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Le Comité Vietnam se réjouit de la libération annoncée de dissidents et appellent à d’autres élargissements de prisonniers de conscience

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Le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme se réjouit de la libération annoncée de plusieurs prisonniers de conscience au Vietnam, à l’occasion du Tet (Nouvel An vietnamien, 9 février 2005) et remercie la communauté internationale, en particulier les Etats-Unis, l’Union Européenne et son Parlement, ainsi que les Nations Unies et les organisations de défense des droits de l’Homme, pour leur mobilisation en faveur de la liberté au Vietnam et de la libération de ces prisonniers. Ce sont leurs pressions qui ont permis ces libérations.

Le Département d’Etat a placé, au mois de septembre 2004, le Vietnam sur la liste des « pays particulièrement préoccupants » (CPC ou « Country of Particular Concern ») en matière de liberté religieuse. Son maintien sur cette liste et les éventuelles sanctions qui doivent être examinés le 15 mars prochain font partie des pressions qui semblent compter parmi les rares à avoir un effet bénéfique pour les droits de l’Homme au Vietnam, d’autant plus qu’ils ont été suivis de pressions européennes.

Lors du Sommet de l’ASEM 5 à Hanoi, au mois d’octobre 2004, 109 députés européens ont, en effet, demandé à l’Union Européenne, dans une lettre ouverte, de presser le Vietnam à libérer les prisonniers de conscience, et la Présidence européenne a effectivement remis aux autorités vietnamiennes une liste sur laquelle figuraient au moins quatre des prisonniers amnistiés, à savoir, notamment :

– Le Dr Nguyen Dan Que avait été condamné à 30 mois de prison pour avoir communiqué avec l’étranger par le biais d’internet, crime qualifié « d’abus des droits démocratiques » lors d’un procès inique en juillet 2004. Il a déjà passé plus de 20 ans en détention (prison et résidence surveillée) pour son engagement pour les droits de l’Homme et les réformes démocratiques. Arrêté mars 2003, il devait être libéré au mois de septembre prochain.

– Le bonze bouddhiste Thich Thien Minh (nom séculier Huynh Van Ba) a été condamné deux fois à la prison à vie (en 1979 et en 1986) pour son soutien à l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam (EBUV, Eglise historique, interdite en 1981) (peine réduite à 20 ans d’emprisonnement). Arrêté à l’âge de 25 ans, il a passé la moitié de sa vie en camp, astreint aux travaux forcés. Les autorités pénitentiaires l’ont très souvent mis au cachot, avec chaînes aux mains et aux pieds, du fait de ses protestations pour améliorer les conditions de détention de ses co-détenus. Lors de la visite du Rapporteur Spécial de l’ONU sur l’Intolérance Religieuse Abdelfattah Amor au Vietnam, en 1998, il avait commencé à exposer les conditions de vie dans le camp de rééducation Z30A (à Xuan Loc, province de Dong Nai) mais avait très vite été interrompu par les policiers du camp. Il devait être libéré en 2006.

– le Père Nguyen Van Ly (58 ans) avait été condamné à 15 ans d’emprisonnement et 5 ans de détention administrative (peine commuée en 10 puis 5 ans) pour avoir envoyé son témoignage écrit sur les persécutions religieuses au Vietnam à la Commission américaine sur la Liberté Religieuse Internationale. Arrêté le 17 mai 2001, il devait être libéré en mai 2006.

Nguyen Dinh Huy (73 ans) avait été condamné à 15 ans d’emprisonnement pour avoir voulu organiser au Vietnam une conférence sur le développement et la démocratie, en 1993, considérée comme une « tentative de renverser le gouvernement populaire ».

Le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme demande à ce que les prisonniers amnistiés retrouvent une pleine liberté et ne soient pas placés, comme il est de coutume, en « détention probatoire ». En juin 2001, Thich Quang Do, éminent dissident, avait en effet vu « réactiver » sa peine de détention administrative pourtant amnistiée en 1998, parce qu’il avait critiqué la politique religieuse du Vietnam et lancé un « Appel pour la Démocratie au Vietnam ».

« Ces libérations sont les bienvenues, mais elles ne doivent pas laisser conclure que tout se passe bien maintenant en République Socialiste du Vietnam, car il reste de nombreux prisonniers de conscience au Vietnam, des personnes emprisonnées d’une façon ou d’une autre pour le simple fait d’avoir voulu exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression, d’opinion, de presse ou de religion », a souligné Vo Van Ai, Président du Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme.

Rappelant que la détention de la plupart des amnistiés avait été jugée arbitraire par les Nations Unies, le Comité Vietnam demande à ce que cette amnistie soit suivie de celle des autres prisonniers de conscience condamnés à des peines souvent très lourdes. Par exemple, Tran Van Luong (63 ans), ancien député de la République du Vietnam (Sud), a été condamné à mort en 1988 pour avoir distribué dans la rue des tracts sur les droits de l’Homme, acte qualifié de « tentative visant à renverser le gouvernement populaire ». A la suite d’une campagne internationale du Comité Vietnam en sa faveur, sa peine a été commuée en emprisonnement perpétuelle. Il est actuellement détenu au camp de rééducation T5, district de Thanh Cam, province de Thanh Hoa (nord du Vietnam). Il est malade et très affaibli.

Le Comité Vietnam pour la Défense des Droit de l’Homme demande également à la République Socialiste du Vietnam de prendre, avant le Tet, une décision concernant l’enquête lancée contre Thich Huyen Quang et Thich Quang Do. Ceux-ci sont, en effet, toujours détenus dans le cadre d’une mise en examen pour « possession de secrets d’Etat ». Le délai, qui court depuis leur arrestation, en octobre 2003, excède largement la durée maximale de la procédure d’enquête prévue par le code de procédures pénales vietnamien, durée pendant laquelle Thich Huyen Quang et Thich Quang Do sont toujours détenus dans leurs monastères. Ils devraient être libérés avant le Nouvel An vietnamien.

Le Congrès américain et le Parlement Européen s’étaient d’ailleurs exprimés pour leur libération immédiate, dès le mois de novembre 2003, dans leurs résolutions. Les 109 députés européens ont réitéré cette exigence au mois d’octobre dernier.

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