Religieuses du Gouvernement et de l’EBV.
Thich Nhat Hanh étant le disciple de Thich Tri Quang, les bonzes de la Pagode Gia Lam ont refusé de frapper la grand tambour réservé aux grandes occasion. Face à l’insistance du visiteur, ils ont accepté la procession à condition que pareil cortège (qui comprenait les cadres des Affaires Religieuses et les bonzes de l’EBV) soit organisé au cas où le Très Vénérable Thich Quang Do se rendrait à la pagode. Les envoyés du gouvernement ont refusé et Thich Nhat Hanh a dû se contenter d’une arrivée plus humble.
Etrangement, une fois dans la Pagode Gia Lam, au lieu d’aller rendre hommage à l’autel du Bouddha, selon la tradition bouddhiste, et avant même d’aller voir Thich Tri Quang, Thich Nhat Hanh s’est précipité vers la chambre de Thich Tue Sy, un des quatre Vice-Présidents de l’EBUV. Là encore, il s’est heurté à porte close. Quand Thich Nguyen Vuong, assistant de Thich Tue Sy, les a informés que son Maître était en retraite, un membre de la délégation de Thich Nhat Hanh a exigé qu’on lui remette les clefs de la chambre pour le rencontrer. Thich Nguyen Vuong a refusé d’autant plus que Thich Tue Sy seul détenait les clefs en question.
Thich Nhat Hanh s’est finalement rendu auprès du Très Vénérable Thich Tri Quang avec qui il a discuté pendant 40 minutes. Lors de cet entretien, Thich Nhat Hanh était accompagné d’un membre officiel de l’Eglise d’Etat, l’Eglise Bouddhiste du Vietnam, le bonze Thich Giac Toan. Aucun détail n’a filtré de cet entretien.
Les déconvenues de Thich Nhat Hanh interviennent quelques jours à peine après la lettre du Vénérable Thich Vien Dinh, autre Vice-Président de l’EBUV, qui, le 19 janvier dernier, reprochait au bonze venu de France de faire le jeu de la politique répressive du PCV et de prôner en sous main l’intégration de l’EBUV dans l’Eglise d’Etat.